Zhang Zhan va mourir
Arrêtée en mai 2020 et condamnée quelques mois plus tard à quatre années d’emprisonnement pour le seul fait d’avoir voulu informer ses concitoyens sur la situation à Wuhan lors du pic de la pandémie de Covid-19, Zhang Zhan est détenue dans une prison de Shanghai dans des conditions inhumaines depuis plus de 18 mois. Sa vie est aujourd’hui en danger.
Ayant refusé de contester en appel sa condamnation de décembre 2020, elle se retrouve privée du soutien de son avocat fin 2020. Depuis janvier 2021, elle n’a plus reçu aucune visite.
Voulant protester contre ces conditions de détention indignes, Zhang Zhan a pris la décision de reprendre sa grève de la faim qu’elle avait déjà suivie avant son procès. Elle avait alors été nourrie de force, en violation des règles internationales sur le traitement des détenus.
Elle devient de plus en plus faible. Sa famille, qui se rend aux portes de la prison pour la voir est interdite de visite. Seul un entretien par appel vidéo sera accordé à sa mère.
Le 31 juillet 2021, elle est hospitalisée dans un état critique. Elle quitte l’hôpital 10 jours plus tard et est à nouveau incarcérée au sein de la prison pour femmes de Shanghai alors que son état n’est plus compatible avec un maintien en détention.
En octobre 2021, sa mère, qui s’est plusieurs fois rendue devant la prison pour rencontrer sa fille sans succès obtient de pouvoir s’entretenir avec elle par appel vidéo. Elle explique après cet échange que sa fille est gravement affaiblie, ne pouvant maintenir sa tête droite durant l’entretien, n’en ayant pas la force. Elle n’est plus en mesure de se déplacer seule. Elle ne pèserait plus que 40 kilos alors qu’elle mesure 1,77 m. Sur Twitter, son frère Zhang Ju, affirmait le 30 octobre qu’« elle ne passera peut-être pas l’hiver ». Il poste une photo d’elle, heureuse et épanouie, en expliquant vouloir garder cette image positive et joyeuse de sa sœur qu’il craint de ne plus jamais revoir vivante.
Le 15 novembre 2021, les parents de Zhang Zhan déposent une demande de libération pour motif médical. Une libération immédiate est la seule voie possible.
La situation suscite d’autant plus l’inquiétude que de nombreux militants détenus arbitrairement sont morts en détention ou peu de temps après leur libération des prisons chinoises. Ce fut le cas du prix Nobel de la paix Liu Xiaobo, décédé en détention après que les autorités eurent refusé de recevoir un traitement à l'étranger pour son cancer en 2017. La même année, l'écrivain chinois Yang Tianshui est décédé trois mois après avoir été libéré sur parole pour raison médicale et avoir subi une opération pour retirer une tumeur au cerveau.
Plus récemment le jeune moine tibétain, Tenzin Nyima, âgé de 19 ans, est lui aussi mort peu de temps après sa sortie de prison. Une enquête indépendante menée par HRW a pu déterminer qu’il est décédé suite aux tortures subies en détention et à la malnutrition au sein de la prison. Son seul crime était d’avoir distribué des tracts en faveur de l’indépendance du Tibet et d’avoir fait connaitre la répression qu’il avait subie pour ses actes pacifiques.