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La visite de Li Wenzu à son mari emprisonné confirme les craintes de torture

Li Wenzu a enfin pu rendre visite à son mari, l’avocat Wang Quanzhang, pour la première fois depuis quatre ans. L’apparence et le comportement de ce dernier indiquent clairement qu’il a subi des actes de torture, aux conséquences dramatiques.
li wenzu post visite

Le 28 juin 2019, Li Wenzu (李文足) a été autorisée à pénétrer dans la prison de Linyi, dans la province du Shandong, après près de quatre ans sans nouvelles de son mari, l’éminent avocat des droits humains Wang Quanzhang (王全璋). Son fils de 6 ans Wang Guangwei (surnommé Quanquan), ainsi que la sœur de Quanzhang ont pu l’accompagner.

Wang Quanzhang, détenu depuis son arrestation en août 2015, se trouve dans un état extrêmement préoccupant. Jeune quarantenaire, il a perdu énormément de poids, sa peau s’est assombrie et il lui manque des dents. Durant la visite de sa famille, il n’a pas réussi à s’exprimer correctement. L’avocat semblait également avoir des problèmes de mémoire et avait griffonné des notes sur un bout de papier. Visiblement perturbé et agité, Wang Quanzhang a déclaré à son épouse qu’elle devait cesser son activisme, car c’était mauvais pour leur fils Quanquan. Tout en évitant de croiser le regard de Li Wenzu, l’avocat a également prononcé ces mots glaçants : « Je vais bien, la prison me fait beaucoup de bien ».

A la fin de la visite, Wang Quanzhang a quitté le parloir tel un « morne pantin de bois » selon les mots de son épouse, sans se retourner pour un au revoir à sa famille.

Vous pouvez retrouver ici le compte-rendu complet de la visite, publié en ligne le soir même par Li Wenzu et traduit du chinois par Béatrice Desgranges.

Après plus de trois ans de détention au secret, Wang Quanzhang avait finalement été jugé en décembre 2018 et condamné à quatre ans et demi de prison pour « subversion du pouvoir d’Etat ». Il lui reste donc plus de six mois à purger. Dans ces conditions, chaque jour supplémentaire que passe Wang Quanzhang en prison, à la merci d’un système tortionnaire conçu pour briser les âmes et les corps, est un jour de trop.

 

Continuons de réclamer la libération immédiate et sans conditions de Wang Quanzhang !

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Contexte

Derrière les murs de prison, la torture est coutumière

Si la plupart des avocats des droits humains ciblés par la « répression 709 » ont été libérés sous caution après des mois de détention illégale et restent sous surveillance, d’autres, comme Wang Quanzhang, purgent encore de lourdes peines de prison. Ceux qui osent rapporter leurs conditions de détention une fois libérés font état de terribles actes de torture. Les témoignages évoquent entre autres l’application de chocs électriques sur diverses parties du corps, l’ingurgitation forcée de substances médicamenteuses, les privations de sommeil, les ratonnades et les violences verbales et psychologiques.

Les séquelles psychologiques dont a souffert l’avocat Li Chunfu (李春富) en disent long sur la torture subie. Relâché sous caution en janvier 2017, Li Chunfu est méconnaissable : visage émacié, yeux hagards, en état de choc post-traumatique, sujet à des épisodes d’agressivité... Après plus de 500 jours de détention, l’avocat avait développé de sérieux troubles mentaux qui laissent présager le pire pour Wang Quanzhang, qui comptabilise près de 1500 jours derrière les barreaux.

La force des « épouses 709 »

Li Wenzu fait partie des « épouses 709 », celles dont les maris ont été arrêtés lors de la rafle contre les avocats qui a débuté il y a quatre ans, le 9 juillet 2015 (7/09). Face au caractère arbitraire des détentions et au non-respect des procédures légales, ces femmes ont alors constitué un réseau de soutien permettant de faire face au stress et à l’isolement et de pallier les besoins pratiques qu’engendrait l’absence dans le foyer d’un mari, d’un père et d’un pourvoyeur. Elles ont également dû subir le harcèlement des autorités – surveillance constante, intimidations, menaces, assignation à résidence, voire évictions forcées. Fortes de leur union, les « épouses 709 » ont multiplié les actions, cherchant à projeter une image de confiance et d’énergie. Elles veillent toutefois à ce que leurs actions ne soient pas illégales, afin de mieux dénoncer les manquements à la loi du régime chinois et de ne pas déclencher une réaction trop violente de la police. Leurs efforts ont été remarqués et reconnus par la communauté internationale, ce qui leur a permis de rencontrer de nombreux diplomates étrangers. Néanmoins, la plupart de ces femmes reste méfiante face à l’étiquette de « défenseur des droits humains ». Elles savent ce qu’un tel statut peut leur valoir en Chine.

Pour en savoir plus sur les épouses 709, retrouvez notre article paru dans le magazine Humains n°12 (juillet/août 2019) : « De victimes collatérales à militantes inébranlables ».

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