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Le calvaire continue pour les frères Figueroa Gómez et leurs proches

Il y a plus de cinq ans, un tribunal a reconnu les tortures à l’encontre des trois frères et ordonné leur libération. Le soulagement a été de courte durée : les menaces et les pressions sont permanentes pour obliger la famille à renoncer à sa plainte pour poursuivre les tortionnaires. Les mesures d’intimidation se sont encore aggravées ces derniers mois.
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CREDITS: ©DR
Le 19 / 09 / 2019

Le 18 janvier 2012, Juan Antonio, Jesús Iván et Luis Adrián (alors mineur) Figueroa Gómez ont été embarqués, sans mandat d’arrêt, par la police du ministère public de Chihuahua. Ils ont été détenus au secret, torturés et présentés aux médias comme les membres d’un gang de racket. Le plus jeune frère a été libéré en août 2013, les deux autres en juin 2014.

Dans les trois cas, les tortures ont été établies. Pourtant, la plainte déposée à l’encontre des policiers du ministère public de Chihuahua n’avance pas.

En attendant, ont été répertoriées 34 atteintes à la sécurité des trois frères, de leurs proches et de l’ONG Centre des droits humains Paso del Norte (partenaire de l’ACAT-France) qui les accompagne. L’objectif est de les pousser à abandonner leur plainte. La plupart du temps il s’agit de personnes dans des camionnettes, souvent non-immatriculées, qui les suivent ou rodent près de leur domicile et de leur travail. En février 2019, une de ses personnes a conseillé à Jesús Iván de faire attention aux individus rentrant chez lui. En mai, des policiers ont contrôlé et fouillé Jesús Iván dans la rue et il ne retrouve plus sa carte d’électeur depuis. En juillet, Juan Antonio a été menacé de mort au téléphone.

Des mesures de protection ont été demandées à l’Unité d’attention aux victimes du ministère public et à la Commission des droits de l’homme de Chihuahua. Cependant, ces dernières auraient demandé à la famille de renoncer à l’accompagnement par l’ONG Centre des droits humains Paso del Norte pour pouvoir bénéficier d’un hébergement dans une autre ville.

 

Vous voulez soutenir Juan Antonio, Jesús Iván et Luis Adrián Figueroa Gómez et leurs proches ?

► Téléchargez ce modèle de lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et adressez-la à la responsable de la Commission exécutive d'attention aux victimes (CEAVE) pour l'État de Chihuahua.
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Contexte

Les ravages de la guerre contre le crime

Depuis 2006, le Mexique traverse une très grave « crise des droits humains ». La « guerre contre la délinquance organisée » des gouvernements successifs n’a fait qu’ajouter des violations massives des droits humains à la violence des cartels et autres bandes criminelles.

La population civile est prise en étau. Les catégories les plus vulnérables (jeunes de quartiers pauvres, femmes, autochtones, migrants) paient le plus lourd tribut. Homicides, torture, arrestations arbitraires, disparitions, exécutions extrajudiciaires, etc. Tous les chiffres sont alarmants.

D’une manière générale, les autorités, souvent corrompues, ne mènent pas d’enquêtes sérieuses. Le taux d’impunité des violations des droits humains est d’environ 98 %.

L’État de Chihuahua, et notamment la ville de Ciudad Juárez, compte parmi les zones les plus dangereuses du pays et les plus touchées par la torture et les disparitions.

La torture, une pratique endémique

Policiers et militaires sont généralement responsables des épisodes de torture les plus sévères au cours des premières heures de l’arrestation, des transferts et de la détention.

Dans de nombreuses affaires, des agents des ministères publics sont accusés d’avoir couvert des arrestations et des détentions arbitraires, torturé les détenus et fabriqué des preuves, procédé à des intimidations jusqu’à la présentation devant le juge.

Plusieurs cas mettent en évidence la complicité de juges qui n’ordonnent pas d’enquête, d’avocats commis d’office (liés au ministère public) qui couvrent ou taisent les atteintes aux droits de leurs clients.

Dans les prisons, des directeurs et des gardiens sont responsables de tortures et mauvais traitements à l’encontre des détenus.

En 2017, une enquête dans tous les centres de détention du pays a montré que :

- 63,8 % des personnes indiquent avoir subi des violences physiques au moment de l’arrestation et 75,6 % des violences psychologiques ;

- 49,4 % sont restées incommunicado dans les locaux du ministère public, 39,4 % y ont subi des coups de pieds et poings, 23 % des coups à l’aide d’un objet.

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