Chine
Communiqué

La France doit condamner l’arrestation des avocats des droits de l’homme

11 avocats chinois détenus depuis juillet 2015 ont été accusés de « subversion du pouvoir de l’Etat » ou « d’incitation à la subversion du pouvoir de l’Etat » cette semaine. L’ACAT est profondément inquiète de leur sort étant donné l’omniprésence de la torture dans les geôles chinoises et appelle les autorités françaises à rompre leur silence sur ces événements.
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11 avocats chinois détenus depuis juillet 2015 ont été accusés de « subversion du pouvoir de l’Etat » ou « d’incitation à la subversion du pouvoir de l’Etat » cette semaine. L’ACAT est profondément inquiète de leur sort étant donné l’omniprésence de la torture dans les geôles chinoises et appelle les autorités françaises à rompre leur silence sur ces événements.

Depuis le début de l’année, six avocats (Li Shuyun, Liu Sixin, Wang Quanzhang, Wang Yu, Zhao Wei et Zhou Shifeng) ont été accusés de « subversion du pouvoir de l’Etat » et trois (Bao Longjun, Xie Yang et Xie Yanyi) « d’incitation à la subversion du pouvoir de l’Etat ». Gao Yue a elle été accusée « d’aider à la destruction de preuves » et Wang Qiushi, avocat de la défense de Wang Quanzhang, placé en « résidence surveillée dans un lieu désigné » le 10 janvier 2016. On reste sans nouvelles des avocats Li Heping et Li Chunfu et des défenseurs des droits de l’Homme Tang Zhishun et Xing Qingxian.

Certains de ces avocats stagiaires et assistants n’ont qu’une vingtaine d’année et n’ont commis d’autre crime que celui d’aider leurs aînés à fournir un conseil juridique à ceux que le pouvoir chinois ignore ou réprime, tels que les paysans expropriés, les dissidents ou les pétitionnaires.

Dans une affaire parallèle, Peter Dahlin, citoyen suédois travaillant pour le China Urgent Action Working Group, a été arrêté à l’aéroport de Pékin alors qu’il se préparait à se rendre en Thaïlande. Sa compagne chinoise a également disparu. Depuis 2009, le China Urgent Action Working Group soutient les « avocats aux pieds nus », qui défendent gratuitement les victimes d’expropriation forcée et de détention arbitraire. Malgré des requêtes répétées, l’ambassade de Suède en Chine n’a toujours pas eu accès à son ressortissant. En empêchant toute communication consulaire, la République populaire de Chine est en violation directe de son propre droit et de la Convention de Vienne sur les relations consulaires.

Ces attaques frontales contre des défenseurs des droits de l’homme ajoutées à d’autres évènements du même type qui ont marqué l’année 2015 tels que l’arrestation de jeunes féministes chinoises au mois de mars, celle de militants ouvriers au mois de décembre, la condamnation de l’avocat Pu Zhiqiang pour « incitation à la haine ethnique » et l’expulsion d’Ursula Gauthier, journaliste de l’Obs le 31 décembre 2015 souligne la posture de plus en plus agressive du pouvoir chinois.

La stratégie des autorités françaises qui consiste à se taire de façon systématique sur ces questions - même lorsque des ressortissants français sont menacés - au nom du développement des relations économiques franco-chinoises est un double échec. D’une part, les parts de marchés françaises  en Chine stagnent depuis des années, de l’autre, la France perd chaque jour un peu plus de sa crédibilité dans l’Empire de milieu. « Alors que le cinquantenaire des relations bilatérales a été célébré en grande pompe en 2014, il serait peut-être temps de changer d’attitude,  toute relation « d’amitié » impliquant que l’on puisse discuter ouvertement des sujets qui fâchent » selon Charles Desfarges, chargé de la Chine pour l’ACAT.

Contact presse :

Pierre Motin, 01 40 40 40 24 / 06 12 12 63 94 pierre.motin@acatfrance.fr

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