France
Communiqué

Affaire Geoffrey Tidjani : jugement en appel du policier condamné pour un tir de lanceur de balle de défense illégal

Du 9 au 11 janvier se tiendra à Paris le procès en appel d’un policier condamné en 2015 pour avoir gravement blessé un lycéen de 16 ans, en faisant usage de son lanceur de balle de défense LBD 40.
Geoffrey_Tidjani

Du 9 au 11 janvier se tiendra à Paris le procès en appel d’un policier condamné en 2015 pour avoir gravement blessé un lycéen de 16 ans, en faisant usage de son lanceur de balle de défense LBD 40 [1]. L’ACAT dénonce l’usage banalisé et disproportionné de ces armes qui ont occasionné autant de blessés graves que les Flashball Superpro.

L’affaire avait été jugée en 2015 par le tribunal correctionnel de Bobigny : le policier avait alors été condamné à un an de prison avec sursis, un an d'interdiction d'exercer et deux ans d'interdiction de port d'arme, pour violences volontaires sur mineur et pour faux et usage de faux en écriture publique. Des accusations très graves pour une personne dépositaire de l'autorité publique.

Les faits remontent à octobre 2010. Alors qu'il participe à une manifestation, Geoffrey Tidjani, 16 ans, est très grièvement blessé au visage par un tir de LBD 40. Pour justifier son tir, le policier invoquait la légitime défense, expliquant que le lycéen avait jeté un projectile et s’apprêtait à en lancer un second. C’est alors pour arrêter Geoffrey dans son élan qu'il affirme avoir dû tirer sur le jeune homme à deux reprises.

Pourtant, une vidéo prise par des témoins montre une toute autre scène. Les images sans équivoque ont permis de démentir totalement la version du gardien de la paix, en démontrant que le lycéen ne menaçait pas les forces de l’ordre. Le tribunal a alors jugé que le tir, illégal, avait été effectué en dehors de toute situation de légitime défense et que le policier avait fait un usage disproportionné de son arme contre le lycéen. « Sans ces vidéos, nous étions peut-être au bord d'une erreur judiciaire », affirmait le procureur de la République lors de l’audience. Le policier avait alors fait appel de ce jugement.

À ce jour, l’ACAT recense au moins 42 blessés graves et un décès à la suite de l’utilisation de lanceurs de balle de défense de type Flashball ou LBD 40, la plupart touchés au visage.

Une illustration de la dangerosité du LBD 40

Cette affaire est la première dans laquelle un policier est condamné pour l’usage d’un LBD 40. Dans son jugement, le tribunal correctionnel évoque « les risques considérables que comporte cette arme, pourtant vendue comme étant le modèle de lanceur de balle de défense le plus avancé et le plus fiable puisque doté d’un viseur électronique intégré ». Si la police nationale a décidé de renoncer à l’utilisation des Flashball en raison de l’imprécision de leurs tirs, elle persiste en effet à recourir aux LBD 40, dont l’usage est largement banalisé.

« Bien que les lanceurs de balle de défense de type LBD 40 soient réputés pour leur grande précision, ils ont à ce jour occasionné tout autant de blessures graves et d’énucléations que les Flashball », déclare Aline Daillère, responsable des programmes police-justice à l’ACAT.

L’ACAT recense à ce jour un nombre égal de blessés graves occasionnés par Flashball et par LBD 40 (18 par Flashball Superpro et 18 par LBD 40) [2]. « Le problème est celui de l’utilisation abusive et disproportionnée de ces armes. Leur nature supposée non-létale désinhibe leurs utilisateurs », ajoute Aline Daillère. L’ACAT demande l’interdiction de ces armes et estime urgent de repenser le maintien de l’ordre en France.

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Notes aux rédactions :

  • [1] Le Flashball Superpro et le LBD 40x46 sont deux lanceurs de balle de défense tirant, à la vitesse d’un TGV, des balles en caoutchouc dont le diamètre est proche de celui d’une balle de golf. Introduites en France en 1995, ces armes étaient au départ réservées à des situations extrêmes. Leur utilisation s’est cependant considérablement développée depuis 2005. Produit par la société française Vernay-Carron, le Flashball Superpro est une arme de courte portée (tir optimal à 10 mètres). Produit par la société suisse Brügger & Thomet, le LBD 40x46 est une arme de plus longue portée (tir optimal à 30 mètres). Muni d’un système de visée électronique, il est réputé être plus précis que le Flashball Superpro.
  • [2] L’ACAT recense à ce jour 42 blessés graves et 1 décès à la suite de l’usage d’un Flashball ou d’un LBD 40, à savoir 18 blessés graves et 1 décès par un tir de Flasball, 18 blessés graves par un tir de LBD 40. Pour les 6 blessés graves restant, les enquêtes doivent encore déterminer laquelle des deux armes était en cause.
  • Violences policières