Flash-ball : trois nouvelles victimes la semaine dernière, dont deux mineurs
Amine, 14 ans, Bakari, 16 ans, et Tarik Malki, 26 ans ont tous été blessés la semaine dernière en marge d’interventions policières dans des quartiers populaires de la banlieue de Paris. A l’origine de ces blessures, une seule et même arme mutilante, le « Flash-ball ». Une arme dont l’usage était à l’origine limité aux prises d’otage, mais dont l’usage s’est banalisé.
Amine a reçu un tir dans le bas ventre qui lui a gravement endommagé un testicule, dans la nuit du 13 au 14 juillet, alors qu’il lançait de simples pétards avec des amis dans son quartier à Argenteuil. La même nuit, Bakari, aux Mureaux, reçoit un tir au niveau de la pommette et du bas de l’oeil. Enfin, Tarik Malki a été blessé vendredi 17 juillet au niveau de la tête par un tir de Flash-ball, les photos montrent une blessure impressionnante au niveau du front, qui lui a valu 24 points de suture. Il doit passer des examens pour évaluer les conséquences de ce tir sur sa santé.
Une arme mutilante dont l’utilisation par les forces de police s’est amplement banalisée
Ces dix dernières années, l’ACAT a pu recenser près de 40 blessés graves à la suite d’un tir de LBD. Les victimes sont dans leur grande majorité des jeunes entre 18 et 25 ans et les mineurs ne sont pas épargnés. « La police tire sur des mineurs sans évaluer la situation, sans aucune conscience du drame que cela peut causer. Le « Flash-ball » est pourtant une arme extrêmement dangereuse, qui frappe violemment les corps » selon Salomé Linglet responsable prison, police et justice à l’ACAT.
Cette arme introduite en 1995 était au départ réservée à des situations extrêmes [1]. Les LBD, dits « Flash-ball », sont progressivement devenus des armes de prédilection dans le cadre d’opérations de maintien de l’ordre. Au moindre risque d’attroupement en milieu urbain, les policiers en sont équipés.
Le « Flahsball superpro » n’est pas le seul en cause
Pour le ministère de l’Intérieur et la hiérarchie policière, l’usage de la force par la police et la gendarmerie est toujours strictement encadré par les principes de nécessité et proportionnalité. L’Inspection générale de la police parle de bavures policières dues à l’imprécision d’un seul type de LBD, le Flashball superpro, qui doit être retiré des équipements à terme. « Le problème ne provient pas d’une simple imprécision du tir mais bien d’une banalisation de l’usage de cette arme. En l’occurrence, les policiers ont tiré sur des mineurs inoffensifs. Où sont la nécessité et la proportionnalité de l’usage de la force ? Une prise de conscience politique est nécessaire. Il faut qu’un contrôle externe et indépendant des forces de polices s’instaure au plus vite pour que les abus de ce type cessent. » explique Salomé Linglet.
Le Défenseur des droits a demandé vendredi 21 juillet un moratoire sur l’utilisation des lanceurs de balles de défense (LBD) de type « Flash-ball Super pro » et l’interdiction de leur utilisation durant les manifestations. L’ACAT considère que ces recommandations ne vont pas assez loin, et demande l’interdiction de tous les LBD.
Selon Salomé Linglet, « Les recommandations du défenseur des droits ne sont pas suffisantes. Le moratoire et l’interdiction d’usage en manifestation ne concernent qu’un seul type de lanceur de balles de défense, le "Flash-ball Super pro ". Cette arme, considérée par l’IGPN elle-même comme obsolète, est progressivement remplacée par le "LBD 40*46", un autre type de flash-ball vendu comme plus précis par l’Inspection. Cette nouvelle arme est en réalité tout aussi dangereuse que le "Flash-ball Super pro" et a déjà fait de nombreuses victimes. »
« La dangerosité des LBD ne se réduit pas à une simple imprécision du tir. C’est une arme qui mutile gravement et dont l’usage est amplement banalisé. Pour preuve, dernièrement, les policiers ont tiré sur des mineurs inoffensifs. Pour éviter tout nouveau drame, nous recommandons un moratoire sur ces deux armes et leur interdiction à terme dans tout type d’opération de maintien de l’ordre. »
Contact presse :
Pierre Motin, 01 40 40 40 24 / 06 12 12 63 94 pierre.motin@acatfrance.fr
Notes aux rédactions :
[1] Lors de son introduction au sein de la police en 1995, l’usage de cette arme est limité aux prises d’otage puis son usage s’étend aux « quartiers difficiles » pour éloigner ou tenir à distance des individus particulièrement agressifs, dans le cadre de la stricte légitime défense de soi-même. Aujourd’hui, son usage est possible en cas d’attroupements et de ripostes dans le cadre de la légitime défense des biens et des personnes. (Voir note interne DGPN/DGGN du 2 septembre 2014)