Un an d’abus physiques et psychologiques pour Eman Al-Helw et Hossam Ahmed
Ces dernières années, les autorités égyptiennes ont procédé à une répression sans précédent de leur propre population ; des milliers de personnes ont été arbitrairement arrêtées, ont subi des disparitions forcées, ou des interdictions de voyager. Dans ce contexte, des milliers de prisonniers sont également victimes de nombreux actes de torture et de mauvais traitements.
Le 28 février dernier a marqué un an depuis l’arrestation simultanée de l’actrice et de la défenderesse des droits humains Eman Al-Helw et du transgenre Hossam Ahmed. Il.les ont tous les deux été arrêté.es le 28 février 2019, ainsi que 70 autre personnes, dans le cadre d’une campagne d’arrestation en masse déclenchée par des critiques de l’action du gouvernement sur les réseaux sociaux et des appels à manifester suite à un accident de train en gare de Ramsès qui a fait 22 morts et 43 blessés le 27 février 2019. Il.les sont retenu.es dans le cadre de l’enquête de la Sécurité d’Etat numéro 1739 de 2018.
Détenu.es dans une cellule souterraine dans un commissariat depuis plus d'un an
Il.les ont d’abord été détenu.es pendant quatre jours dans un lieu inconnu. Puis, il.les ont été présenté.es devant le procureur de la sécurité d’État le 4 mars 2019, au motif de participation au soutien d’une organisation terroriste et d’utilisation de comptes Facebook personnels pour commettre un crime puni par la loi. Leur détention a été continuellement renouvelée depuis.
Le 3 décembre 2019, la cour criminelle du Caire a ordonné leur libération conditionnelle. Cependant, le lendemain, le 4 décembre 2019, le procureur général a fait appel de la décision; l’appel ayant été accepté, leur période de détention provisoire a donc été une nouvelle fois renouvelée pour 45 jours.
Le 17 décembre 2019, six rapporteurs spéciaux des Nations unies ont écrit une lettre conjointe aux autorités égyptienne au sujet des conditions d’arrestation et de détention de Eman Al-Helw et Hossam Ahmad, restée sans réponse jusqu’à aujourd’hui.
Récemment, le 3 mars 2020, le procureur a édicté une nouvelle fois une décision de renouvellement de la détention de Eman Al-Helw et Hossam Ahmed pour 45 jours additionnels.
Depuis plus d’un an, Eman Al-Helw et Hossam Ahmed sont détenu.es sous de faux motifs, pour la simple raison de leurs activités pacifiques. Il.les ont également été constamment soumis à différentes formes de harcèlement physique ou d’abus psychologiques. Depuis leur premier jour de détention, il.les sont détenu.es dans une cellule souterraine dans un commissariat, sans accès à l’air extérieur ou à la lumière du soleil, puisque les prisons pour femmes refusent de les intégrer sous prétexte qu’il.les « ne ressemblent pas à des femmes ».
Des conditions de détentions déjà difficiles alors que le Covid-19 fait peser de nouvelles menaces
Dans un entretien récent, Hossam explique : « je suis fatigué d’être amené à l’hôpital encore et encore, pour y avoir mes parties génitales exposées… Le problème c’est que, parce que Eman reste avec moi, donc tout ce qui m’arrive à moi, lui arrive aussi à elle ».
En cette période où le Coronavirus se répand en Égypte et où les visites sont interdites, nous sommes d’autant plus inquiets de la santé de Eman et Hossam que, dans le même entretien, Hossam déclarait : « pour la nourriture, le gouvernement ne nous envoie que du pain. Mais toute autre forme de nourriture nous vient des visites. Si je n’ai pas de visiteurs pendant trois jours, cela veut dire que je ne mange rien pendant trois jours ».
Les autorités égyptiennes continuent de réprimer leur propre peuple, en particulier les militants et défenseurs des droits humains – l’arrestation récente de l’étudiant et militant Patrick George Zaki n’en étant que le dernier exemple.
La situation à l’intérieur des prisons égyptienne est préoccupante, malgré le fait que l’Égypte ait signé la Convention Internationale sur les droits civils et politiques, la Convention des Nations unies sur la torture et les autres formes de traitements cruels, inhumains ou dégradants, ces deux textes interdisant le type de traitement auquel ont été soumis les détenus Eman Al-Helw et Hossam Ahmed. L’actuelle épidémie de Covid-19 a également empiré la situation dans les prisons égyptiennes ; de nombreuses organisations et campagnes demandant la libération immédiate de milliers de prisonniers afin d’éviter la propagation de cette maladie dans les prisons et centres de détention égyptiens.
Par conséquent, nous demandons au gouvernement égyptien de:
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Abandonner toutes les poursuites contre Eman Al-Helw et Hossam Ahmed, les libérer immédiatement et inconditionnellement, ainsi que les autres personnes détenues dans l’affaire 1739/2018.
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Dans le cadre de leur détention, s’assurer que le traitement de Eman Al-Helw et Hossam Ahmed correspond aux principes énoncés dans l’Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes soumises à une forme quelconque de détention ou d'emprisonnement, adopté par l’assemblée générale des Nations unies dans sa résolution 43/173 du 9 décembre 1988.
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Libérer tous les prisonniers politiques ; cesser la persécution des militants et défendeurs des droits humains en raison de l’exercice de leur liberté d’expression.
Les signataires :
- Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT France)
- Arab Network for Knowledge about Human rights (ANKH association)
- Cairo Institute For Human Rights Studies (CIHRS)
- Initiative franco-égyptienne pour les droits les libertés (IFEDL)
- International Service for Human Rights (ISHR)