Je soutiens les abolitionnistes en RDC !
Alors que le continent africain suit globalement une dynamique abolitionniste depuis plusieurs années, les autorités congolaises ont décidé de lever le moratoire sur l’exécution de la peine de mort. Cette décision, qui va à l’encontre des engagements internationaux de la République démocratique du Congo et des promesses de s’engager davantage dans le respect des droits humains, a été communiquée dans une note circulaire datant du 13 mars 2024. Elle intervient dans un contexte de conflit armé dans l’est de la RDC, dans lequel le Rwanda et l’Ouganda apportent, selon un rapport des Nations unies (ONU), un soutien militaire aux rebelles du M23, en conflit avec l’Etat congolais. Face à une rébellion qui gagne en intensité et à une armée congolaise qui montre des difficultés militaires sur le terrain, le gouvernement congolais a décidé de reprendre les exécutions « en vue de débarrasser l’armée de la RDC des traîtres et d’endiguer la recrudescence d’actes de terrorisme urbain, entrainant mort d’hommes ».
La peine de mort, qui n’a jamais été abolie en RDC, faisait l’objet d’un moratoire depuis 2003. Les condamnations à mort étaient remplacées par des peines de prison à perpétuité. Avec la levée du moratoire, la RDC fait un retour en arrière en matière de défense du droit à la vie. Cette décision viole le principe constitutionnel de sacralité de la vie humaine et plusieurs pactes internationaux auxquels la RDC est partie. Contrairement à l’argumentaire des autorités congolaises, l’utilisation de la peine de mort ne va pas endiguer la violence. Au contraire, elle va desservir la justice et la paix en consolidant un usage institutionnalisé de la violence comme réponse aux causes structurelles des conflits en RDC et des problèmes de criminalité.
Le 22 mars 2024, les évêques de la RDC, réunis au sein de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), ont fait part de leur « consternation » et rappelé leur « engagement inconditionnel pour la défense de la vie et l’abolition de la peine de mort ». Pour les évêques congolais, la volonté d’endiguer la recrudescence du terrorisme et du banditisme urbain « ne peut en aucun cas justifier le recours à la peine capitale ». Dans une société gangrénée par la violence et les injustices, avec une justice « malade » comme le définit lui-même le chef de l’Etat congolais, « le rétablissement de la peine de mort vient renforcer la banalisation de la vie humaine » rappelle la CENCO.