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Ouïghours : l’effacement institutionnalisé d’une identité

Installés dans la région du Xinjiang, les Ouïghours sont l'une 56 ethnies officiellement reconnues par la République populaire de Chine. Pourtant, malgré cette officialisation, ils font l’objet de répressions de la part des autorités, fondées sur cette seule appartenance ethnique. Des crimes contre l’humanité, continuellement niés par les autorités chinoises.
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Les Ouïghours sont turcophones, à majorité musulmans sunnites. C’est l’une des 56 ethnies officiellement reconnues par la République populaire de Chine, principalement installée dans la région du Xinjiang. Malgré cette officialisation, les Ouïghours font l’objet de répressions très violentes de la part des autorités, fondées sur cette seule appartenance ethnique : disparitions forcées, détentions arbitraires, tortures et traitements inhumains ou dégradants… Des crimes contre l’humanité, continuellement niés par les autorités chinoises mais qui, aujourd'hui, font l'objet d'une meilleure documentation.

Les réponses de Diane Fogelman, responsable Programmes et plaidoyer Asie de l'ACAT-France.

1.  Pourquoi l’ACAT-France se saisit-elle des crimes commis contre les Ouïghours ?

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Cela ne fait que quatre ou cinq ans que leur situation est médiatisée, en raison du défaut de données disponibles sur la réalité de la situation sur place. Toutefois, cette année, la publication de certains documents confidentiels qui ont fuité, combinée à la sortie du rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme sur la région du Xinjiang, ont permis de confirmer que les Ouïghours sont victimes de torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants dans les camps où ils sont massivement internés et que ces actes s’apparentent à des crimes contre l’humanité.

Ainsi, l’ACAT-France se saisit maintenant de ces crimes car ils relèvent de son mandat et que les données permettent de confirmer leur réalité.

2. Quel est le profil des Ouïghours ciblés par les autorités chinoises ?

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Tous les Ouïghours sont concernés : à l’heure actuelle, le nombre de détenus dans des camps d’internement est estimé par l’ONU à environ un million d’adultes et d’enfants, âgés de 14 à 55 ans. Certaines sources font même état d’arrestations de personnes plus âgées.

Selon des fichiers internes de la police du Xinjiang (« Xinjiang Police Files », en anglais) qui ont récemment fuité, une proportion encore plus large des Ouïghours sont fichés, de l’âge de 3 à 94 ans. Il s’agirait principalement de paysans. Il est à noter que ces répressions ne ciblent pas que les Ouïghours, mais également les autres minorités musulmanes de la région du Xinjiang. Toutefois, les Ouïghours représentent l’écrasante majorité de ce ciblage. Enfin, au quotidien, dans la région du Xinjiang, tout citoyen est désormais surveillé grâce à des outils technologiques de pointe, dans le cadre d’une politique totalitaire. Celle-ci inclue la surveillance à domicile et les déplacements dans et hors du pays, ainsi que dans des lieux religieux tels que les mosquées.

3. Pourquoi les autorités chinoises s’en prennent-elles à eux ?

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Pour plusieurs raisons. Dès le 14 mars 2013, date de l’accession de Xi Jinping à la présidence du pays, la répression à l’égard des Ouïghours s’est durcie et institutionnalisée.

L’objectif de ce dernier est double : siniser l’ensemble du territoire et reprendre le contrôle du Xinjiang, région stratégique, riche de matières premières et au carrefour du projet de création de la nouvelle route de la soie visant à relier économiquement le pays à l’Europe. Puis, la répression s’est intensifiée au nom de la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme. En effet, dès les années 1990, des groupes indépendantistes ouïghours commettent une série d’attentats.

En 2009, Urumqi, la capitale du Xinjiang, a été le théâtre d’émeutes violemment réprimées par les forces de l’ordre. Ainsi, ces évènements, ajoutés aux attentats du 11 septembre 2001 et à la montée de l’extrémisme islamiste en Irak et en Syrie, ont justifié la mise en place puis le renforcement de politiques sécuritaires à l’encontre des Ouïghours et autres minorités musulmanes de la région du Xinjiang.

4. Depuis quand s’est imposée la répression à l’encontre des Ouïghours ?

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L’hostilité envers les Ouïghours remonte au 8ème siècle. Ils ont ensuite été particulièrement pris pour cible à partir de 1949, date de l’accession des communistes au pouvoir en Chine, suite à laquelle l’autodétermination des différents peuples vivant sur le sol chinois, dont les Ouïghours, n’est plus à l’ordre du jour. En mars 2013, dès l’accession au pouvoir de Xi Jinping, les répressions à leur encontre se sont durcies et institutionnalisées.

5. Que sait-on des crimes commis par les autorités chinoises ?

Lire la réponse.

La publication récente de certains documents confidentiels a permis de révéler que ces « centres de formation professionnelle » sont en réalité des camps d’internement : des fichiers internes de la police du Xinjiang (« Xinjiang Police Files », en anglais) ont fuité d’une source anonyme, confirmant que les Ouïghours qui y sont détenus sont victimes de torture et de traitements cruels, inhumains et dégradants, en violation notamment de la Convention contre la torture, à laquelle la Chine est partie.

Le 31 août 2022, un rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme sur la région du Xinjiang a constaté que les Ouïghours sont soumis à des « restrictions de grande ampleur arbitraires et discriminatoires des droits humains et des libertés fondamentales, en violation des lois et des normes internationales », dont la liberté de religion, le droit à la vie privée ainsi que le droit de circuler librement. Selon ce rapport, les crimes dont ils sont victimes s’apparentent à des crimes contre l’humanité.

 

L’ACAT-France se mobilise pour la reconnaissance des crimes contre l'humanité subis par les Ouïghours dans la région du Xinjiang.  Elle demande aux autorités chinoises de tout mettre en oeuvre pour que ces crimes soient reconnus et cessent au plus vite, en demandant la libération immédiate des personnes détenus dans les camps d'internement.

>> Je condamne les crimes contre l'humanité <<

La fuite de documents confidentiels a permis de confirmer les traitements cruels
subis par par les Ouïghours dans le cadre de la politique « anti-terroriste » du régime chinois.
Demandons la fin des violations. 

Pour aller plus loin :

> L'appel du mois de novembre 2022 : « Les Ouïghours, victimes de crimes contre l'humanité »

  • Détention
  • Disparitions forcées
  • Torture