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Bonne nouvelle

Salah Hamouri enfin libre!

Après 13 mois de détention administrative en Israël, l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri de 33 ans a été libéré dimanche 30 septembre 2018. Il avait été arrêté le 27 août 2017 et avait passé la quasi-totalité de sa détention dans la prison de Ketziot au Néguev dans le sud d’Israël.
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Après 13 mois de détention administrative en Israël, l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri de 33 ans a été libéré dimanche 30 septembre 2018. Il avait été arrêté le 27 août 2017 et avait passé la quasi-totalité de sa détention dans la prison de Ketziot au Néguev dans le sud d’Israël. Selon l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains, aucune plainte n’a été retenue, avec le seul payement d’une caution de 3 000 shekels (709 euros) lors de sa libération. Autre contrainte : l’interdiction de célébrer sa libération et de participer à des activités militantes pendant trente jours.

Il a pu rejoindre son domicile à Jérusalem-Est, mais demeure séparé de son épouse, Elsa Lefort-Hamouri, et de son jeune fils, tous deux français, ces derniers étant interdit du territoire israélien. A RFI, il déclarait « Le retour de ma femme et de mon enfant, c’est un deuxième combat pour moi, parce que je sais bien que le seul but pour les Israéliens c’est de se débarrasser de moi. Ils veulent m’obliger à sortir du pays ». Lors de son arrestation, il s’apprêtait à se rendre en France pour voir son et son épouse et avait prêté serment au barreau de Ramallah 3 jours avant.

Ce n’est pas la première fois que Salah est confronté aux prisons israéliennes : Après une première détention à 16 ans en 2001, il est détenu pendant cinq mois en 2004, puis condamné à sept ans d’emprisonnement l’année suivante, à l’issue d’un procès inéquitable, pour avoir prétendument fomenté l’assassinat d’un rabbin. Libéré en 2011 dans le cadre de l’« accord Shalit », il avait exprimé son innocence et était devenu enquêteur de terrain pour l’ONG Addameer traitant de la défense des droits détenus palestiniens.

Une détention arbitraire et  en violation au droit à un procès équitable

La raison de sa dernière détention demeure confidentielle, comme c’est pratiquement toujours le cas pour les détentions administratives. Ce régime de détention est particulièrement critiqué car il permet à Israël de priver de liberté des personnes pendant plusieurs mois et renouvelables indéfiniment, sans avoir à notifier les raisons, et donc sans inculpation, ni procès. De plus, beaucoup de détenus ne peuvent pas recevoir de visite de leurs proches voire parfois de leurs avocats. « Comme nous ne pouvions avoir aucune nouvelle pendant son emprisonnement, nous vivions vraiment dans une incertitude, teintée par intermittence d’espoir et de doute. C’est un vrai moyen de torture psychologique », dénonce sa femme Elsa.

Selon cette même ONG palestinienne Addameer, plus de 5 500 Palestiniens sont actuellement détenus dans les prisons israéliennes, dont environ 450 en détention administrative. Depuis 1967, c’est plus de 850 000 palestiniens qui ont été arrêté, soit quasiment 20% de la population palestinienne et 40% des hommes palestiniens en territoires occupés. De plus, Israël poursuit chaque année entre 500 et 700 enfants devant des tribunaux militaires, certains âgés de 12 ans, tout en détenant une moyenne de 200 enfants en toute période. Une tribune dans Le Monde co-signée par l’ACAT-France appelait déjà à la fin de ce régime de détention, auquel de nombreux mineurs, comme Ahed Tamimi depuis libérée, sont également soumis.

Ce régime de détention permet à Israël d’arrêter et de maintenir en prison des individus censés représenter un danger pour la sécurité d’Israël. c’est en réalité un instrument de censure servant à neutraliser les Palestiniens pour le simple exercice de leur liberté d’expression. Dans un précédent appel, l’ACAT-France rappelait que ce régime de détention viole également le droit international humanitaire (recours disproportionné et systématique de la détention administrative normalement strictement limitée à des situations sécuritaires urgente sans autre alternative possible, déplacement et détention en dehors du territoire occupé, interdiction de visite familiale, caractère collectif du recours à la détention de par son ampleur…).

Les remerciements de Salah Hamouri à tous ses soutiens

Dans une lettre publiée en ligne peu de temps après sa libération, Salah Hamouri exprime toute sa gratitude envers les personnes qui l’ont soutenu pendants ces long mois de détention :

Je tiens à vous remercier tous et toutes très chaleureusement pour votre mobilisation, vos actions diverses et variées, les rassemblements, les débats, les projections de film, les nombreuses affiches collées, pétitions signées, tracts distribués, les interpellations d’élu·e·s et du gouvernement, les propositions de se constituer otage en échange de ma liberté, tout ce que vous avez fait m’a profondément touché. Je dois vous le dire aujourd’hui.

Merci aux citoyen·ne·s, aux militant·e·s des partis politiques, d’associations et de syndicats, aux avocat·e·s, aux artistes, aux intellectuel·le·s qui ont plaidé en ma faveur durant tout ce temps et qui n’ont absolument rien lâché.

Merci aux élu·e·s qui ont porté mon nom et l’exigence de liberté dans les villes, les départements, les régions, à l’Assemblée Nationale, au Sénat et jusqu’au Parlement européen, dans les hémicycles comme sur les frontons des édifices publics, qui m’ont fait citoyen d’honneur de leurs collectivités.

Sachez que c’est également un honneur pour moi d’être ainsi défendu par le peuple français et ses représentant·e·s.

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