Cookie Consent par FreePrivacyPolicy.com
France
Communiqué

Décès durant une expulsion à Roissy : la lumière doit être faite sur ce drame

Un homme est mort le 21 août à bord d’un fourgon de police qui le menait vers l'aéroport de Roissy afin de procéder à son expulsion. L’ACAT souligne que le recours à la force et à certaines techniques d’intervention peuvent constituer un traitement cruel, inhumain et dégradant.
france_fourgon_police
Crédits : Kevin B. / Wikimedia Commons
Le 27 / 08 / 2014

Abdelhak Goradia, un Algérien de 51 ans est mort le 21 août à bord d’un fourgon de police qui le menait vers l'aéroport de Roissy afin de procéder à son expulsion. L’ACAT demande que la lumière soit faite sur ce décès, et souligne que le recours à la force et à certaines techniques d’intervention constituent, si elles ne sont pas nécessaires et proportionnées, un traitement cruel, inhumain et dégradant [1].

« Il est nécessaire de s’assurer que les agents qui mènent des expulsions respectent la dignité physique et morale des personnes expulsées. Les personnes retenues dans les centres rapportent souvent un usage excessif de la force par les escortes policières pendant les tentatives d’expulsion. » selon Nordine Drici, directeur des programmes à l’ACAT. « Nous souhaitons que la nouvelle Contrôleur général des lieux privatifs de liberté, Adeline Hazan, se saisisse de cette question, la documente et formule des recommandations. »

Au regard des premiers résultats de l'autopsie, la justice a décidé de diligenter le vendredi 22 août une enquête pour homicide involontaire afin d’éclaircir les circonstances du décès. En parallèle de l'enquête judiciaire, une autre enquête a été confiée à l'Inspection générale de la police nationale. Une première tentative d’expulsion avait dû être abandonnée le 16 août, et le ressortissant algérien avait été reconduit au centre de rétention administrative de Vincennes. Il s’opposait à son renvoi en Algérie et, selon les informations à disposition, n’avait jamais fait état de problèmes de santé depuis son arrivée dans ce centre.

Neuf cas de décès sont survenus en Europe ces dernières années [2], lors de procédures de retour forcé en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en France, en Hongrie, au Royaume-Uni et en Suisse [3]. Ces décès pourraient très probablement être évités en renforçant les mesures de contrôle par la présence d’observateurs indépendants, à compter de la décision de renvoi jusqu’à l’arrivée et la prise en charge de la personne expulsée par les autorités du pays de destination. C’est le cas, par exemple, aux Pays-Bas, où une commission indépendante a été mise en place pour superviser l’ensemble du processus des retours forcés.

Selon l’avocat du défunt, il semble que toutes les voies de recours n’avaient pas été épuisées avant de procéder à l’expulsion. Une nouvelle audience avec le juge était prévue pour le 28 août. « Les personnes susceptibles d’être refoulées doivent avoir épuisées toutes les voies de recours juridiques possibles avant que les autorités procèdent  à l’expulsion » rappelle Nordine Drici [4].

La situation dans le centre de rétention administrative de Vincennes reste tendue. Un groupe de sans-papiers retenus a décidé d’entamer une grève de la faim en fin de semaine dernière pour protester contre le décès d’Abdelhak Goradia et pour que les circonstances et responsabilités du décès soient clairement établies.

Contact presse :

Pierre Motin, 01 40 40 40 24 / 06 12 12 63 94 pierre.motin@acatfrance.fr

Notes aux rédactions :

  • [1] Selon les normes du Comité européen pour la prévention de la torture, le recours à des mesures coercitives ou de contrainte doit être limité au strict nécessaire, dans les cas où la personne à éloigner représente un danger pour elle-même ou pour les personnes intervenant dans le processus d’éloignement. Les techniques d’intervention des agents en charge des renvois forcés doivent donc être conformes aux principes de nécessité et de proportionnalité.
  • [2] Lire le rapport de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe sur ce sujet : http://assembly.coe.int/ASP/Doc/XrefViewPDF.asp?FileID=20252&Language=FR, p. 10
  • [3] Le 17 mars 2010, un demandeur d’asile nigérian est mort à l’aéroport de Zurich au moment où il allait être embarqué dans un vol spécial qui devait le ramener, avec quinze autres compatriotes, à Lagos. Selon le communiqué de la police cantonale de Zurich, il avait tenté de « s’opposer à l’expulsion » et n’avait « pu être attaché que par la force ». Il avait rendu l’âme sur le tarmac de l’aéroport.
  • [4] En 2012, plus de 60 % des étrangers ont été expulsés avant même d'avoir vu le juge des libertés et de la détention. Dans un récent rapport, l’Observatoire de l’enfermement des étrangers (OEE), est préoccupée par la possibilité d’éloigner un étranger avant même que la cour d’appel ou la cour administrative d’appel saisie d’une demande d’effet suspensif ne se prononce. Le double degré de juridiction est pourtant une garantie déterminante dans l’appréciation du droit au recours effectif.

Articles associés

Article
Police_by-Delphotostock
France

Et si on parlait enfin de la police du 21ème siècle ?

Le 14 / 03 / 2023
Des techniques d'immobilisation dangereuses, des recours à la force armée à l'origine de dommages physiques parfois graves... En cette Journée internationale contre les violences policières, le constat de l'ACAT-France en matière de maintien de l'ordre en France est accablant. Et à rebours de nos attentes pour une police du 21ème siècle. L'ACAT-France livre son analyse.
Appel du mois
WEB 1160 x 600_ACTU 2023-03
France

J’agis pour le respect des droits humains

Le 20 / 02 / 2023
Le 1er mai 2023 un groupe de travail du Conseil des droits de l’Homme se réunit pour l’Examen périodique universel de la France. L’occasion unique de partager notre bilan sur l’effectivité des droits humains en France.
Communiqué
Gerald-Darmanin-2021
France

Stop à l’enfermement administratif des enfants

Le 01 / 02 / 2023
Le projet de loi immigration, présenté ce jour en conseil des ministres, prévoit l’interdiction du placement des enfants de moins de 16 ans en centre de rétention à l’horizon 2025. Nos 21 organisations saluent ce premier pas indispensable mais appellent les parlementaires à se mobiliser pour mettre un terme définitif et sans délai à l’enfermement administratif de tous les enfants.