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Sri Lanka
Communiqué

5 ans après la fin du conflit, torture et règne de l’arbitraire

Cinq ans après la fin du conflit qui a ravagé le Sri Lanka, l’ACAT dénonce un recours à la torture et des violations des droits de l’homme endémiques dans le pays.
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Cinq ans après la fin d’un conflit qui a ravagé le Sri Lanka, l’ACAT dénonce un recours à la torture et des violations des droits de l’homme endémiques dans le pays. Les autorités sri lankaises n’ont aucune volonté d’éradiquer ces pratiques et répriment ceux qui osent dénoncer les atteintes aux droits fondamentaux.

Le 19 mai 2009,  les 25 ans de conflit armé opposant les forces gouvernementales au groupe armé des Tigres tamouls prenaient fin après une violente offensive militaire de l’armée. Aujourd’hui, le gouvernement sri lankais célèbre le cinquième anniversaire de sa victoire et ne cesse d’évoquer la stabilité du pays et la protection des droits de l’homme au Sri Lanka. La guerre peut sembler loin et l’État de droit retrouvé. Pourtant, les atteintes aux libertés fondamentales et en particulier le recours à la torture sont quotidiens.

« Malheureusement, rien n’a changé en cinq ans », constate Christine Laroque, responsable Asie à l’ACAT et auteur d’un rapport approfondi sur le phénomène tortionnaire au Sri Lanka [1]. « La torture demeure une pratique extrêmement répandue et routinière, ancrée dans les habitudes des forces de sécurité.  Aucune de nos recommandations n’a été mise en œuvre. »

« 2014 marque également les 20 ans de l’adhésion du Sri Lanka à la Convention des Nations unies contre la torture », ajoute Christine Laroque. « Étrangement, il n’y a pas de célébration officielle de la part des autorités à ce propos. » Deux décennies après l’engagement pris par le pays de prévenir et réprimer ces pratiques infâmes, l’ACAT et ses partenaires sri lankais continuent de recevoir des allégations de torture quasiment tous les jours.

Parmi ces dossiers, l’ACAT a récemment lancé un  appel concernant M. A.A.Aberathna Bandara, arrêté sans explication ni mandat, en février dernier et torturé au poste de police de Giriulla dans le district de Kegalle. Son épouse, qui n’a été autorisée à le voir qu’au bout de quatre jours de détention au secret, raconte qu’il a été passé à tabac, suspendu par les pieds avec la tête en bas et constamment battu. Quand elle l’a vu, il était incapable de se tenir debout ou de se déplacer seul, en raison des séquelles liées aux coups portés sur la plante des pieds. Aberathna Bandara a été présenté à un magistrat seulement au bout de 39 jours. Celui-ci l’a maintenu en détention sur des fondements fallacieux. Après le dépôt de plainte pour torture, un inspecteur de police a exigé de son épouse de la retirer en échange d’un important pot-de-vin. Face au refus de la famille, il a alors menacé de mort Aberathna.

Ce cas n’est qu’une illustration parmi des centaines d’affaires similaires dans l’ensemble du pays.  « Les cas de torture dont nous avons connaissance ne sont que la partie émergée de l’iceberg » indique Christine Laroque. « Beaucoup de victimes ont peur de parler en raison des menaces et des représailles. Elles estiment dangereux voire inutile de porter plainte car l’impunité des tortionnaires est totale aujourd’hui au Sri Lanka ».

Les autorités cherchent à intimider et faire taire ceux qui tentent d’œuvrer en faveur des droits fondamentaux. En mars dernier, trois éminents défenseurs des droits de l’homme ont été arrêtés, placés en détention et menacés dans le nord du Sri Lanka, au moment même où le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies étudiait une résolution appelant à une enquête internationale sur les crimes de guerre commis pendant le conflit ; enquête que le gouvernement sri lankais persiste à refuser.

La mise en place d’un tel mécanisme visant à établir les faits et les responsabilités dans les exactions commises est absolument indispensable pour lutter contre l’impunité, pour permettre aux victimes de ces crimes de masse d’obtenir justice et pour engager un processus assurant une paix durable. Il est également essentiel que la communauté internationale reste vigilante face aux nombreuses violations commises en toute impunité depuis la fin du conflit, en particulier face à un phénomène tortionnaire qui perdure de façon endémique.

Contact presse :

Pierre Motin - 01 40 40 40 24 / 06 12 12 63 94 pierre.motin@acatfrance.fr

Notes aux rédactions :

  • Torture