Nouvelle série d’attaques contre les défenseurs des droits de l’homme
Le 9 mars 2016, deux attaques quasiment simultanées ont été menées contre des défenseurs des droits de l’Homme et des journalistes et les locaux de l’une des rares ONG travaillant encore en Tchétchénie, le Comité pour la Prévention de la Torture, un des principaux partenaires de l’ACAT en Russie. Ces attaques qui s’inscrivent dans un contexte devenu insoutenable pour les défenseurs des droits de l’Homme ne doivent pas demeurer impunies.
Alors qu’ils se trouvaient dans un véhicule, à 500 mètres du poste frontière entre l’Ingouchie à la Tchétchénie, des membres d’un collectif d’experts mis en place par le Comité pour la Prévention de la Torture enquêtant sur les violations des droits de l’homme (le Joint Mobile Group) et des journalistes russes et étrangers ont été attaqués. Leur véhicule s’est vu barrer la route par plusieurs voitures. Une vingtaine d’hommes masqués sont descendus des voitures, ont fait sortir les passagers. Ils les ont ensuite passé à tabac à coup de bâtons et ont mis le feu au minibus. Plusieurs passagers ont dû être hospitalisés, tous étaient choqués. Selon l’un des journalistes présent, l’attaque était ciblée et orchestrée par Ramzan Kadyrov ; les agresseurs savaient très bien qui ils visaient.
Quelques heures plus tard, les locaux du Comité pour la Prévention de la Torture à Karaboulak en Ingouchie (République du Caucase du nord au sein de la Fédération de Russie) ont été investis par des hommes armés et cagoulés, qui seraient arrivés à bord de 5 véhicules.
Au cours des dix dernières années, les actes de harcèlement, les attaques et les assassinats de défenseurs des droits de l’Homme se sont multipliés en Russie et en Tchétchénie. Journalistes d’investigation et défenseuses des droits de l’Homme ; Anna Politkovskaïa et Natalia Estemirova ont respectivement été assassinées en 2006 à Moscou et en 2009 en Ingouchie. En décembre 2014 et en juin 2015, les locaux du Comité pour la Prévention de la Torture situés à Grozny avaient été attaqués et saccagés. Fin 2015, après avoir critiqué Ramzan Kadyrov, les représentants de l’ONG avaient assisté impuissants à la perquisition des locaux de l’ONG et de leurs domiciles.
Aucune véritable enquête n’a été menée dans aucune de ces affaires et les responsables demeurent impunis.
Depuis plusieurs mois, Ramzan Kadyrov, président de la Tchétchénie, s'est lancé dans une campagne contre les opposants à Vladimir Poutine, les médias et les défenseurs des droits de l’Homme, ainsi que toute forme d’opposition, qu'il qualifie de « traîtres à la patrie » et « d’ennemis du peuple ».
L’ACAT dénonce vivement ces attaques et rappelle que le Comité contre la Torture des Nations Unies sera amené à examiner la Russie en 2017.
Contact presse :
Pierre Motin, 01 40 40 99 69 / 06 12 12 63 94 pierre.motin@acatfrance.fr
Note aux rédactions :
- L’ACAT avait publié en novembre 2014 un rapport sur la torture en Russie en partenariat avec plusieurs ONG russes de défense des droits de l’homme, dont le Comité contre la torture, devenu depuis le Comité pour la prévention de la torture : http://www.acatfrance.fr/rapport/les-multiples-visages-de-la-torture