Israa Al-Ghomgham risque la peine de mort !
Arrêtés début décembre 2015, Israa Al-Ghomgham et son mari, Moussa al Hashim, sont restés 32 mois en détention provisoire avant que leur procès ne commence le 6 août 2018. Au cours de cette première audience, le ministère public saoudien a demandé leur exécution par décapitation, en plus de celle de trois autres activistes, Ahmed al Matrood, Ali Ouwaisher et Khalid al Ghanim. Le sixième co-accusé, Mujtaba al Muzain, risque 20 ans de prison. Une quatrième audience prévue le 13 janvier 2019, a été reportée sans indication d’une nouvelle date.
Israa Al-Ghomgham et Moussa al Hashim ont participé aux manifestations anti-gouvernementales qui se sont déroulées à Al-Qatif, une ville à majorité shiite dans la province Est, durant la période du printemps arabe en 2011. Israa Al-Ghomgham a également publiquement demandé la libération des défenseur·e·s de droits humains emprisonné·e·s en Arabie saoudite et a exprimé pacifiquement ses opinions sur les réseaux sociaux.
Depuis leur arrestation, le couple est détenu dans la prison centrale de Dahaban, gérée par les renseignements intérieurs (mabahith) qui font office de police secrète. Ils sont actuellement jugés devant le Tribunal pénal spécialisé, spécifiquement créé pour les affaires terroristes mais qui est également utilisé pour poursuivre les activistes et défenseur·e·s des droits humains. Lors des deux dernières audiences le 28 octobre et 21 novembre 2018, Israa Al-Ghomgham était absente, laissant craindre une détérioration de son état de santé. Si sa condamnation à mort venait à être confirmée, elle serait la première femme à subir la peine de mort à cause de son activisme !
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CONTEXTE
Depuis le meurtre sauvage du journaliste Jamal Khashoggi dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul (Turquie) le 2 octobre 2018, l’opinion internationale commence à prendre conscience des nombreuses violations des droits humains en Arabie saoudite. Cependant cette situation n’est pas nouvelle et s’est grandement détériorée avec la montée en puissance du Prince héritier Mohammed Ben Salman au sein du régime saoudien. Derrière une façade de réformiste et de libéral, ce dernier a dirigé une campagne d’arrestation et de mise au silence de toute voix dissidente ou discordante. Depuis mars 2015, il est également à l’initiative de l’intervention militaire au Yémen de l’Arabie saoudite et de ses alliés au sein de la coalition arabe. L’Arabie saoudite se serait rendue coupable de plusieurs crimes de guerre selon des experts mandatés par l’ONU.
2018 a connu par ailleurs une vague de répression sans précédent, avec des arrestations et condamnations de nombreuses défenseures des droits des femmes. Mais cette répression a également visé des défenseur·e·s des droits humains, des activistes, des journalistes, des universitaires, des intellectuel·le·s et des religieux. Le 12 octobre 2018, les experts des Nations unies ont de nouveau appelé les autorités à libérer tous les défenseur·e·s des droits humains en Arabie saoudite. Ils ont exprimé leurs vives inquiétudes concernant le procès d’Israa Al-Ghomgam, en affirmant que « les mesures servant à combattre le terrorisme ne doivent en aucun cas être utilisées pour empêcher ou entraver les travaux des défenseurs des droits humains ».
Dans une déclaration commune du 26 octobre 2018, réunissant plus de 160 organisations de défense des droits humains, l’ACAT appelait la communauté internationale, en particulier les Nations unies, les institutions multilatérales et régionales ainsi que les gouvernements démocratiques attachés à la liberté d’expression, à demander immédiatement des comptes à l’Arabie saoudite concernant les graves violations des droits humains dont le pays s’est rendu responsable.