Mexique
Appel à mobilisation

Déplacement forcé de la Communauté Tierra Blanca Copala

La communauté de Tierra Blanca Copala vit dans un climat de violence armée orchestrée par des groupes paramilitaires et par la complicité de l'Etat. Malgré l'urgence de la situation, les autorités mexicaines ont fait preuve d'indifférence pour mettre fin à ce calvaire.
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© Photo Nicolas lascourrèges - Montage Coralie Pouget/ACAT-France
Le 14 / 02 / 2024

Mobilisons-nous pour demander le retour sécurisé des Triquis de Tierra Blaca Copala !

Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et retournez-la par voie postale ou par voie électronique à la secrétaire de l'Intérieur du Gouvernement du Mexique.

Qu'est-ce que la communauté de Tierra Blanca Copala ? 

La communauté de Tierra Blanca Copala, composée de membres des peuples indigènes Triquis, a été confrontée à plus d'un demi-siècle de violence et de pauvreté extrême. Située dans la municipalité de Santiago Juxtlahuaca, État d'Oaxaca, Mexique, la communauté a subi des menaces, des harcèlements et des déplacements forcés en raison de la violence exercée par des groupes paramilitaires associés au Mouvement d'Unification et de Lutte Triqui (MULT) ainsi qu'à des caciques locaux cherchant à contrôler les ressources naturelles et économiques de la région.        

Victimes de déplacement forcé

Aujourd'hui, plus de 500 personnes de Tierra Blanca Copala sont déplacées. Cette localité a été le théâtre de deux épisodes majeurs de déplacement forcé. Le premier s'est produit le 26 décembre 2020, lorsqu’un groupe d’environ 100 personnes armées, liées aux paramilitaires, a envahi la communauté. Cet événement a entraîné des meurtres, des disparitions, des actes de torture et le confinement des habitants en raison des rafales de tirs incessantes. De nombreuses familles ont alors fui clandestinement pour se réfugier dans d'autres régions d'Oaxaca et à Mexico. 

Le second déplacement s'est produit le 17 janvier 2021, seulement six jours après que le personnel du gouvernement local eut persuadé plusieurs personnes déplacées de retourner chez elles, en leur promettant une protection assurée par la police et la Garde nationale. Malheureusement, ces forces se sont retirées de la communauté trois jours plus tard, laissant ainsi libre cours à environ 250 individus armés pour reprendre le contrôle de la région. Les familles ont été contraintes de se terrer à nouveau dans leurs domiciles afin de se protéger des tirs des paramilitaires. 

Complicité et absence de réponse de l'État 

Bien que divers accords aient été tentés avec les gouvernements étatique et fédéral pour assurer un retour sécurisé et expulser les paramilitaires de la région, jusqu'à présent, les membres de la communauté n'ont pas pu retourner chez eux. Les autorités de l'État ont fait preuve d'une complicité inquiétante avec les groupes paramilitaires, niant l'existence de la violence et excluant la possibilité de nouveaux déplacements. En dépit des mobilisations et des demandes constantes de la communauté, le gouvernement d'Oaxaca s'est montré incapable de protéger les victimes et a choisi de criminaliser les représentants des personnes déplacées. Cette situation a conduit à une demande de justice et de retour en toute sécurité auprès des autorités fédérales, mais celles-ci n'ont pas non plus respecté leurs engagements, laissant les victimes dans un état d'abandon total. 

Contexte

Le fléau des déplacements forcés au Mexique 

La situation dans la communauté de Tierra Blanca Copala n'est pas un cas isolé, mais illustre un problème généralisé au Mexique, où de nombreux groupes font face aux déplacements forcés sans une réponse efficace de l'État. En raison de l'omission ou de l’inefficacité des autorités étatiques et fédérales, la possibilité d'un retour sécurisé dans les communautés est inexistante, et il y a une absence de perspectives de trouver une solution dans un avenir tangible.

Depuis novembre 2009, les Triquis de cette localité ont été la cible d'attaques armées, de restrictions à la liberté de mouvement et à l'interruption de services de base. Plus de 30 personnes ont été assassinées, et des cas de torture et de violence sexuelle ont également été signalés. En dépit des efforts de la société civile et l'attention des organismes internationaux tels que la Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH), qui a émis des mesures préventives pour protéger ces familles et assurer un retour en sécurité, des résultats concrets n'ont pas encore été obtenus et les 144 familles Triquis déplacées continuent sans pouvoir rentrer chez elles.

Déterritorialisation et perte d'identité  

L'expérience de déplacement des Triquis est également liée à la perte de leur identité symbolique, en raison du processus de dépossession matérielle et à l'occupation de leurs territoires. Cette situation a entraîné une brisure dans le sentiment de protection que leur procurait leur territoire avant l'éclatement de la violence. Le fait d'avoir été relocalisés dans des espaces qu'ils ne reconnaissent pas comme les leurs a engendré de profonds sentiments de tristesse et d'insécurité. 

De plus, le déplacement interne forcé est une expérience traumatisante qui peut avoir des implications pour la santé physique et émotionnelle des personnes. Il peut également entraîner des pertes économiques et matérielles, la séparation des membres de la famille, la rupture des réseaux de confiance, la perte de sources de revenus et d'autres impacts qui affectent gravement les conditions de vie et les projets des personnes déplacées. 

En d’autres termes, le déplacement interne forcé constitue une violation des droits humains qui affecte profondément la vie des personnes qui en sont atteintes. Malgré la force et la persistance démontrées par les Triquis de Tiera Blanca Copala au cours de cette période, la résolution de ce grave problème ne relève pas de leur responsabilité. Bien qu'il soit essentiel qu'ils soient entendus et puissent participer activement au processus, la responsabilité de mettre fin à ce conflit et d'assurer un retour sûr à la communauté incombe à l'État mexicain, qui doit respecter ses obligations internationales. 

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