Mexique
Appel à mobilisation

Assassinat de Rafael González López, défenseur de la communauté Triqui

La communauté Triqui, déjà fragilisée par des violences passées, fait face à de nouvelles attaques de paramilitaires, qui ont entrainé la perte tragique du défenseur communautaire Rafael Gonzalez. Malgré les demandes de la communauté internationale, le gouvernement mexicain fait preuve d’un manque de volonté pour protéger ces populations vulnérables et faciliter le retour des familles déplacées.
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 Demandons justice pour Rafael González et la communauté Triqui !

Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et retournez-la par voie postale au Gouverneur de l'État d'Oaxaca ou par voie électronique !

 

 

Qui était Rafael González ?

Rafael González López était un éminent défenseur des droits humains et un membre de la direction politique du Mouvement d'unification et de lutte Triqui indépendant (MULTI). Le 25 juillet 2024, vers 6h50, alors qu'il marchait dans le centre de la ville de Santiago Juxtlahuaca, dans l'État d'Oaxaca, il a été intercepté par des hommes armés et a été brutalement abattu. Ce crime n'est qu'un des nombreux épisodes violents qui ont affecté la communauté Triqui, tant à Oaxaca qu'à San Quintín, en Basse-Californie, où réside une importante population de déplacés Triqui.


Le meurtre de Rafael s'est produit cinq jours seulement après celui d'Eugenio Martínez Cruz, un autre membre de la communauté Tierra Blanca Copala, déplacé en Basse-Californie. Selon les membres de la communauté, ces meurtres ont été perpétrés par des groupes paramilitaires liés au Mouvement d'unification et de lutte Triqui (MULT) ainsi que par des caciques locaux qui, depuis des décennies, cherchent à contrôler les ressources naturelles et économiques de la région.


Les attaques contre la communauté Triqui persistent


Ces assassinats s'inscrivent dans un cycle constant de violences, de menaces et de déplacements forcés que subit la communauté Triqui depuis décembre 2020. À cette date, environ 144 familles de Tierra Blanca Copala ont été contraintes d'abandonner leurs maisons sous la pression des groupes armés. Dès lors, 20 personnes ont perdu la vie dans la résistance du peuple Triqui.


Le 3 septembre de cette année, une nouvelle attaque violente a été signalée. Des personnes armées ont ouvert le feu à proximité de l'école primaire indigène de Yosoyuxi Copala, à Santiago Juxtlahuaca. Cette agression a mis en grave danger les enfants, les adolescents et les femmes qui se trouvaient dans l'école. À ce jour, la situation de violence dans la région n'a toujours pas été maîtrisée.


« Il est évident qu'il existe un pacte politico-électoral entre l'État et les chefs paramilitaires du MULT, qui ont toléré la violence contre ceux d'entre nous qui défendent notre territoire, nos vies et nos droits. Si les autorités ne réagissent pas rapidement et équitablement, nous appelons à la mobilisation », a déclaré le MULTI

 Mobilisons-nous pour demander une protection de la Communauté Tierra Blanca Copala !

Contexte


La communauté de Tierra Blanca Copala, composée de membres des peuples indigènes Triquis, a été confrontée à plus d'un demi-siècle de violence et de pauvreté extrême. Située dans la municipalité de Santiago Juxtlahuaca, État d'Oaxaca, Mexique, la communauté a subi des menaces, des harcèlements et des déplacements forcés en raison de la violence exercée par des groupes paramilitaires associés au Mouvement d'unification et de lutte Triqui (MULT) ainsi qu'à des caciques locaux cherchant à contrôler les ressources naturelles et économiques de la région.


Depuis novembre 2009, les Triquis de cette localité ont été la cible d'attaques armées, de restrictions à la liberté de mouvement et à l'interruption de services de base. Plus de 30 personnes ont été assassinées, et des cas de torture et de violence sexuelle ont également été signalés. En dépit des efforts de la société civile et l'attention des organismes internationaux, les 144 familles Triquis déplacées continuent de ne pas pouvoir retourner sur leur territoire.


Bien que des dialogues aient été entamés entre le gouvernement et des représentants de la communauté dans le but d'établir la paix et de garantir le retour de ces communautés, ces efforts sont actuellement suspendus. Face à cette situation, les Dialogues pour la paix de la nation Triqui ont été créés par le MULTI et l'Unité de protection sociale de la région de Triqui (UBISORT). Ces organisations ont réuni diverses entités, y compris des églises et d'autres acteurs sociaux, pour discuter des solutions pacifiques possibles. Cependant, le gouvernement de l'État d'Oaxaca n'a pas participé activement à ces dialogues, ce qui a contribué à l'augmentation de la violence.


Les appels de la CIDH ignorés


Le 1er novembre 2023, la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) a reconnu les violations des droits humains commises par le groupe paramilitaire MULT à l'encontre de 144 familles Triqui déplacées. La CIDH a accordé des mesures de précaution, exigeant du gouvernement mexicain qu'il facilite leur retour en toute sécurité à Tierra Blanca Copala. Toutefois, lors de la réunion de suivi organisée par la CIDH le 27 août dernier, il a été clairement démontré que l'État n'avait pas respecté ses obligations, privilégiant ses intérêts politiques au détriment de la justice sociale. Les paramilitaires continuent de terroriser la communauté et de tuer ceux qui osent s'exprimer.


Face à cette situation, la CIDH a rappelé que les mesures de précaution n'ont pas été respectées et a exhorté l'État mexicain à reprendre d'urgence le processus de retour, en développant un plan d'action qui soit véritablement consulté avec les victimes. L'ACAT-France soutient fermement cette demande et appelle le gouvernement fédéral et l'État à agir immédiatement pour assurer un retour en toute sécurité, dans la justice et la dignité, des familles Triqui déplacées.

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