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Égypte
Actualité

Eman Al-Helw et Hossam Ahmed doivent être libérés !

Le 28 février 2019, Eman A-Helw et Hossam Ahmed ont été arrêtés pour avoir émis des critiques envers le gouvernement égyptien. Ils sont depuis emprisonnés dans une cellule souterraine depuis 11 mois.
Al-Helw & Ahmed
Hossam Ahmed et Eman Al-Helw (Facebook)
Le 27 / 12 / 2019

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Appel urgent lancé conjointement avec notre partenaire l'association ANKH

 

Eman Al-Hewl est une actrice et activiste égyptienne et Hossam Ahmed est un homme transsexuel égyptien. Ils ont été tous deux arrêtés, en même temps que 70 autres, le 28 février 2019 et sont poursuivis dans l’affaire 1739/2018. Ils ont d’abord été détenus dans un lieu inconnu pendant quatre jours avant d’être présentés à un procureur de la Sureté de l’État le 4 mars 2019 puis inculpés pour participation à un groupe terroriste et usage des réseaux sociaux pour commettre un crime pénalement répréhensible. Le 3 décembre 2019, la cour criminelle du Caire a autorisé leur mise en liberté sous contrôle judiciaire. Mais le 4 décembre 2019, le ministère public a fait appel de la décision de la Cour et a obtenu l’annulation de la décision, renvoyant Eman et Hossam en détention provisoire pour 45 jours supplémentaires. Eman Al-Helw et Hossam Ahmed sont détenus et poursuivis en justice uniquement pour leur militantisme pacifique. Les poursuites judiciaires sur la base de charges sans fondement sont caractéristiques d’une forme de persécution.

Le 18 mars 2019, l’autorité pénitentiaire a forcé Al-Helw à subir un examen physique complet, incluant également ses parties génitales. Cet examen, bien que mené par des médecins dans un hôpital civil, a été conduit contre sa volonté et sans justification médicale, constituant une violation de son intégrité physique et mentale. Ahmed est actuellement détenu dans une cellule réservée aux femmes dans le commissariat de police d’Abdeen et subit harcèlement et intimidation de la part de ses codétenues et de leurs proches en visites. Depuis son arrestation, son traitement hormonal lui a été refusé par les autorités. L’autorité pénitentiaire l’a également forcé à subir un examen physique approfondi, impliquant également ses parties génitales, sans que le ministère public ne l’ait demandé. Ahmed dispose d’un certificat médical décrivant sa situation de personne transsexuelle et préconisant le suivi d’un traitement hormonal adapté, indiquant également qu’il n’a pas encore subi d’intervention chirurgicale. Médicalement parlant, cet examen était parfaitement inutile et constitue une violation de l’intégrité physique et psychologique de Hossam Ahmed

Vous voulez soutenir Eman Al-Helw et Hossam Ahmed ?

- Téléchargez ce modèle de lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et adressez-la au procureur général égyptien Hamada al-Sawy, au Ministre de l'intérieur égyptien Mahmoud Tawfik, à l'ambassadeur égyptien en France et au représentant permanent égyptien auprès des Nations unies à Genève.

- Partagez : Tweetez, postez sur Facebook, faites le savoir autour de vous !

 

Contexte

La situation des droits humains en Égypte est extrêmement préoccupante depuis 2014, comme en témoignent les récentes arrestations et détentions arbitraires par la Sureté de l’État, on en compte environ 3000, à la suite des manifestations fin septembre 2019. Dans ce contexte général, la situation de la communauté LGBTQI+ s’est dégradée au cours des dernières années. Le nombre de personnes de cette communauté arrêtées annuellement et traduites devant la justice a été multiplié par 5 entre 2013 et 2017. Après qu’un drapeau arc-en-ciel ait été brandi lors du concert à New Cairo du groupe de musique libanais Mashrou’ Leila en septembre 2017, la police a arrêté 75 personnes[1]. 71 cas ont été portés devant des juridictions de première et deuxième instances en 2018. La plupart des prévenus furent condamnés à des peines allant de un à trois ans alors que d’autres durent quitter le pays.

La législation égyptienne ne criminalise pas explicitement les relations sexuelles consenties entre personnes de même sexe, le fait de se faire passer pour une personne du sexe opposé, ou encore les relations sexuelles consenties entre personnes adultes non mariées. Cependant, plusieurs dispositions incriminent tout comportement ou expression d’une idée considérée comme immorale, scandaleuse ou offensant les enseignements d’une personnalité religieuse reconnue. La loi 10/1961 portant sur la lutte contre la prostitution est largement utilisée, particulièrement l’article 9 (c). Les politiques publiques ainsi que le cadre légal actuel ne permettent pas la protection des droits humains des membres de la communauté LGBTIQ+ et créent même des obstacles en matière d’accès à la justice et à toute réparation. Les personnes LGBTQI+ ainsi que les activités rattachées à cette communauté sont d’autant plus exposées qu’elles peuvent faire l’objet de plaintes, de rapports de police, d’observation et de surveillance.

Cette seule année, les militant.es, défenseur.es et personnes LGBTQI+ ont été soumis à des arrestations et tortures, comme ce fut le cas de Malak El-Kashif (qui a été relâché en mai 2019), d’Eman Al-Helw et de Hossam Ahmed – ces deux derniers étant toujours détenu préventivement sans date de procès annoncé. En plus de subir la vague de répression sur les activistes et contre la liberté d’expression, ils font également face à des discriminations et des abus de la part des autorités égyptiennes en raison de leur non-binarité (ils ne se conforment pas aux rôles, aux comportements ou à l’apparence traditionnellement assignés aux hommes et aux femmes dans la société égyptienne).

Les forces de police en Égypte pratiquent couramment des examens forcés, anaux comme corporels, particulièrement dans les cas relevant de la débauche (LGBTQI+, travailleurs et travailleuses du sexe…). Ces pratiques sont reconnues comme « une forme de traitement cruel, dégradant et inhumain qui peut équivaloir à de la torture » selon différents experts des Nations unies et d’organisations internationales des droits humains.  Elles violent la Convention contre la Torture, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples. Les examens anaux forcés sont invasifs, intrusifs et profondément humiliants. Comme l’a souligné le Comité contre la torture des Nations unies, ils « n’ont aucune justification médicale et ne peuvent être consentis de manière libre et éclairée » [2].

Sur un autre plan, la situation des personnes vivant avec le VIH en Égypte est également très alarmante. Selon ONUSIDA, il y a 22000 cas de personnes vivant avec le VIH en Égypte, dont 3600 nouveaux cas en 2017 seulement, reflétant les limites de l’Etat égyptien dans le domaine de la sensibilisation, du dépistage, du conseil, de la prévention et du traitement médical. Le personnel des centres publics de dépistage et d’accompagnement discrimine régulièrement les personnes avec le VIH, tout comme la plupart du personnel médical dans le pays. L’accès au traitement médical peut être très compliqué, en raison des procédures bureaucratiques, des discriminations et des ruptures de stocks des médicaments qui peuvent durer plusieurs mois[3].

 

[1] The Trap Punishing sexual difference in Egypt, Egyptian Initiative for Personal Rights, Novembre 2017, https://eipr.org/en/publications/trap-punishing-sexual-difference-egypt

[2] Concluding observations on the third periodic report of Tunisia, §42, UN Committee against Torture, 10 June 2016, https://tbinternet.ohchr.org/_layouts/15/treatybodyexternal/Download.aspx?symbolno=CAT%2fC%2fTUN%2fCO%2f3&Lang=en.

 


Eman Al-Helw and Hossam Ahmed must be released from prison

On February 28, 2019, Eman Al-Helw and Hossam Ahmed were arrested for expressing criticism over the Egyptian government. Since then, they have been imprisoned in an underground cell for 11 months.

Urgent Call in partnership with ANKH Association.

 

Eman Al-Helw is an Egyptian actress and activist. Hossam Ahmed is an Egyptian trans man. They were both arrested, alongside 70 others, on February 28, 2019, and are investigated under the Case 1739/2018. They were first detained in an undisclosed location for four days before appearing at the State Security Prosecution on March 4, 2019, on charges of participating in a terrorist group and using an internet account (Facebook) to commit a crime punishable by law. On December 3, 2019, the Criminal Court of Cairo had granted their release under precautionary measures. However, on December 4, 2019, the Public Prosecution successfully appealed to the Criminal Court of Cairo’s decision and both have subsequently been sent back to preventive detention for an additional 45 days. Eman Al-Helw and Hossam Ahmed are being detained and facing numerous legal proceedings stemming solely from their peaceful activism. The way they are targeted with absurd charges, in this case, is consistent with a pattern of harassment.

On March 18, the Prisons’ Authority forced al-Helw to undergo a full external physical examination and inspection of her genitals, conducted by doctors at a general hospital, against her will and without medical grounds, which constitutes a clear assault on her bodily and psychological safety. Ahmed is being held in a women’s holding cell in the Abdeen Police Station and has faced harassment and bullying from other inmates and visitors. He has also been denied hormone therapy by Egyptian authorities since his arrest. The Prisons’ Authority also forced him to undergo a full physical examination and inspection of his genitals without an order from the prosecution, although he has a medical certificate issued by a general hospital describing his condition and medically qualifying him for transsexual therapy; the certificate states that he has not undergone any surgical procedures. Medically speaking, his exam, was all the more unnecessary and constitutes a physical and psychological assault on Hossam Ahmed.

 

You Want to support Eman Al-Helw and Hossam Ahmed?

- Download this model letter, personalize it with your contact details and send it to the Egyptian Attorney General Hamada al-Sawy, the Egyptian Minister of the Interior Mahmoud Tawfik, the Egyptian Ambassador to France and the Egyptian Permanent Representative to the United Nations in Geneva.

- Share: Tweet, post on Facebook, spread the word around!

 

Context

Egypt’s human rights situation is at its worst since 2014, as it has become even more evident since the recent state security’s arbitrary detainment of at least 3000 people following demonstrations in late September. In this general context, the situation of LGBTIQ+ community has also worsened in the last 5 years. The number of people arrested annually and referred to trial in such cases increased five-fold in the period. After a rainbow flag was raised at the music band Mashrou' Leila’s concert in New Cairo in September 2017, police arrested 75 people. [1] 71 cases were heard in first- and second-instance courts in 2018. Most defendants in these cases were sentenced to one to three years in prison, some had to leave the country.

Egypt law does not explicitly criminalizes consensual sexual relations between persons of the same-sex, posing as a woman, posing as a man, and consensual sexual acts between non-married adults. But it does have several provisions that criminalize any behavior or the expression of an idea that is deemed to be immoral, scandalous or offensive to the teachings of a recognized religious leader.  Law 10/1961 on combating prostitution is largely used, particularly Article 9 (c). The existing legal framework and policies are inadequate to protect the human rights of LGBTIQ+ persons and create barriers to access redress and justice. Moreover, LGBTIQ+ persons and related activities are vulnerable to complaints, police reports, monitoring, and surveillance.

This year only, LGBTIQ+ activists, defenders, and individuals, have been submitted to arrests and torture, as it has been the case for Malak El-Kashif (who has been released in May 2019), Eman Al-Helw and Hossam Ahmed - the latest two are still being preventively detained with no date of trial. Not only are they suffering from the wild-scale repression on activists and freedom of expression, but they are also facing discrimination and abuses by the Egyptian authorities due to their perceived “non-binarity” (i.e they don’t fit in the traditional roles, behaviors or appearances assigned to men and women in the Egyptian society).

Forced anal and physical examinations are also widely practiced by Egypt security forces, especially in ‘debauchery’ cases (LGBTIQ+, sex workers…). These practices are recognized as “a form of cruel, degrading, and inhuman treatment that can rise to the level of torture” according to UN experts and international Human Rights organizations. They violate the Convention against Torture, the International Covenant on Civil and Political Rights, and the African Convention on Human and Peoples' Rights. Forced anal exams are invasive, intrusive, and profoundly humiliating. As the UN Committee against Torture has emphasized, they “have no medical justification and cannot be performed with the free and informed consent”.[2]

On another level, the situation of people living with HIV in Egypt is also extremely worrying. According to UNAIDS there are 22’000 cases of people living with HIV in Egypt with 3’600 new cases in 2017 only, which reflects the limitation of the Egyptian state in the field of awareness, testing, counselling, prevention and treatment. Officials at state-run testing and counselling centres regularly discriminate against people living with HIV, as most of the medical staff in the country. Access to treatment can be very difficult, due to bureaucratic processes, discriminations, and shortages of medicines that can sometimes last up to a few months.[3]


[1] The Trap Punishing sexual difference in Egypt, Egyptian Initiative for Personal Rights, November 2017, https://eipr.org/en/publications/trap-punishing-sexual-difference-egypt.

[2] Concluding observations on the third periodic report of Tunisia, §42, UN Committee against Torture, 10 June 2016, https://tbinternet.ohchr.org/_layouts/15/treatybodyexternal/Download.aspx?symbolno=CAT%2fC%2fTUN%2fCO%2f3&Lang=en.

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