Des arrestations et des mauvais traitements en forte hausse
Mobilisons-nous pour demander l’arrêt des violences et humiliations en Cisjordanie et dans les prisons !
Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et retournez-la par voie postale ou par voie électronique à Emmanuel Macron, président de la République.
Une répression accrue en Cisjordanie depuis le 7 octobre
Depuis la terrible attaque menée par des groupes armés palestiniens le 7 octobre 2023, la Cisjordanie fait l’objet d’attaques répétées entrainant de nombreux morts et arrestations. Les forces armées et de sécurité israéliennes conduisent de nombreux raids, quasi quotidiens, durant lesquels des Palestiniens sont arrêtés voire tués. On compte ainsi au moins 240 Palestiniens tués par l’armée israélienne ou des colons depuis le 7 octobre, dont 52 mineurs. Par ailleurs, on estime à 3 100 Palestiniens arrêtés et détenus depuis cette date, portant à 7000 voire 8000 prisonniers selon les sources, avec entre 200 et 300 mineurs détenus. Lors de ses arrestations, de nombreuses violences et humiliations ont été rapportées, le plus souvent lors des interrogatoires. Dans plusieurs cas, des soldats israéliens ont partagé des vidéos sur les réseaux sociaux de prisonniers en train d’être maltraités ou humiliés. La plupart du temps, les personnes appréhendées et interrogées sont finalement libérées au bout de plusieurs heures de détention sans aucune inculpation. Lorsqu’elles sont maintenues en détention, c’est le plus souvent sous le régime de la détention administrative, actuellement environ 2000 personnes détenues sous ce régime, qui permet de détenir sans charge ni jugement une personne de manière indéfinie.
On compte également une recrudescence des attaques (agressions, menaces, humiliations…) de colons contre des fermes et exploitations agricoles palestiniennes en Cisjordanie, visant à faire fuir ses habitants, le plus souvent avec la complicité des forces armées israéliennes. On dénombre ainsi plusieurs centaines de Palestiniens ayant dû fuir leurs terres face aux violences des colons.
Des représailles contre les prisonniers palestiniens
Les conditions de détention des prisonniers palestiniens se sont grandement détériorées tandis que les violences et mauvais traitements ont augmenté. Depuis le 7 octobre, les prisonniers sont soumis à un « état d’urgence dans les prisons » entrainant une surpopulation carcérale, une diminution des rations alimentaires, interdictions et restrictions des accès aux soins, restrictions drastiques des exercices en extérieur, interdiction de visites de leurs familles et de leurs avocats. D’autre formes de punition collective sont pratiquées comme des coupures d’eau et d’électricité, la confiscation de leurs affaires personnelles (vêtements, livres, lettres, carnets de notes, petits équipements électro-ménagers. Les détenus font également face à un niveau de violence et d’humiliation sans précédent de la part des gardiens pénitentiaires. Selon l’ONG Addameer, aux moins 6 prisonniers palestiniens seraient décédés depuis le 7 octobre en raison des actes de torture et de mauvais traitements subis.
Les cas de milliers de travailleurs gazaouis arrêtés sur le territoire israéliens au moment des attaques du 7 octobre sont particulièrement édifiants. Sur environ 4 000 travailleurs gazaouis arrêtés, 3 000 ont été relâchés dans la Bande de Gaza le 3 novembre 2023. Tous font état de sévices pendant leur détention. Ils n’ont reçu que très peu de nourriture et d’eau pendant leur détention et ont régulièrement été battus, reçus des chocs électriques, entravés, déshabillés et humiliés. Les gardes lâchaient les chiens sur eux pour les terroriser. Au moins deux travailleurs gazaouis seraient morts pendant leur détention. On ne connait pas le devenir ni les conditions de détention des autres travailleurs gazaouis qui n’ont toujours pas été libérés.
Contexte
Le 7 octobre 2023 au petit matin, la branche armée du Hamas et d’autres groupes armés de la Bande de Gaza lance une attaque surprise sur tout le territoire israélien longeant la frontière avec l’enclave palestinienne. Au total, l’attaque aura causé la mort côté israéliens d’environ 850 civils et de 350 membres des forces armées et de sécurité et quasiment 5000 blessés. On compte également environ 240 civils et militaires capturés et transférés dans la Bande de Gaza. On dénombre plusieurs massacres. Au regard du droit international, ces actions sont à minima qualifiables de crimes de guerre et constituent un véritable traumatisme pour la société israélienne, tant par le nombre de victimes civiles, mais aussi pour ce qu’elles révèlent des failles sécuritaires.
En réaction, Israël impose un siège complet sur l’enclave palestinienne, stoppant l’approvisionnement d’électricité, d’eau, de vivres, de médicaments et de carburant pour un territoire qui compte plus de 2 millions de personnes. Il mène des bombardements intensifs dans ce territoire surpeuplé, dont la population est composée presque pour moitié d’enfants. Le 13 octobre 2023 l’armée israélienne ordonne aux habitants du nord de la Bande de Gaza, environ 1 million d’habitants, de se rendre dans sa partie sud. Le 27 octobre, l’armée israélienne lance son opération terrestre pour contrôler le nord de la bande de Gaza jusqu’au 24 novembre, date de l’entrée en vigueur d’une pause humanitaire qui dure depuis, permettant une entrée plus conséquente des aides humanitaires essentielles à la survie de la population, et la libération d’otages détenus par les groupes armés palestiniens contre la libération de prisonniers palestiniens, pour la plupart des mineurs ou des femmes dans les deux cas. Selon les Nations unies, 80% des habitants gazaouis, soit 1,8 million, sont des déplacés internes. L’opération militaire israélienne dans la Bande de Gaza aurait provoqué la mort d’au moins 15 000 personnes, dont 6000 enfants et 4000 femmes. De nombreuses organisations ont dénoncé des possibles crimes de guerres tandis qu’une vingtaine d’experts des Nations unis ont alerté sur risque de génocide du peuple palestinien.
Ce conflit intervient alors que l’année 2022 était déjà une année marquée par de terribles tensions en Israël et Palestine, notamment en raison de la politique de colonisation dans les territoires occupés et d’une situation d’apartheid de plus en plus décriée au sein même de la société israélienne. Cette année était déjà l’une des plus meurtrière, hors conflit de haute intensité, avec environ 200 Palestiniens et 35 Israéliens tués avant l’attaque du 7 octobre 2023. Avec les printemps arabes, la question palestinienne était passée au second plan et un processus de normalisation avec des pays arabes (Émirats arabes unis, Bahreïn, Soudan, Maroc), soutenu à l’origine par le président américain Donald Trump avec les accords d’Abraham, avait volontairement marginalisé les Palestiniens. Mais déjà en mai 2021, la région avait connu une forte montée de tension, rappelant à la communauté internationale que la situation était loin d’être apaisée.
À la fin 2022, Benyamin Netanyahou gagne à nouveau les élections générales et forme le gouvernement le plus extrémiste qu’Israël ait connu. S’ensuit alors une longue crise politique en raison notamment de la nomination de deux leaders d’extrême droite avec des portefeuilles d’importance : Bezalel Smotrich, ministre des Finances et ministre au ministère de la Défense en charge des territoires occupés de la zone C, et Itamar Ben-Gvir, ministre de la Sécurité nationale. Le gouvernement cherche également à limiter les pouvoirs de la cour suprême, une réforme de la justice qui rencontre une très forte opposition dans une grande partie de la société israélienne qui se mobilisait massivement jusqu’à l’attaque du 7 octobre 2023.