La peine de mort d'Asia Bibi confirmée
La Pakistanaise chrétienne Asia Bibi, condamnée il y a quatre ans à la peine de mort pour blasphème, a vu son appel rejeté jeudi 16 octobre. L’ACAT exhorte le président pakistanais, Mamnoon Hussain, d’exercer son droit de grâce en faveur d’Asia Bibi.
Selon Christine Laroque, responsable Asie à l’ACAT, « Asia Bibi doit enfin être laissée en paix et pouvoir vivre avec ses cinq enfants. Le président pakistanais, qui dispose du droit de grâce, doit l’exercer de toute urgence en sa faveur. La peine de mort est inacceptable en toute circonstance. Cette parodie de justice a assez duré. »
Par l'intermédiaire de la journaliste Anne-Isabelle Tollet, qui a co-écrit le livre "Blasphème" avec la prisonnière, Asia Bibi et sa famille ont lancé un appel à Malala Yousafzai, la jeune Pakistanaise lauréate du prix Nobel de la paix 2014, afin qu'elle relaie la demande de grâce adressée au président pakistanais Mamnoon Hussain.
Asia Bibi avait été condamnée à mort pour blasphème [1] en novembre 2010 pour avoir insulté le prophète Mahomet, comme l’en avaient accusé des femmes musulmanes de son village. Les avocats d’Asia Bibi avaient fait appel, mais la Haute cour de la ville de Lahore a rejeté hier son appel. Ses avocats veulent désormais déposer un recours auprès de la Cour suprême pakistanaise.
« Au Pakistan, au moins 226 nouvelles condamnations à mort ont été prononcées en 2013 et au moins 8526 personnes se trouvaient sous le coup d'une condamnation à la peine capitale à la fin de l'année [2], mais une seule personne a été exécutée depuis 2011.Néanmoins, en raison des vives tensions créées dans le pays par la médiatisation de son cas, Asia Bibi court un risque réel pour sa vie » ajoute Christine Laroque, de l’ACAT.
En 2011, le gouverneur du Pendjab Salman Taseer et le ministre fédéral des affaires religieuses Shahbaz Bhatti, qui avaient pris position en faveur d’Asia Bibi, ont été assassinés.
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Notes aux rédactions :
- [1] Les lois sur le blasphème ont été adoptées au cours des années quatre-vingt. L’usage de remarques désobligeantes envers des personnes révérées par l’islam (article 295-A du code pénal pakistanais), la profanation du Coran (article 295-B), la profanation du nom du prophète Mahomet (article 295-C), sont actuellement des infractions passibles de la peine de mort. Les accusations de blasphème, souvent basées sur des inimitiés personnelles, se soldent parfois par des assassinats de musulmans et de membres de minorités religieuses, sans que la police ne prenne de mesure pour les protéger. Asia Bibi est la première femme à être condamnée à mort au Pakistan en vertu des lois sur le blasphème.
- [2] Le recours à la torture est répandu dans le couloir de la mort. Parmi les actes récurrents, on compte le passage à tabac, les coups de fouet à l’aide d’une canne ou d’une corde, l’arrachage d’ongles, le frottement des yeux avec du piment, la suspension de la victime par les pieds ou les bras, ou la mise à nu.
- Consulter notre fiche sur la torture au Pakistan : http://www.acatfrance.fr/un-monde-tortionnaire/Pakistan