Justice pour la famille Shuheibar
L’histoire tragique de la famille Shuheibar
Le 17 juillet 2014, il est 17h40 quand un missile israélien frappe le toit de la maison de la famille Shuheibar alors que les enfants y sont occupés à nourrir les oiseaux. Afnan (8 ans), Wassim (9 ans) et Jihad (10 ans) sont tués. Udai (15 ans) et Bassil (9 ans) sont grièvement blessés. La vie de leurs parents bascule dans le désespoir. Pas de cible militaire, pas de sommation, seulement des victimes civiles : nul doute que l’attaque est un crime de guerre. Au cœur des ruines et des gravas, un composant de fabrication française est retrouvé parmi les débris du missile tiré sur la maison. Analysé par des experts internationaux en armement, il s’avère que cette pièce, qui porte l’inscription « Eurofarad – Paris – France » a été fabriquée par une entreprise française, Exxelia Technologie, anciennement Eurofarad.
L’opération « Bordure protectrice » : des centaines de familles détruites
L’attaque contre la famille Shuheibar a été conduite au cours de l’Opération Bordure protectrice, menée par l’armée israélienne dans la Bande de Gaza entre le 7 juillet et le 26 août 2014. Lancée en réaction à des tirs de roquette palestiniens, l’opération aérienne, véritable escalade de violence, s’est doublée de manœuvres militaires terrestres. Selon la commission d’enquête des Nations unies créée pour enquêter sur les violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme commis pendant l’opération, les attaques israéliennes ont tué 1462 civils dont 551 enfants. Plus de 11 000 personnes ont été blessées, tandis que 18 000 logements ont été détruits, laissant la population civile démunie et dans le désarroi le plus total.
De l’impunité totale à la plainte en France : exiger justice pour les victimes
Trois ans après le début de l’Opération Bordure protectrice, l’impunité est totale : les milliers de victimes survivent souvent dans le plus grand dénuement et peinent à se reconstruire en l’absence de justice. Les autorités israéliennes n’ont mené aucune enquête sérieuse et impartiale sur ces attaques, ne laissant aux victimes d’autres choix que de chercher justice ailleurs, notamment auprès de la Cour pénale internationale. Face à l’impunité des crimes commis, en juin 2016, l’ACAT a aidé la famille Shuheibar à porter plainte, en France, pour complicité de crime de guerre et homicide involontaire contre Exxelia Technologies. En attendant une justice hypothétique, préalable indispensable à une paix durable, les Gazaouis vivent dans la peur d’une nouvelle attaque.