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Égypte
Communiqué

Un blogueur égyptien battu et détenu

Alaa Abd el-Fattah, blogueur et figure de proue de la jeunesse révolutionnaire laïque égyptienne a été arrêté par les forces de police le 28 novembre 2013.
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Alaa Abd el-Fattah a été arrêté le 28 novembre 2013. Il est détenu à l’isolement depuis lors. L’ACAT demande sa libération immédiate.

Il est reproché à Alaa Abd el-Fattah d’avoir incité à manifester en violation d’une nouvelle loi adoptée le 24 novembre, qui oblige les organisateurs de rassemblements à prévenir les autorités trois jours avant leur tenue et qui réserve au ministère de l'Intérieur le droit d'opposer son veto à tout rassemblement de plus de dix personnes.

Des agents ont fait irruption au domicile d’Alaa Abd el-Fattah à 22 heures. Quand lui et son épouse, Manal Hassan, ont demandé à voir leur mandat, les policiers les ont battus. Ils ont embarqué le jeune homme et confisqué leurs ordinateurs et téléphones portables.

Cette arrestation fait suite à la publication d’un mandat d’arrestation à l’encontre du blogueur après sa participation à une manifestation devant le sénat égyptien deux jours plus tôt. Les manifestants qui protestaient contre le maintien dans la nouvelle constitution d’un article permettant aux tribunaux militaires de juger des civils, ont été violemment réprimés par la police. Au moins 70 personnes ont été arrêtées sur place parmi lesquelles des militants des droits de l’homme, des journalistes et des avocats.

Selon Hélène Legeay, responsable des programmes Moyen-Orient à l’ACAT, « l’arrestation d’Alaa Abd el-Fattah et les mauvais traitements qui lui ont été infligés sont clairement dus à son activité politique [1]. Les autorités égyptiennes doivent le relâcher immédiatement. »

La nuit suivant son arrestation, Alaa Abd el-Fattah a passé 12 heures dans une cellule glaciale avec pour seul habit son pyjama, les mains attachées dans le dos et les yeux bandés avec un linge sale, ce qui lui a causé une infection à l’œil.

Le lendemain, après un entretien avec le procureur en présence de son avocat, Alaa Abd el-Fattah a été conduit vers un hôpital afin de soigner son infection à l’œil et la blessure à la tête résultant des coups infligés pendant son arrestation. Il a ensuite été transféré à la prison de Thora, où il est détenu à l’isolement pour dix jours. Il est ainsi enfermé seul dans une cellule dont il ne sort jamais et peut uniquement communiquer avec les autres détenus en parlant au travers des murs.

« L’arrestation d’Alaa Abd el-Fattah et d’autres manifestants est le signe de la résurgence des pratiques répressives de l’ancien régime », déplore Hélène Legeay. C’est en effet la première fois depuis le coup d’État militaire du 3 juillet renversant le régime islamiste de l’ex-président Mohammed Morsi que l’armée réprime violemment une manifestation organisée par l’opposition laïque.

Le 29 novembre, l’ACAT a saisi le Rapporteur spécial des Nations unies sur la torture pour lui demander d’intervenir auprès des autorités égyptiennes afin de s’assurer que son intégrité physique et psychologique soit respectée.

Contact presse :

Pierre Motin, 01 40 40 99 69 / 06 12 12 63 94 pierre.motin@acatfrance.fr

Note aux rédactions :

[1] Alaa Abd El Fattah avait été emprisonné sous le régime de Moubarak pendant 45 jours puis par le Conseil suprême des forces armées en 2011, au retour d'une conférence autour du numérique à San Francisco à laquelle il donnait une présentation. Il a également fait face à des accusations destinées à intimider la protestation lors de la présidence de Mohamed Morsi.

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