Égypte
Appel à mobilisation

Mahmoud Hussein doit être libéré !

Arrêté en 2014, détenu et torturé pour avoir porté un T-shirt où il était écrit « une nation sans torture », Mahmoud Hussein est libéré en 2016, mais est à nouveau arrêté en août 2023 toujours pour la même affaire. Un juge ordonne le 23 avril 2024 sa libération que l’on attend toujours. Les charges portées contre lui n’ont toujours pas été abandonnées.
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Mahmoud Hussein. Photo DR via @free_mahmoud (Instagram)/Modification et montage ACAT-France
Le 01 / 05 / 2024

Mobilisons-nous pour demander la libération et l’abandon de toutes les charges retenues contre Mahmoud Hussein !

Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et retournez-la par voie postale ou par voie électronique à Alaa Youssef, ambassadeur de l'Égypte en France.

Qui est Mahmoud Hussein ?

Alors qu’il n’est âgé que de 17 ans, Mahmoud Hussein est arrêté le 25 janvier 2014 après avoir participé des manifestations marquant le troisième anniversaire de la « Révolution du 25 janvier 2011 ». Il portait un t-shirt arborant le message « une nation sans torture » ainsi qu’une écharpe commémorant la révolution du 25 janvier. Des photos de son arrestation circulent : on le voit tenu par un policier, son visage juvénile et apeuré, portant le fameux t-shirt qui lui a valu d’avoir été emprisonné encore récemment.

Torturé et détenu pendant deux ans

Lors de son arrestation en 2014, il est torturé et subit différentes formes de mauvais traitements. En plus d'être frappé, il reçoit des décharges électriques sur les mains, le dos et les testicules pour le contraindre à signer des aveux l’incriminant. Après avoir été présenté devant le procureur général de sûreté, il déclare que ses aveux ont été obtenus sous la torture. Il est tout de même accusé d'appartenir à un groupe terroriste, de posséder des explosifs et des cocktails Molotov et d'encourager la violence, et aucune expertise médico-légale ou enquête sur les allégations de torture n’est menée. Il est également battu et roué de coups lors de transferts vers d’autres prisons. 

Il est finalement libéré le 24 mars 2016 après avoir payé une caution. Depuis, il souffre encore de séquelles importantes de cette période. Il a deux prothèses de hanche et utilise désormais des béquilles pour se déplacer. Il doit également prendre des médicaments pour gérer son syndrome de stress post-traumatique. Mais en 2018, une cour de sûreté de l'État, une juridiction d'exception qui émet des décisions définitives sans recours possible et sans respect du droit à un procès équitable, le condamne par contumace à perpétuité, sans même qu’il en ait eu connaissance. Mahmoud Hussein avait alors commencé à se reconstruire en fondant une entreprise de confection de t-shirts et en demandant en mariage sa fiancée. 

Une spirale infernale

Le 30 août 2023, il est à nouveau arrêté lors d'un contrôle de police et disparaît pendant 5 jours, interrogé les yeux bandés et sans la présence de son avocat. Il est poursuivi pour les mêmes accusations qu'en 2014, et étant donné qu'il a été condamné par contumace, un nouveau procès doit avoir lieu sur les mêmes accusations infondées. Il est incarcéré à la prison Badr 1, tristement connue pour ses conditions difficiles de détention et l’accès très restreint à des soins médicaux appropriés quand ils ne sont tout simplement pas interdits.

Le 23 avril 2024, le juge décide d’accorder sa libération sous caution. Le lendemain, son avocat procède au paiement de la caution de 10 000 livres égyptiennes, et Mahmoud Hussein attend désormais de pouvoir effectivement sortir de prison. Pour autant, il continue d’avoir une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. En effet, les accusations portées contre lui n’ont à ce stade pas été abandonnées et une nouvelle audience se tenant le 26 juin, il est donc toujours à la merci d’une nouvelle condamnation et d’une nouvelle arrestation. 

Contexte

Mahmoud Hussein fait partie des milliers de personnes qui continuent d'être détenues arbitrairement en Égypte uniquement pour avoir exercé leurs droits humains ou à la suite de procédures violant le droit à un procès équitable ou sans fondement juridique. Parmi les personnes détenues figurent des défenseurs des droits de l'homme, des militants politiques, des membres de partis d'opposition, des syndicalistes, des travailleurs, des manifestants pacifiques, des journalistes, des avocats, des personnes influentes sur les médias sociaux, des membres de minorités religieuses et des professionnels de la santé.

Un recours systématique à la torture

Le Comité des Nations unies contre la torture est parvenu en 2017 à la «  conclusion inéluctable » que « la torture est une pratique systématique en Égypte » sans que le  gouvernement égyptien ne prenne aucune mesure sérieuse pour remédier à ce problème. Plus récemment en 2023, le Comité a mis en évidence les «  allégations nombreuses et concordantes de recours systématique à la torture et aux mauvais traitements » par les autorités égyptiennes, soulignant l'absence profondément préoccupante de responsabilité contribuant à un climat d'impunité. Le Comité a également souligné que diverses violations des droits de l'homme en Égypte sont « généralisées », y compris la détention préventive prolongée.  En octobre 2023, une coalition d'ONG égyptiennes et internationales a conclu que le recours à la torture par les autorités égyptiennes était si répandu et systématique qu'il équivalait à un crime contre l'humanité.

Maintenir indéfiniment les victimes en détention arbitraire

En mars 2023, le Comité des droits de l'homme des Nations Unies a demandé à l'Égypte de "veiller à ce que les limites légales à la durée de la détention provisoire soient respectées, notamment en mettant fin à l'implication des agences de sécurité dans le processus de prise de décisions concernant la libération des détenus et à la pratique de la "rotation" en vertu de laquelle sont ajoutés aux détenus de nouvelles affaires pour des chefs d’accusation similaires. Selon plusieurs organisations égyptiennes de défense des droits de l'Homme, cela concerne au moins 251 accusés en 2023 et 620 autres accusés en 2022, ce qui démontre l'implication continue des autorités judiciaires dans les violations du droit à un procès équitable.

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