Maroc
Appel à mobilisation

Libérons Saïda el Alami, condamnée pour ses propos sur les réseaux sociaux !

La militante des droits humains Saïda El Alami a été condamnée le 25 mai à deux ans d’emprisonnement dans une nouvelle affaire, alors qu’elle purge déjà une peine de trois ans pour avoir simplement exprimé son opinion sur les réseaux sociaux.
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Mobilisons-nous pour demander la libération immédiate de la militante Saïda El Alami !

Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et retournez-la par voie postale, par voie électronique au Haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.

 

Qui est Saïda El Alami ?

Saïda El Alami est une défenseure des droits humains de 49 ans, membre du collectif « Femmes marocaines contre la détention politique » qui se présente comme « dissidente politique » sur Facebook. Elle y dénonce les actions et la corruption des services de sécurité et de la justice, et y affiche égalemement son soutien à des prisonniers d’opinion comme les journalistes Omar Radi et Soulaimane Raissouni.

Déjà condamnée en 2022 à trois ans de prison ferme

Le 23 mars 2022, elle est convoquée par la Brigade nationale de police judiciaire à la suite de propos tenus sur les réseaux sociaux la veille. Elle y critiquait Abdellatif Hammouchi, à la tête  de la Direction générale de la sûreté nationale (équivalent de la police nationale) mais aussi de la Direction générale de la surveillance du territoire (renseignement intérieur) pour avoir envoyé des agents enquêter auprès de son voisinage à son sujet. Une autre publication faite en janvier 2022 lui a également été reprochée, dans laquelle elle dénonçait la corruption de la justice. Elle est alors inculpée pour « outrage à un organisme réglementé par la loi », « outrage à des fonctionnaires publics dans l’exercice de leurs fonctions », « mépris des décisions judiciaires » et « diffusion et distribution de fausses allégations sans accord ». Elle n’a pas pu faire appel à un avocat pendant sa garde à vue de 48 heures ni pendant les 10 premiers jours de son incarcération. Elle est condamnée le 29 avril 2022 par le Tribunal de première instance de Casablanca à deux ans de prison ferme et à une ammende de 5 000 dirhams (environ 500 €). Le 21 septembre, la cour d’appel de Casablanca alourdit sa peine, portée ainsi à trois ans de prison ferme. Elle est actuellement détenu à la prison locale d’Oukacha, à Casablanca.

Le harcèlement judiciaire continue

Le jeudi 25 mai 2023, elle est condamnée dans une seconde affaire à deux ans de prison ferme et à 2 000 dirhams d’amende (environ 200 €) pour « offense envers le roi » et « outrage envers un magistrat ou un fonctionnaire public dans l’exercice de leurs fonctions » à la suite de propos tenus lors de son précédent procès, selon ses avocats. Ces derniers ne savent pas encore « si le principe de non-cumul des peines sera appliqué ou pas, car la procédure judiciaire est toujours en cours ». Ses avocats ont interjeté appel, mais aucune date d’audience n’a pour le moment été communiquée.

Lors d’une visite de son avocat le 21 juin 2023, elle lui fait part de ses problèmes de santé (problème à l’estomac accompagné de vomissements) pour lesquels elle a normalement vu un médecin depuis. Sur la base de preuves qu’elle a présentées à ce dernier, elle soupçonne être espionnée dans sa cellule par l’intermédiaire d’un caméra dissimulée, ce qui constituerait une violation grave de son intimité qui n'est pas justifiée. Malgré ces circonstances difficiles, elle garde un bon moral et un engagement indéfectible pour les combats qu’elle mène.

Contexte

Après un semblant d’ouverture à la suite du mouvement du 20 février dans la continuité du printemps arabe en 2011, le tournant sécuritaire s’est fait sentir avec la répression des mouvements populaires du Rif en 2016 et de Jerrada en 2017-2018, qui appelaient à une plus grande justice sociale. Entre temps, les médias indépendants sont fermés et muselés, tandis que la presse aux ordres du pouvoir comme Chouf TV, Barlamane ou le 360 mène une campagne de dénigrements et de diffamation envers les défenseurs des droits humains, les opposants politiques et autres militants pro-démocratie. A partir de 2018-2019, le régime marocain cible les journalistes indépendants, comme Omar Radi et Souleyman Raïssouni, Taoufik Bouachrine, en les inculpant dans des affaires de mœurs, une stratégie couramment utilisée par le pouvoir pour humilier, diffamer et décrédibiliser les opposants et défenseurs des droits. Dans d’autres cas, on invoque contre eux des affaires financières comme ce fut le cas pour Maati Monjib, une des figures majeures dans le combat pour les droits humains et la démocratie au Maroc. Ce traitement est généralement réservé aux personnalités les plus connues, tandis que beaucoup d’autres militants, blogueurs, youtubeurs et défenseurs des droits humains sont poursuivis et emprisonnés sous le coup de dispositions plus classiques comme l’atteinte au Roi, outrage à des corps constitués, diffusion et propagandes d’allégations fausses…

L’arrestation et la détention en mars 2022 de Saïda El Alami intervient au début d’une nouvelle vague de répression. Après s’être principalement attaqué aux journalistes indépendants et d’investigation comme Omar Radi, Soulaimane Raïssouni, Hajar Raïssouni, Hisham Manouri ou encore Taoufik Bouachrine, le pouvoir marocain semble à présent concentrer ses attaques sur les défenseurs des droits humains et autres opposants politiques. Le 26 avril 2022, un blogueur, Rabie El-Ablaq, est condamné à 4 ans de prison pour avoir critiqué le Roi sur les réseaux sociaux. Le 9 septembre 2022, Rida Bentomane, membre de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH), était arrêté avant d’être condamné à 3 ans de prison ferme le 9 novembre, peine réduite à 1 an et demi en appel le 20 février 2023. Le 21 novembre dernier, l’avocat Mohamed Ziane, avocat, ancien bâtonnier du barreau de Rabat et ancien ministre des Droits de l’homme, a été arrêté et incarcéré après avoir été condamné en appel à trois ans de prison ferme. Il s’était fait connaitre depuis 2017 pour ses déclarations critiques du pouvoir et du fonctionnement des services de renseignement marocains. 

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