Chine
Appel à mobilisation

Le verdict du procès de Li Qiaochu enfin connu

Les autorités ont interdit à la famille et l’avocat de Li Qiaochu d’assister à son procès pour « incitation à la subversion du pouvoir d’État ». Deux mois après, le verdict a enfin été rendu public.
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© Photo Nicolas lascourrèges - Montage Coralie Pouget/ACAT-France
Le 19 / 02 / 2024

Mobilisons-nous pour la libération immédiate et sans conditions de Li Qiaochu !

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Qui est Li Qiaochu ?

Féministe, soutien des campagnes #MeToo en Chine, elle a milité en faveur des droits des femmes et des travailleurs. Elle a également révélé la torture dont les défenseurs Ding Jiaxi et son compagnon Xu Zhiyong, tous deux soutenus par l’ACAT-France, ont subi en détention. Elle a été arrêtée à deux reprises, une première fois en février 2020 et de nouveau un an plus tard. La deuxième procédure judiciaire à son encontre a été entâchée de nombreuses violations du droit à un procès équitable. Tout d’abord, sa mise en examen n’a été officiellement prononcée qu’un an après son arrestation, puis ses avocats ont eu connaissance de la date de tenue de l’audience à huis clos dans des délais trop tardifs pour assurer pleinement une défense satisfaisante. Finalement, elle a été jugée en décembre 2023. Le jour même, les autorités ont interdit à sa sa famille et l’un de ses avocats d’assister au procès. On sait désormais qu’elle a été condamnée à trois ans et huit mois d’emprisonnement, assortis de deux ans de privation de ses droits politiques. 

Un détention certainement dangereuse pour sa santé fragile

Sujette à une dépression clinique, Li Qiaochu avait déjà connu une dégradation de son état de santé au cours de sa première détention au secret, à partir de février 2020. Elle présentait également un déséquilibre hormonal inquiétant. Or, selon les dernières informations disponibles, non seulement ces problèmes de santé persistent mais ils semblent n’avoir toujours pas été pris en charge à ce jour, ce qui est contraire aux standards internationaux sur les conditions de détention. Aussi, sa détention, sans soins appropriés pendant plusieurs années, est préoccupante pour sa santé. 

Féministe et solidaire: la double peine

Si Li Qiaochu fait l’objet d’une peine particulièrement lourde, c’est en raison d’une part de ses engagements féministes, en faveur des droits des femmes – sujets tabous et interdits en Chine – et d’autre part pour s’être mobilisée en faveur de Ding Jiaxi et Xu Zhiyong. En effet, depuis leur condamnation, les propos tenus sur leur situation font partie de la liste des sujets sensibles et susceptibles de censure en Chine. Les autorités chinoises oeuvrent à la silenciation des voix dissidentes ainsi que de celles et ceux qui les soutiennent. Les rapporteurs spéciaux de l’ONU, des experts du groupe de travail sur les détentions arbitraires et sur les disparitions forcées ou involontaires, ainsi que de nombreuses ONG ont alerté en 2022 sur la situation et l’état de santé de Li Qiaochu, demandant aux autorités chinoises des informations à son sujet, en vain. L’ACAT-France reste mobilisée pour obtenir sa libération immédiate et sans conditions. 

 

Contexte

En Chine, le sujet de la santé mentale et, plus précisément, la manière dont les personnes perçues comme dissidentes sont impactées reste tabou. De manière générale, les problèmes de santé mentale sont particulièrement mal pris en charge dans le pays. Or, il est de notoriété publique à l’international que Li Qiaochu a souffert de dépression à cause de ses conditions de détention en Chine.

Santé mentale et détention en Chine

En Chine, les autorités ont recours au Ankang, un système de répression des prisonniers politiques détenus au sein d’hôpitaux psychiatriques. C’est ce qu’a révélé un rapport publié par l’ONG Safeguard Defenders en 2022 : « le PCC est en mesure de soustraire les signataires de pétitions et les militants au système judiciaire, leur ôtant l’espoir de consulter un avocat ou de passer en jugement tout en leur diagnostiquant une maladie mentale qui les isole socialement même après leur libération », alors même qu’ils étaient en bonne santé. Il ressort des témoignages recueillis à ce sujet que les détenus y font l’objet de mauvais traitements et de torture. Il apparaît que cette pratique se poursuit alors que la Chine devait la réformer dans les années 2010.

Par ailleurs, de nombreux prisonniers politiques au profil similaire à celui de Li Qiaochu subissent la torture blanche, une forme de torture invisible consistant à priver les détenus de sommeil, à laisser la lumière allumée en permanence, à sur-stimuler les cinq sens et à s’attaquer à la psyché des individus à travers des sons, sensations, odeurs, interrogatoires… C’est une méthode qui laisse des traces psychologiques durables, sources de dépression, d’envies suicidiaires, d’insomnies. En d’autres termes, elle a pour objectif de briser psychologiquement les individus. On ne dispose pas de chiffres précis permettant d’en saisir l’ampleur, mais il ressort des nombreux témoignages d’anciens détenus qu’ils ont subi un éventail d’actes de torture blanche au cours de leur détention. Pourtant, la Chine a ratifié la Convention contre la torture de l’ONU, laquelle liste notamment la lumière artificielle forcée 24h sur 24 comme traitement inhumain ou dégradant. À l’évidence, le pays ne tient pas ses engagements.

Enfin, les femmes activistes en Chine – telles que Li Qiaochu - sont la cible de violences de genre spécifiques qui les exposent davantage à une dégradation de leur santé mentale en raison des attaques ciblées dont elles font l’objet de la part des autorités, par exemple des fouilles corporelles forcées et illégales visant à les humilier. À l’occasion de la 85ème et récente session du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, dans ses réponses écrites à la liste de points et de questions concernant son neuvième rapport périodique, la Chine a affirmé que « les femmes détenues bénéficient de modalités et de soins appropriés en matière de gestion, de visites, de nourriture, de prévention et de lutte contre les maladies, d’examens physiques et de conseils psychologiques ». Pourtant, malgré des alertes à ce sujet à l’international, des détenues comme Li Qiaochu présentent toujours des difficultés de santé mentale

 

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