Chine
Appel à mobilisation

60 ans de relations France-Chine, mais 0 intervention pour libérer Wu Xianle

Wu Xianle est détenu arbitrairement depuis trois ans. Son crime ? Ancien cadre du Parti, il était considéré comme opposant potentiel par Xi Jinping. En plus, il est marié à un homme étranger.
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© Photo Nicolas lascourrèges - Montage Coralie Pouget/ACAT-France
Le 30 / 01 / 2024

Mobilisons-nous pour demander la libération immédiate et sans conditions de Wu Xianle !

Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et retournez-la par voie postale ou par voie électronique à l'ambassadrice pour les droits de l'Homme auprès du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères. 

Qui est Wu Xianle ?

Wu Xianle a servi au sein de l’armée chinoise et a été membre du Parti communiste chinois sous la présidence de Hu Jintao, prédécesseur de Xi Jinping. Par ailleurs, il s’est marié en 2014 à un citoyen français. Or, cette période correspond également à l’accession au pouvoir de Xi Jinping, ce qui pourrait expliquer que, par la suite, Wu Xianle est demeuré à des postes sans importance. Il a progressivement été ciblé dans le cadre d’une politique plus large de mainmise sur les membres du Parti et de répression généralisée envers la communauté LGBTQIA+ (Lesbiennes, Gays, Bi, Trans, Queer, Intersexes, Asexuels et autres). Finalement condamné à onze ans d’emprisonnement, il fait face à une peine particulièrement lourde. 

Des améliorations minimes de ses conditions de détention

Il ressort des dernières nouvelles transmises par sa famille que la situation de Wu Xianle a connu quelques améliorations depuis le dernier appel à se mobiliser pour sa libération. Aujourd’hui, suite à sa double fracture des doigts, il ne porte plus d’attelle et a pu se reposer la main en obtenant une pause de deux semaines de son emploi à l’atelier de couture. Il a désormais droit à dix minutes de conversation téléphonique par mois. Il a également accès au magasin de la prison. Toutefois, les conditions de détention de Wu Xianle demeurent contraires aux standards internationaux en la matière. En septembre 2023, le médecin de la prison lui a diagnostiqué un début de décollement de la rétine sur ses deux yeux. Or, il n’a pu être opéré que plusieurs mois après. En raison de ces nouveaux problèmes de santé rencontrés une fois en détention, sa famille soupçonnait des actes de torture à son encontre. Si cela ne semble plus être le cas à l’heure actuelle, la vigilance demeure. D’ailleurs, il apparaît que le petit doigt droit de Wu Xianle ne bouge plus, malgré la guérison de sa main. Enfin, les autorités de la prison refusent de lui fournir des lunettes adaptées à sa vue qui se dégrade et il ne peut récupérer des colis de sa fille, ce qui l’empêche de se vêtir chaudement pour supporter les températures négatives de l’hiver.  

Les droits de l'Homme doivent être partie intégrante des relations franco-chinoises

Le 27 janvier 2024 a marqué les soixante ans de l’établissement de relations diplomatiques entre la France et la Chine. La France est le troisième partenaire économique européen de la Chine et cette coopération a récemment été nourrie de nouvelles ambitions, évoquées notamment lors de la visite du président Emmanuel Macron en Chine, en 2023. Sur le plan diplomatique, le Ministère français des affaires étrangères affirme conduire un « dialogue exigeant avec la Chine en matière de droits de l’Homme […] la France fait aussi part de ses préoccupations publiquement, par des déclarations officielles ». L’époux de Wu Xianle a besoin du soutien des autorités françaises. Aussi, l’ACAT-France se mobilise à ses côtés pour que sa libération soit évoquée auprès des autorités chinoises et que les autorités françaises soient à la hauteur de ces engagements. 

Contexte

L’année 2024 est particulière non seulement pour les soixante ans de l’établissement de relations diplomatiques entre la France et la Chine, mais également pour l’Examen périodique universel (EPU) auquel le pays a été soumis en janvier. Une échéance marquante et attendue, considérant que ces EPU ont lieu par cycles de quatre ans et demi et que, dans le cas chinois, ils représentent l’un des derniers espaces publics internationaux dans lesquels l’État accepte que ses pairs étudient sa situation intérieure vis-à-vis du respect des droits de l’Homme.  

2024, année charnière pour les relations France-Chine...

Si les relations entre les deux pays sont anciennes, c’est récemment que le président Emmanuel Macron a contribué à les renforcer considérablement. Il a effectié une visite en Chine, a reçu le président Xi Jinping et ils ont développé des liens économiques et diplomatiques renforcés. Ainsi, à l’occasion du soixantième anniversaire de leurs relations diplomatiques, Xi Jinping a appelé à des relations plus étroites entre leurs deux États, affirmant dans un message vidéo diffusé lors de la cérémonie que « les deux parties devraient développer sans relâche les relations bilatérales et répondre aux incertitudes du monde par la stabilité des relations entre la Chine et la France ». Il a également proposé d’innover et de développer de nouveaux liens économiques entre les deux pays. 

… Et pour la situation des droits de l’Homme dans le pays 

Le 23 janvier 2024 a eu lieu l’EPU de la Chine, au cours duquel l’État a reçu plus de 430 recommandations. Un nombre élevé, signe certain d’un intérêt de la part de ses pairs pour cet évènement, considérant que le nombre de recommandations formulées à la Chine ne cesse de croître à chaque cycle d’examen. Le signe également que les violations des droits de l’homme commises dans le pays sont non seulement de plus en plus documentées, notamment par des institutions internationales telles que l’ONU, mais également de plus en plus visibles. De fait, la pression sur les autorités chinoises augmente, même si ces dernières nient l’existence de ces violations, comme par exemple dans son rapport national soumis au Conseil des droits de l’homme le 3 novembre 2023 en amont de l’EPU, faisant suite à son précédent examen, la Chine affime qu’elle « continue à faire du respect et de la protection des droits de l’Homme un élément important de sa gouvernance ».  

Au vu de la mobilisation de la communauté internationale pour faire respecter les droits de l’Homme en Chine, il est attendu que la France se saisisse de cette opportunité, que ce sujet occupe une place centrale dans son dialogue renforcé avec le pays.

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