La sécurité de Kenia Hernández est en danger
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Une défenseure criminalisée
Kenia Hernández est une défenseure indigène des droits de l'Homme, prisonnière politique et harcelée judiciairement par CAPUFE (acronyme de Routes et Ponts Fédéraux en espagnol), un organisme du gouvernement fédéral chargé de l'administration du réseau autoroutier du pays.
Depuis 2020, Kenia Hernández est privée de liberté pour des délits fabriqués dans le but de l'empêcher de manifester pour les droits des femmes indigènes. Elle a été arrêtée en juin de cette même année lors d'une manifestation aux guichets de péage d'autoroute contre l'incarcération d'autres activistes. La défenseure a été condamnée à 21 ans et 9 mois de prison pour le crime de vol avec violence, bien que des irrégularités flagrantes et des violations des droits de l'Homme aient été constatées dans son procès. Elle est également poursuivie dans au moins neuf autres affaires au niveau fédéral, accusée du crime présumé d’« attaques aux voies de communication ».
Des éléments de preuve montrent que Kenia se trouvait à 600 kilomètres du lieu du vol pour lequel elle a été condamnée. Cependant, la collusion entre intérêts publics et privés dans la criminalisation de la protestation sociale, visant à favoriser les affaires des entreprises et des concessionnaires de travaux publics, fait que Kenia Hernández est toujours maintenue en prison.
Les représailles continuent en prison
Kenia Hernández a passé trois ans dans la prison de haute sécurité CEFERESO 16 dans l’État de Morelos, loin de sa famille, car le juge la considérait comme une femme dangereuse qui manifestait trop. Elle a subi les conditions précaires de cet établissement, y compris l'isolement, des conditions de santé déplorables et la violence de la part des travailleurs et des autorités.
En février 2024, elle a été transférée dans une prison de moindre sécurité pour des raisons de rapprochement familial. Il s'agit du Centre Pénitentiaire de Réinsertion Sociale Sergio García Ramírez à Ecatepec, dans l'État de Mexico. Depuis son arrivée, Kenia Hernández a cherché à améliorer les mauvaises conditions de vie à l'intérieur de la prison. En conséquence, le 30 mai, elle a été agressée physiquement par une détenue, avec la connivence du personnel de sécurité, en représailles à ses activités de défense à l'intérieur de l'établissement. Kenia a dû être transférée d’urgence à l'infirmerie. À ce sujet, la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs et défenseuses des droits de l'Homme, Mary Lawlor, a exprimé sa préoccupation concernant la sécurité de Kenia Hernández et a indiqué qu'elle devait être libérée.
Contexte
Escalade de violence contre les défenseurs des droits de l'Homme
La situation des défenseurs des droits de l'Homme au Mexique est alarmante, marquée par une augmentation significative de la violence et de la criminalisation à leur encontre. Selon un rapport récent, le Mexique se classe au deuxième rang mondial pour le nombre d'assassinats de défenseurs des droits de l'Homme, avec 30 cas documentés rien qu'en 2023.
En 2024, le climat politique de la période électorale a contribué à une recrudescence de la violence, comme en témoigne l'assassinat d'au moins 34 candidats à des fonctions publiques. De plus, des restrictions ont été imposées à l'espace civique, ce qui a entraîné de nombreuses attaques contre des journalistes et des défenseurs des droits de l'Homme tentant de dénoncer ces violations.
Parmi ces attaques, deux membres du Centre des droits de l'Homme Zeferino Ladrillero, organisation partenaire de l'ACAT-France qui porte le cas de Kenia Hernandez devant les instances judiciaires, ont été agressés : la défenseure Ana Laguna a été menacée avec une arme à feu pendant ses activités de promotion des droits de l'Homme. Malgré une alerte lancée au Mécanisme de protection des défenseurs des droits de l'Homme, les mesures de protection demandées n’ont pas été fournies. Pour sa part, le directeur du centre, José Antonio Lara Duque, a subi un piratage de son compte WhatsApp, entraînant la suppression de ses messages. Il a été exclu que cet incident soit lié à la criminalité ordinaire, aucun de ses contacts n'ayant signalé avoir reçu de messages frauduleux.
Vague de suicides et conditions inhumaines de détention au CEFERESO 16
« Le cimetière des vivantes », c'est ainsi qu'on appelle le CEFERESO 16, la prison de l'État de Morelos où Kenia Hernández a passé trois ans de détention arbitraire. Entre juillet 2021 et mai 2024, 14 femmes sont décédées sous la garde de l'État dans ce centre. Rien qu'en neuf mois en 2023, 11 détenues se sont suicidées, et le 30 mai, le dernier cas a été signalé dans cette prison.
Les conditions de vie des détenues dans ce seul pénitencier fédéral pour femmes constituent des actes de torture qui peuvent être à l'origine de ces tragédies. En effet, les femmes reçoivent des surdoses de psychotropes et manquent d'attention psychologique ou psychiatrique adéquate. Il n'y a pas de registres sur le type de médicaments qui leur est administré ni sur les doses qu'elles reçoivent.
Pendant sa détention, Kenia Hernández ne disposait que de 10 minutes par semaine pour appeler ses enfants et ses avocats, elle restait totalement isolée, exposée au regard des gardiens à travers les barreaux. « On passe tellement de temps isolée qu'on a envie de mourir », a déclaré la militante indigène, soulignant la torture psychologique subie par les détenues.