Imposer une peine de 12 ans à Huang Qi revient à le condamner à mort !
Le 29 juillet 2019, la Cour populaire intermédiaire de Mianyang, dans la province du Sichuan, a condamné le journaliste et défenseur des droits humains Huang Qi à 12 ans de prison, assortis de 4 ans de privation de droits politiques, six mois après son procès à huis clos. Il s’agit de la plus lourde peine imposée à un défenseur des droits humains ces dernières années.
Huang Qi, détenu depuis le 28 novembre 2016, est atteint d’une maladie rénale chronique et d’hydrocéphalie. Il a également développé des affections cardiaques et pulmonaires suite à ses passages en prison et aux mauvais traitements subis en camp de travail. Au cours de ses 32 derniers mois en centre pénitentiaire, Huang Qi a indiqué à plusieurs reprises avoir été torturé par des policiers et roué de coups par d'autres détenus dans le but de lui arracher des confessions. Malgré tout, il a toujours refusé de plaider coupable.
Depuis des mois, les autorités chinoises lui interdisent l’accès à des soins et son état de santé se dégrade de jour en jour. Sa condition est critique, et pourrait être fatale s’il ne bénéficie pas d’une libération pour raison médicale.
Non contentes de priver Huang Qi de sa liberté et de sa voix, les autorités chinoises harcèlent également sa mère Pu Wenqing, âgée de 85 ans, qui se bat sans relâche pour son fils. Kidnappée en décembre 2018 alors qu’elle se rendait à Pékin, elle demeure depuis assignée à résidence et sous surveillance de la police dans le Sichuan. Pu Wenqing a dû se rendre à l’hôpital au début du mois de juillet 2019 car elle souffrirait d’un cancer des poumons. Elle craint de ne jamais pouvoir revoir son fils.
Ensemble, agissons pour libérer Huang Qi, sa famille a besoin de votre mobilisation !
>>> Téléchargez notre lettre d'intervention et faites-la parvenir aux autorités chinoises
Journaliste, activiste et ancien prisonnier de conscience
Huang Qi dénonce les exactions du régime chinois depuis son site 64Tianwang créé en 1998 (« 64 » en référence au 4 juin 1989 – jour du massacre de Tiananmen). En 2003, ravivant la mémoire de la terrible répression de Tiananmen, il écope de 5 ans de prison pour subversion. Puis, entre 2008 et 2011, il est à nouveau emprisonné pour avoir enquêté sur des failles d’infrastructures ayant potentiellement entraîné la mort de milliers d’écoliers lors d’un tremblement de terre au Sichuan en 2008.
En Chine, la prison tue
Les autorités chinoises n’ont jusque-là jamais prononcé de condamnation à mort à l’encontre d’un défenseur des droits humains. Pourtant, elles sont responsables du décès de plusieurs d’entre eux. Leur refus délibéré de leur accorder des soins vitaux est une forme de représailles et de torture. Depuis 2014, au moins cinq prisonniers politiques sont morts dans les geôles chinoises. En dépit du statut international de Liu Xiaobo, prix Nobel de la paix 2010, les autorités chinoises lui ont refusé une libération pour raisons médicales lorsque ce dernier a contracté un cancer du foie, avant de mourir quelque mois plus tard en juillet 2017. D’autres anciens détenus ont trouvé la mort peu de temps après leur libération, à l’image du dissident Yang Tongyan en novembre 2017. Le 10 juillet 2019, l’avocat Ji Sizun est décédé à l’hôpital, relâché de prison deux mois auparavant dans un état de semi-coma. L’absence d’obligation de rendre des comptes sur les décès de militants en prison ou suite à leur remise en liberté pour raisons médicales laisse craindre que nombre d’entre eux aient été causés par les mauvais traitements des autorités chinoises.
Pour en savoir plus, retrouvez notre article paru dans le magazine Humains n°11 (mai/juin 2019) : « En Chine, la prison tue ».