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Arabie Saoudite
Appel à mobilisation

Salman al-Awdah : cinq ans de détention à l’isolement

Arrêté le 10 septembre 2017, cela fait cinq ans qu’il est arbitrairement détenu. Depuis septembre 2018, les audiences de son procès ne cessent d’être reportées tandis que le procureur continue de requérir la peine de mort contre al-Awdah.
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Le 15 / 09 / 2022

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Qui est Salman al-Awdah ?

Ce vendredi 10 septembre 2022 marque les cinq ans de détention du prédicateur réformiste Salman al-Awdah. Son arrestation le 10 septembre 2017 est une réaction directe à un tweet publié la veille dans lequel il exprime son souhait de mettre fin à la crise politique entre le Qatar et l’Arabie saoudite, à la suite de la rupture diplomatique entre d’une part l’Arabie saoudite et plusieurs de ses alliés et de l’autre le Qatar en juin 2017. Le frère de Salman, Khaled, est également arrêté pour avoir révélé l'arrestation du religieux sur twitter et a depuis été condamné à cinq puis huit ans de prison. Le reste de sa famille résidant en Arabie saoudite est interdite de quitter le territoire national tandis que l’un de ses fils, Abdullah Alaoud, résidant aux Etats-Unis, s’est vu refusé le renouvellement de son passeport saoudien, a subi différentes formes de harcèlement de la part des autorités saoudiennes. Le 5 janvier 2021, l’Arabie saoudite et ses alliés rétablissent leurs liens diplomatiques avec le Qatar mettant ainsi fin à la crise et au blocus du Qatar, mais la situation reste inchangée pour Salman al-Awdah et ses proches.

Depuis son arrestation, il est détenu à l’isolement prolongé. Cette pratique de l’isolement cellulaire est cependant strictement encadrée par les règles Mandela (officiellement appelées Ensemble révisé de règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus) et ne doit être utilisée qu’en dernier ressort et pour une durée maximale de 15 jours. L’isolement cellulaire à durée indéterminée tel que le connaît al-Awdah est interdit car assimilable à un traitement cruel, inhumain ou dégradant voire à un acte de torture, selon les circonstances. Détenu à la prison centrale de Dahban près de Djeddah puis à celle de Hayer, près de Riyad, depuis la fin 2019, al-Awdah endure de nombreux mauvais traitements pendant ces premiers mois de détention : privation de sommeil, interrogatoires répétés, absence de visites médicales et de traitements médicaux. Il est également enchaîné et ses yeux bandés à plusieurs reprises. Ce n’est qu’en janvier 2018, alors que son état de santé se dégrade sérieusement, qu’il est brièvement amené à l’hôpital. Le mois suivant, il peut enfin contacter sa famille et recevoir leur visite pour la première fois. En raison de ses conditions de détention très dures, ses proches ont constaté une dégradation alarmante de sa santé : il a perdu la moitié de sa vue et de son audition, et était apparu très faible et amaigri lors des dernières comparutions en sa présence. Il demeure très difficile pour ses proches d’obtenir des droits de visites et les appels sont suspendus de manière indéfinie depuis plusieurs mois.

Depuis le début de son procès devant la Cour pénale spéciale de Riyad le 4 septembre 2018, le procureur a requis la peine de mort sur la base de 37 chefs d’accusation, sans que la défense ait été informée au préalable des charges portées contre lui. Créée en 2008, cette cour, normalement en charge des affaires terroristes, permet en réalité de contourner les droits de la défense et le droit à un procès équitable, et est notamment utilisée pour poursuivre et condamner les opposants et militants critiques du royaume. Cela fait maintenant trois ans que le procès de Salman al-Awdah s’éternise et que les audiences sont régulièrement ajournées, reportées ou avancées, la plupart du temps sans explication. La dernière audience a eu lieu le 14 mars 2021 en la présence d’al-Awdah et n’a duré que quelques instants avant d’être reportée à juillet prochain. L’audience du 6 juillet 2021 a finalement été reportée sans plus d’information et aucune nouvelle session n’est prévu pour le moment.

Contexte

Salman al-Awdah est un membre éminent du mouvement islamiste et réformiste Sahwa apparu dans les années 90, opposé à la présence des troupes américaines sur le sol saoudien en réponse à l’invasion du Koweït par l’Irak. Il est l’un des leaders du Comité pour la défense des droits légitimes créée en 1993, un des premiers groupes politiques à s’opposer à la dynastie régnante des Saoud en Arabie saoudite. Ce mouvement se considère comme un groupe de pression pour une réforme pacifique et pour l'amélioration des droits de l'homme en Arabie saoudite dans un cadre islamique. Il s'insurge également contre ce qu'il perçoit comme la corruption politique du gouvernement et de la famille régnante saoudienne. En 1994, il est arrêté et emprisonné avec d’autres membres du courant réformiste Sahwa pour ses activités prétendument anti-gouvernementales. Il est libéré en 1999 sans avoir été condamné. Il devient un religieux influent (13 millions de followers sur Twitter) et s’engage dans la demande d’une réforme du régime saoudien vers plus de démocratie et de libertés. En 2011, il se montrait favorable aux mouvements populaires qui secouent la région. Il continua par la suite de plaider pour un système politique respectant l’Etat de droit et la liberté d’expression.

Depuis le meurtre sauvage du journaliste Jamal Khashoggi dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul (Turquie) le 2 octobre 2018, l’opinion internationale a enfin pris conscience des nombreuses violations des droits humains en Arabie saoudite. Cette situation n’est pas nouvelle mais s’est grandement détériorée avec la montée en puissance en janvier 2015 du Prince héritier Mohammed Ben Salman (connu sous l’acronyme MBS) au sein du régime saoudien. Derrière une façade de réformiste et de libéral, ce dernier a dirigé une campagne d’arrestations et de mise au silence de toute voix dissidente ou discordante. Depuis mars 2015, il est également à l’initiative de l’intervention militaire au Yémen de l’Arabie saoudite et de ses alliés au sein de la coalition arabe. Dans ce conflit, l’Arabie saoudite, comme d’autres, se serait rendue coupable de plusieurs crimes de guerre selon des experts mandatés par l’ONU.

Durant l’été 2017, une première vague d’arrestations vise particulièrement des religieux, des intellectuels et des activistes saoudiens qui se seraient montrés critiques vis-à-vis de la politique saoudienne, comme Salman al-Awdah. 2018 a également connu une vague de répression ciblant plus particulièrement de nombreuses défenseures des droits des femmes comme Samar Badawi. Entre temps, les arrestations des défenseur·e·s, opposant·e·s et critiques de toutes sortes sont devenues légion et les exécutions ont atteint un nombre record sous le règne de MBS (149 en 2018 et 184 en 2019). Si 2020 a connu une baisse marquée des exécutions (27), c’était avant tout une manière pour le pouvoir saoudien de se montrer sous un meilleur jour alors que le G20 se tenait en Arabie saoudite en novembre 2020. Une fois le regard de la communauté internationale détourné, le cycle de répression, de détentions arbitraires et d’exécutions s’est intensifié avec entre 65 et 69 exécutions dénombrées en 2021.

L’année 2022 pourrait constituer une année record macabre puisque l’on est déjà à plus de 120 exécutions avec 81 personnes exécutées le 12 mars 2022, la plus grosse exécution de masse en Arabie saoudite jamais menée. L’été 2022 a également été marqué par deux lourdes condamnations de femmes saoudiennes, Salma al-Shehab et Nourah bint Saeed al-Qahtani condamnées respectivement à 34 ans et 45 ans d’emprisonnement. Toutes deux ont été condamnées en raison de leur activité sur le réseau social Twitter. Il est difficile de ne pas faire le lien avec le retour en grâce de MBS qui a rencontré le président américain Joe Biden avant d’être reçu par le président Emmanuel Macron à l’Elysée durant le mois de juillet dernier, mettant ainsi fin à une relative marginalisation diplomatique initié par les pays occidentaux à la suite de l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.  

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