Le défenseur Abdulhadi al-Khawaja toujours détenu
Demandons la libération immédiate et sans conditions d'Abdulhadi al-Khawaja !
Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et retournez-la par voie postale ou par voie électronique au président de la République, Emmanuel Macron.
Quelle est la situation d’Abdulhadi al-Khawaja ?
En mars dernier, sa famille alertait sur la détérioration rapide de la santé d’Abdulhadi al-Khawaja, à la suite d’un incident cardiaque sérieux et au développement préoccupant d’un glaucome à son œil droit. Malgré son état de santé préoccupant, un suivi avec des médecins spécialisés à l’extérieur de la prison lui a été refusé à plusieurs occasions. Après 11 rendez-vous annulés, il décide de se mettre en grève de la faim le 9 août 2023, rejoignant ainsi plusieurs centaines de prisonniers politiques bahreïnis qui venaient de se mettre en grève le 7 août 2023. Ils demandaient notamment d’avoir régulièrement droit à des visites familiales sans vitre, la fin de la mise à l’isolement prolongé de certains détenus politiques, de bénéficier de plus de temps en extérieur, et d’une meilleure prise en charge par le service de santé et pour les urgences médicales.
Le 11 septembre, plus d’un mois après le début de la grève de la faim, les prisonniers y mettent fin à la suite de négociations avec les autorités qui ont accepté la mise en place progressive de mesures en réponse à leurs demandes. Mais le lendemain, Abdulhadi al-Khawaja se remet en grève de la faim à la suite du refus des autorités de le conduire à son rendez-vous médical dans les conditions négociées. S’ensuivent alors plusieurs promesses des autorités qui ne seront pas tenues, entraînant ainsi à plusieurs reprises l’arrêt puis la reprise de la grève de la faim d’Abdulhadi. Tout au long de sa grève de la faim, Abdulhadi a été conduit 3 fois au service d’urgence en raison de la détérioration de sa santé. Finalement, dans un message posté par sa fille Maryam sur les réseaux sociaux le 3 octobre 2023, elle annonce à nouveau la fin de la grève de la faim de son père, à la suite d’un rendez-vous qu’il a pu avoir avec un cardiologue ainsi qu’avec un ophtalmologiste pour ses problèmes de santé les plus sérieux. Il a également eu la garantie que les prisonniers seraient désormais transportés à leurs rendez-vous médicaux à l’extérieur dans des véhicules correctement ventilés et sans menottes. Sa famille continue cependant à demander sa libération.
Sa fille empêchée d'embarquer pour Bahreïn à l'aéroport de Londres Heathrow
Face à l’acharnement des autorités contre son père, Maryam al-Khawaja avait annoncé qu’elle allait se rendre à Bahreïn pour rendre visite à son père et faire pression sur les autorités pour qu’elles accèdent aux demandes de son père, bien qu’elle risquait elle-même d’y être arrêtée et détenue comme cela avait déjà été le cas en 2014 lors d’une précédente visite à son père déjà détenu. Cependant Maryam al-Khawaja ainsi que la délégation de responsables d’ONG qui l’accompagnait n’ont pas pu embarquer le 15 septembre 2023 depuis l’aéroprt de Londres-Heathrow sur le vol à destination de Manama, capitale de Bahreïn, à la suite de directives transmises par les autorités bahreïnies. Peu de temps après, Sayed Alwadaei, directeur du plaidoyer de l’ONG britannique Bahrain Institute for Rights and Democracy, a été arrêté à l’aéroprt Londres Gatwick le 29 septembre 2023 pendant deux heures. Il revenait tout juste d’une tournée de plaidoyer à Genève dans le cadre du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies. Les autorités britanniques n’ont pas donné de justification concernant sa courte arrestation, mais cela pourrait être le signe d’une dangereuse évolution pour les droits humains dans les relations entre le Royaume-Uni et Bahreïn. Cette années, le Royaume-Uni a d’ailleurs retiré Bahreïn de sa liste des pays prioritaires en matière de droits humains.
Contexte
Abdulhadi al-Khawaja est un éminent défenseur des droits humains et citoyen bahreïni-danois qui a notamment mené des manifestations pacifiques pour réclamer les libertés et les droits fondamentaux au Bahreïn dans le cadre des printemps arabes. Violemment arrêté le 9 avril 2011, il est détenu à l’isolement et torturé pendant un mois avant d’être condamné à perpétuité pour « organisation et conduite d'une organisation terroriste », « tentative de renversement du gouvernement par la force et en liaison avec une organisation terroriste travaillant pour un pays étranger » et « de collecte d'argent pour un groupe terroriste », le tout sur la base d’aveux signés sous la torture. Plus de 12 ans plus tard, il est toujours détenu à la prison de Jaw, où il faisait alors face à de difficiles conditions de détention et à un refus systématique de traitements médicaux appropriés.
Un pionnier des droits humains à Bahreïn et dan le Golfe
Abdulhadi al-Khawaja a vécu en exil avec sa famille à la suite de la révocation de sa nationalité bahreïnie en raison de ses activités de défenseur des droits humains. Installé au Danemark dont il obtient la nationalité, il continue son plaidoyer pour les droits et libertés à Bahreïn depuis l’étranger. Il retourne à Bahreïn en 2001 à l’occasion d’une politique d’ouverture et de réforme du gouvernement. Il cofonde avec d’autres défenseurs des droits humains bahreïnis et de la région, plusieurs organisations de défense des droits humains de premier plan, telles que le Bahrain Centre of Human Rights (en 2001) et le Gulf Centre for Human Rights (en 2011). Ces ONG qui étaient les premières du genre dans la région de la péninsule arabique ont favorisé l’éclosion d’une culture de la résistance contre les régimes autoritaires. Il a également travaillé pour Frontline Defenders ainsi que pour Amnesty International. Abdulhadi al-Khawaja est, en outre, lauréat de plusieurs prix importants dans le domaine des droits de l'homme, dont le prix Martin Ennals pour les défenseurs des droits humains de 2022.
Une condamnation clair de Bahreïn par le Parlement européen
En décembre 2022, une majorité écrasante du Parlement européen avait adopté une résolution dénonçant le caractère arbitraire de la détention d’Abdulhadi al-Khawaja. Il y était également reconnu qu’il souffrait d'une série de problèmes de santé chroniques et dégénératifs, y compris des douleurs dorsales extrêmes et des troubles de la vue, qui sont une conséquence directe de son emprisonnement, de la torture et de la privation d'accès aux soins médicaux. Le Parlement européen avait également constaté que les autorités de la prison de Jaw avaient refusé à Abdulhdi des traitements médicaux adéquats.