Colombie
Appel à mobilisation

Deux membres de la Communauté de paix San José de Apartadó assassinés

À l'occasion du 27e anniversaire de la Communauté de Paix San José de Apartadó, l'ACAT-France condamne fermement les assassinats de Nallely Sepúlveda et d'Edinson David. Nous demandons des garanties de sécurité pour la Communauté et une enquête rapide sur les responsables.
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Mobilisons-nous pour demander justice pour Nallely Sapúlveda et Edinson David !

Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et retournez-la par voie postale ou par voie électronique au Représentant permanent de la Colombie auprès de l’Office des Nations unies à Genève.

Qui sont les victimes ?

Mardi dernier, Nallely Sepúlveda et Edison David, la partenaire et le frère de 14 ans du coordinateur humanitaire de la Communauté de Paix de San José de Apartadó (CdP), ont été abattus dans le village de La Esperanza, en Colombie. La découverte des corps a été faite par trois mineurs, dont le fils de Nallely Sepúlveda, qui a trouvé sa mère sans vie en rentrant de l'école. Le coordinateur humanitaire de la CdP accompagnait son père à l'hôpital municipal d'Apartadó au moment des crimes, mais aurait pu subir le même sort sans ce déplacement. Tout porte à croire que les auteurs présumés appartiennent à des groupes armés illégaux présents dans la région qui, depuis des décennies, s'en prennent à la population civile de la région avec l'assentiment ou la négligence de l'État. 

Ces meurtres s'ajoutent à un bilan douloureux : plus de 400  membres de la CdP sont tombés victimes du conflit armé prolongé. La récente visite gouvernementale dans la région n'a pas réussi à endiguer la violence, car Nallely et Edison ont été tués seulement un jour plus tard.

Besoin urgent de protection des leaders de la CdP

Les membres de la CdP se sont déclarés neutres dans le conflit armé depuis presque trois décennies. Le samedi 23 mars, ils ont célébré leur vingt-septième anniversaire. Malgré le passage du temps, la violence continue de les frapper implacablement, en particulier leurs leaders sociaux, qui risquent leur vie pour protéger leur communauté.

C'est le cas de José Roviro López Rivera, leader social et membre du conseil interne de la CdP. Roviro a consacré des efforts inlassables à la protection du territoire et à la préservation de l'environnement par la pratique de l'agriculture biologique. Bien que plusieurs dirigeants de la CdP aient été tués, Roviro n'a pas remis en question son appartenance au Conseil interne de sa communauté. Cependant, son travail courageux l'expose constamment à des situations à haut risque, faisant face à des menaces de mort de la part de groupes paramilitaires.

L’ACAT-France se mobilise avec le Réseau européen de solidarité avec la CdP pour demander aux autorités colombiennes des mesures coordonnées visant à protéger cette communauté. La vérité sur ce crime doit être faite, et les responsables doivent être traduits en justice.

Contexte

La communauté de paix San José de Apartadó

La CdP est une initiative paysanne de résistance aux différents conflits armés en Colombie, elle est devenue un point de référence pour la construction de la paix au niveau national et international. Cette communauté est située dans le nord-ouest du pays, au nord d'Antioquia et dans la région d'Urabá, qui a été appelée « le meilleur coin de l'Amérique du Sud ». Sa proximité avec les océans Pacifique et Atlantique, sa biodiversité et la richesse de ses terres en font un territoire disputé pour son potentiel économique. En conséquence, cette région est profondément marquée par des décennies de conflits armés.

Dans ce contexte, un groupe de 500 paysans a fondé la CdP le 23 mars 1997. Malgré la violence constante, ces personnes ont décidé de rester sur le territoire et ont adopté les principes du droit international humanitaire, revendiquant leur statut de population civile et refusant de participer au conflit armé. Elles se sont engagées à ne pas porter d'armes, à ne pas coopérer avec les acteurs armés, et à promouvoir des alternatives pacifiques à travers le dialogue et la négociation. En parallèle, elles ont défendu la terre et le territoire en promouvant la souveraineté alimentaire et des initiatives communautaires. En vingt-sept ans, elles ont transformé chaque attaque en une opportunité pour créer des alternatives pacifiques, refusant la logique de la guerre et cherchant à résoudre les causes structurelles de la violence. Leur devise, « transformer la douleur en espoir», incarne leur résilience et leur persévérance.

La Colombie, le pays le plus dangereux pour défendre les droits de l'Homme

La Colombie, traversée par le conflit armé, demeure l'un des pays les plus dangereux pour les personnes défenseures des droits humains et de l'environnement, comme le révèle un rapport récent de la Commission interaméricaine des droits de l'homme. En 2023, 126 assassinats de défenseurs des droits humains ont été recensés en Amérique latine, avec la Colombie en tête, où ces meurtres sont passés de 26 en 2022 à 34 l'année suivante. Ces actes visent principalement les défenseurs de l'environnement, les leaders autochtones et afro-descendants.

Depuis son accession au pouvoir en août 2022, le président Gustavo Petro s’est engagé à mettre fin à la violence contre ces activistes, mais ses actions se sont avérées insuffisantes. Malgré la ratification de l'Accord d'Escazú en octobre 2022, un traité régional obligeant le gouvernement à prévenir et à enquêter sur ces attaques, la plupart des coupables demeurent impunis.

L’ACAT-France appelle les autorités à garantir un espace propice et sûr pour tous les défenseurs des droits humains en Colombie, en particulier Apartadó. Des mesures de protection collective doivent être adoptées pour identifier les causes structurelles des risques auxquels sont confrontés ces défenseurs et leurs communautés.

  • Justice et impunité