Ouzbékistan
Communiqué

Un massacre oublié

9 ans après le massacre d'Andijan, rien n’a été fait pour établir les responsabilités dans cet épisode qui a marqué un virage particulièrement répressif de l'État ouzbek.
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Bientôt une décennie que le massacre d’Andijan a été commis en Ouzbékistan. Les victimes attendent toujours la vérité et la justice, mais c’est la répression, l’impunité et le silence qui dominent.

En mai 2005, des manifestations ont lieu dans la ville d’Andijan pour protester contre le chômage, les répressions du régime et le procès de 23 petits entrepreneurs. Le 13 mai, des troupes spéciales et des blindés sont dépêchés sur place pour réprimer ce mouvement qui prend de l’ampleur. Sans aucune sommation, les soldats ouvrent le feu à la mitrailleuse lourde sur la foule désarmée. Des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants sont tués.

Combien exactement ? Qui sont les victimes ? « Neuf ans plus tard, nous ne connaissons toujours pas le nombre exact de victimes du massacre d'Andijan, ni leurs noms. Les personnes qui ont tenté d’enquêter ont été emprisonnées et torturées. Il est impossible d'en parler en Ouzbékistan. Les défenseurs des droits de l’homme sont détenus ou contraints à l’exil, la presse est muselée », déclare Christine Laroque, responsable des programmes Asie / Russie à l’ACAT. Le journal « Nouvelles d’Ouzbékistan » a été condamné en novembre dernier pour « promotion du terrorisme ». Motif : il avait publié par erreur une photo prise à Andijan au moment de ce drame pour illustrer un article sur un tout autre sujet.

Qui sont les auteurs de ce massacre ? « Personne n’a jamais été inquiété pour avoir ordonné ou participé à cette répression sanglante.  Le gouvernement ouzbek a toujours refusé la mise en place d’une enquête internationale» estime Christine Laroque. « Non seulement, rien n’a été fait pour établir les responsabilités, mais cet épisode a marqué un virage particulièrement répressif de l'État ouzbek. Depuis, les violations des droits de l'homme ont empiré. »

Des journalistes indépendants, des opposants politiques et des militants des droits de l’Homme sont emprisonnés et torturés. L’ACAT est particulièrement préoccupée par la situation de treize prisonniers qu’elle suit de près depuis plusieurs années : Abdurasul Khudoinazarov, Akzam Turgunov, Azam Formonov, Dilmurod Saidov, Fahruddinov Ruhiddin, Ganihon Mamatkhanov, Gaibullo Jalilov, Nasim Isoqov, Isroiljon Holdarov, Mukhammed Begjanov, Murod Juraev, Zafarjon Rahimov, Solijon Abdurakhmanov. « Tous sont soumis à des actes de torture ou à des traitements cruels, inhumains ou dégradants, une pratique systématique dans les lieux privatifs de liberté », déclare Christine Laroque. Les détenus y subissent des passages à tabac, des chocs électriques, des humiliations sexuelles, des placements à l’isolement cellulaire, des menaces de représailles à l’encontre de leurs proches. Malgré un état de santé critique, certains de ces prisonniers se voient refuser un accès aux soins médicaux. Certaines familles ne peuvent rendre visite à leur proche, comme celle de Mukhammed Begjanov, lauréat du prix Reporters sans frontières pour la liberté de la presse 2013. Vivant aux États-Unis, la famille Begjanov se voit constamment refuser un visa.

Maintenues en détention depuis de longues années, ces détenus voient leur peine prolongée de façon tout à fait arbitraire. Le militant des droits de l’homme Ganihon Mamatkhanov devait être libéré en mars 2014 après quatre ans et demi de prison. Sa peine vient d’être prolongée de trois années supplémentaires pour « violation du règlement pénitentiaire ».

Face au silence et à l’oubli que le régime ouzbek veut imposer à tout prix à la fois sur le massacre d’Andijan et sur les violations des droits de l’homme dans le pays, il est indispensable que la communauté internationale garde les yeux ouverts et renforce son soutien aux victimes, à leurs familles et aux associations qui continuent à demander la vérité, la justice et le respect des droits fondamentaux en Ouzbékistan. 

Contact presse :

Pierre Motin 01 40 40 40 24 / 06 12 12 63 94 pierre.motin@acatfrance.fr

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