J'agis pour Ho Duy Hai
En 2018, Ho Duy Hai fête un triste anniversaire : celui de ses 10 ans d’emprisonnement dans les couloirs de la mort de Long An. Accusé d’un double-meurtre, il a été condamné à la peine capitale suite à une enquête bâclée en mars 2008. Il avait 23 ans. En détention provisoire, des aveux lui ont été arrachés sous la torture et les mauvais traitements. Sa condamnation a pourtant été confirmée en appel en 2009. Sa mère, Nguyen Thi Loan, se bat pour obtenir un pourvoi en cassation.
Début 2015, son dossier a été réexaminé par le comité judiciaire de l’Assemblée nationale. De nombreuses zones d’ombre ont été révélées : la cour de première instance et la cour d’appel ont ignoré les alibis et les preuves disculpant Ho Duy Hai. Les empreintes prélevées sur la scène du crime ne lui appartiennent pas, les témoins reconnaissent d’autres suspects et les enquêteurs n’ont obtenu aucune preuve de la présence physique de Hai sur la scène du crime. Malgré ces violations du code de procédure pénale, le procureur en chef de la province de Long An continue de vouloir exécuter au plus vite Ho Duy Hai.
Une justice arbitraire et hâtive
Le 4 décembre 2014, Hai a échappé à la mort in extremis lorsque, sous la pression de l’opinion publique, le président de l’époque Truong Tan Sang a stoppé son exécution la veille de son application. Depuis, le Vietnam, qui sera sous les projecteurs de l’Examen périodique universel au début de l’année 2019, maintient le statu quo sur son dossier. En février 2017, le ministère de la Sécurité publique a dévoilé les 429 mises à mort qui ont eu lieu entre août 2013 et juin 2016, jusqu’alors tenues au secret d’Etat. Ces chiffres placent le Vietnam au troisième rang des pays qui exécutent le plus, derrière la Chine et l’Iran.
Par ailleurs d’autres jeunes hommes ont été condamnés à la peine capitale sur de fausses preuves et des aveux obtenus sous la torture. Ces prisonniers vivent dans des conditions de détention contraires aux normes édictées par les Nations unies dans les règles « Nelson Mandela » garantissant un minimum de dignité aux détenus. Ils subissent des violences physiques et psychologiques de la part des gardiens. Comme Ho Duy Hai, beaucoup d’entre eux subissent un isolement presque total : ils n’ont accès ni aux soins, ni aux loisirs, ni à de la nourriture suffisante, et leurs droits de visite sont restreints. Exigeons le pourvoi en cassation de l’affaire de Hai afin qu’il quitte les couloirs de la mort !