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Communiqué

Tran Thi Nga, prix Fondation ACAT 2019 : « Continuez de vous battre à nos côtés ! »

Le 1er février dernier, le prix de la Fondation ACAT 2019 (prix Engel-du Tertre des droits de l’homme) décerné à Tran Thi Nga, défenseure des droits humains au Vietnam, a été remis à sa représentante Chi Dang, avocate et défenseure des droits en exil au Canada. Pendant son séjour d’une dizaine de jours à Paris, Chi Dang a pu rencontrer plusieurs organisations et personnalités lors d’une tournée de plaidoyer.
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© Agnès Deschamps
Le 14 / 02 / 2020

[English version below]


À travers ce prix, la Fondation ACAT pour la dignité humaine a voulu honorer Tran Thi Nga pour son activisme et le courage dont elle a fait preuve durant ses trois ans de détention. Un courage incontestable qui n’a pas manqué d’émouvoir l’auditoire lors de la diffusion d’un témoignage vidéo de Tran Thi Nga au cours de la cérémonie. Elle y révèle notamment avoir  subi des pressions, des menaces et de la torture pour lui arracher des aveux de culpabilité mais elle a résisté.

Tran Thi Nga n’a pas pu être à Paris pour recevoir elle-même son prix car il lui est impossible de voyager pour l’instant. Libérée en janvier 2020, elle a été immédiatement exilée de force aux États-Unis avec sa famille. En cela, le régime vietnamien perpétue sa stratégie d’éloignement des activistes les plus influents. Parallèlement, les défenseurs des droits humains continuent d’être arrêtés et condamnés.

En marge de la remise du prix qu’elle a reçu des mains de François Walter, Président de la Fondation ACAT, devant un parterre d’invités et de médias et avec l’appui de l’ACAT, Chi Dang a rencontré plusieurs interlocuteurs institutionnels : Sénat,   CNCDH, UNESCO, ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, François Croquette, ambassadeur pour les droits de l’homme et Michel Forst, rapporteur spécial des Nations Unies sur les défenseurs des droits humains. Elle a également échangé avec des organisations vietnamiennes et internationales de défense des droits humains.

Au cours de ces rendez-vous, Chi Dang a notamment évoqué le sort réservé aux prisonniers politiques vietnamiens, et en particulier aux militantes des droits humains qui subissent des tortures physiques, psychologiques et sexuelles derrière les barreaux.

Dans ce contexte, les autorités françaises et la communauté internationale ne doivent pas se laisser duper par une libération anticipée comme celle de Tran Thi Nga.

Si le Vietnam libère environ un défenseur par an – en général les plus connus sur le plan international –  il en emprisonne plusieurs dizaines dans le même temps. C’est une réserve qui n’est pas prête de tarir, à moins que la communauté internationale ne prenne ses responsabilités et se décide à rappeler le Vietnam à ses obligations internationales.

Ce qui fait dire à Jade Dussart, Responsable programme & plaidoyer Asie à l’ACAT, qu’ « aujourd’hui, le Vietnam tente par quelques actions d’éclat et beaucoup de lobbying politique de faire oublier qu’il porte atteinte de façon quotidienne aux droits fondamentaux de millions de ses citoyens, et ce malgré leur inscription en bonne place dans la Constitution vietnamienne. En violation manifeste des traités internationaux, le Vietnam, dirigé par le Parti Communiste Vietnamien sans interruption depuis 1976 , continue de contrevenir à la liberté d’expression, d’information, d’association,  d’opinion et de croyances, et persiste à torturer, tabasser, affaiblir et harceler. »

En ayant ratifié cette semaine un traité de libre-échange avec le Vietnam, dont la société civile s’accorde à dire qu’il constitue un véritable blanc-seing pour le pouvoir en place, l’Union européenne, elle-même, ne tombe-t-elle pas dans le piège ?

Dans ce contexte, on comprend aisément l’appel de Tran Thi Nga en conclusion de son message vidéo : « Grâce à votre compassion et votre soutien, j’ai recouvré ma liberté, et je vous en remercie tous sincèrement. Mais je vous en prie, ne cessez pas d’aider celles et ceux qui languissent encore en prison au Vietnam. Ils sont encore nombreux à languir derrière des barreaux, et ils ont besoin de votre aide. Continuez de vous battre à nos côtés. »

Contact presse :

communication@acatfrance.fr / Téléphone  01 40 40 74 10

© Crédit photo : Agnès Deschamps


 

Tran Thi Nga, laureate of the 2019 ACAT Foundation award: “Keep fighting by our side!”

 

On 1 February 2020, the 2019 ACAT Foundation award (Engel-du Tertre human rights prize) was bestowed to Tran Thi Nga, a human rights defender from Vietnam. Chi Dang, a Canada-based lawyer and human rights activist received the award on her behalf in Paris. During her 10-day stay in the French capital, Chi Dang undertook an advocacy tour and met with several organisations and officials.

Through this award, the ACAT Foundation for human dignity wished to honour Tran Thi Nga for her activism and the courage she demonstrated during her three years in detention. Her undeniable courage did not fail to move the audience when a video testimony from Tran Thi Nga was screened during the ceremony. In detention, she was pressured, threatened and tortured in order to extract confessions from her, but she resisted.

Tran Thi Nga was unable to travel to Paris to accept her award in person. After she was released in January 2020, she was immediately exiled to the United States with her family. The Vietnamese regime is thus perpetuating its strategy of using forced exile to keep the most influential activists away from the country. Meanwhile, human rights defenders continue to be arrested and convicted.

In addition to the ceremony during which she received the award from François Walter, President of the ACAT Foundation, in front of an audience of guests and the media, Chi Dang met several institution representatives, with the support of ACAT: the French Senate, the National Consultative Commission on Human Rights (CNCDH), the UNESCO, the French Ministry of Europe and Foreign Affairs, as well as François Croquette, Ambassador at large for human rights and Michel Forst, UN Special Rapporteur on Human Rights Defenders. She also met with Vietnamese and international human rights organisations operating in Paris.

During these meetings, Chi Dang raised the fate of Vietnamese political prisoners, particularly women human rights defenders who suffer physical, psychological and sexual torture behind bars.

In this context, the French authorities and the international community must not be fooled by early releases such as Tran Thi Nga’s.

While Vietnam releases about one defender a year - usually the most renowned internationally - it imprisons several dozen at the same time. This supply of activists is not likely to run out anytime soon, unless the international community shoulders its responsibilities and decides to remind Vietnam of its international obligations.

According to Jade Dussart, Asia Programme & Advocacy Manager at ACAT:

"Today, Vietnam is trying, with a few dazzling actions and a lot of political lobbying, to detract from the fact that it violates the fundamental rights of millions of its citizens on a daily basis, despite their enshrinement in the Vietnamese Constitution. In clear violation of international treaties, Vietnam, ruled by the Vietnamese Communist Party without interruption since 1976, continues to violate freedom of expression, information, association, opinion and belief, and persists in torturing, beating, weakening and harassing."

By ratifying this week a free trade agreement with Vietnam, despite it being deemed by civil society a blank check for the authorities, is the European Union itself not falling into the trap?

In this context, it is easy to understand Tran Thi Nga's appeal at the end of her video testimony:

"Thanks to your compassion and support, I have regained my freedom, and I thank you all sincerely. But please don't stop helping those who are still languishing in prison in Vietnam. Many are still languishing behind bars, and they need your help. Please keep fighting by our side."

 

 

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