Asile pour les chrétiens d'Irak : gare aux effets d'annonce
François Hollande a annoncé le 20 août que la France allait venir en aide aux chrétiens d’Irak. 8000 demandes de réfugiés irakiens auraient été déposées, et le chef de l’État promet un traitement favorable aux personnes qui ont des liens avec la France [1]. L’ACAT met en garde contre un effet d’annonce et s’inquiète du souhait exprimé par l’Élysée de choisir ses réfugiés.
Le nombre de réfugiés chrétiens d’Irak en France est encore dérisoire [2]. Le chiffre avancé de 8000 demandes s’applique probablement à des demandes de visa déposées – à grand-peine – auprès des autorités consulaires. Cela ne préjuge en rien du sort qui leur sera réservé. Aujourd’hui, l’écrasante majorité des civils irakiens qui veulent fuir la sauvagerie de l’État islamique sont toujours bloqués en Irak. Il est probable que seules quelques familles obtiendront des visas, les autres tenteront peut-être d’arriver par des voies clandestines et se heurteront aux murs – matériels et virtuels – érigés par l’Union européenne autour de l’espace Schengen.
« La France ne s’est pas illustrée par la qualité de l’accueil qu’elle a réservé aux réfugiés syriens, malgré les relances du HCR. Cherche-t-elle par cet effet d’annonce à faire bonne figure ? » s’interroge Eve Shahshahani, responsable asile à l’ACAT.
Il est fondamental que la France accueille un nombre de réfugiés qui reflète pleinement son engagement sur la scène internationale. Mais choisir d’accueillir les seuls réfugiés qui ont des liens avec leur pays d’accueil est contraire au droit international. « Il n’appartient pas au président de choisir ses réfugiés en fonction d’affinités familiales ou culturelles que ceux-ci pourraient avoir avec le pays d’accueil. Outre les chrétiens, les minorités yézidie, shabak, turkmène et toutes les personnes perçues comme des ‘mécréants’ sont actuellement menacées en Irak. »
Selon la convention de Genève, tous les réfugiés, sans discrimination, ont droit à une protection s’ils craignent avec raison d’être persécutés dans leur pays d’origine, ou s’ils sont gravement menacés par des conflits armés ou des situations de violence généralisée.
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Notes aux rédactions :
- [1] Dans une interview donnée au Monde le 20 août, François Hollande a déclaré : « Des chrétiens – et pas seulement eux – ont déposé des demandes pour venir en France parce qu’ils ont des liens ici. Huit mille dossiers ont été déposés, ils seront examinés favorablement en fonction de ce critère. »
- [2] Pour le premier semestre 2014, seules 93 demandes d’asile de ressortissants irakiens ont été enregistrées par l’OFPRA.