Le calvaire de Me Nam est terminé !
Me Nam, enfin libre ! La blogueuse et sa famille doivent atterrir à Houston, au Texas le 18 octobre, après une escale à Taïwan. Une fois installée, il est prévu qu’elle entame une procédure de demande d’asile. Cette libération intervient alors que le Secrétaire à la Défense américain James Mattis se trouve en visite officielle au Vietnam.
L’ACAT-France se réjouit de la libération de Me Nam, qui met fin à son calvaire et celui de sa famille. Nous lui souhaitons un bon rétablissement, entourée de ceux qu’elle aime, et remercions les adhérents et sympathisants de l’ACAT qui se sont mobilisés à de nombreuses reprises ces deux dernières années en soutien à la blogueuse.
« Emprisonnée pour avoir rêvé à un Vietnam plus juste, Me Nam est l’une des figures de proue de la courageuse communauté des défenseurs des droits humains vietnamiens qui tente de se dresser contre l’autoritarisme et l’arbitraire du régime de Hanoï, déclare Jade Dussart, responsable des programmes Asie à l’ACAT. Au lieu d’être criminalisés et écroués comme le sont des centaines de prisonniers de conscience au Vietnam, ces derniers devraient être célébrés pour leur résolution et leur attachement au respect des droits fondamentaux. »
Contexte
Blogueuse et activiste des droits humains, Me Nam avait été arrêtée le 10 octobre 2016 dans la province de Khanh Hoa, dans le Sud du pays, alors qu’elle accompagnait la mère d’un détenu lors d’une visite en prison. Dans un premier temps détenue au secret, elle sera jugée le 29 juin 2017 et condamnée à 10 ans de prison pour « propagande anti-Etat » à cause de ses écrits en ligne et ses activités de soutien aux victimes de la catastrophe environnementale de Formosa. Sa peine est confirmée en appel le 30 novembre 2017. En détention, sa santé se dégrade peu à peu : manque de nourriture, interdiction de se soigner avec les médicaments envoyés par sa famille, harcèlement de certaines de ses co-détenues avec l’aide des gardiennes… Elle mène plusieurs grèves de la faim afin de protester contre ses mauvaises conditions de détention. A l’extérieur, sa mère et ses deux enfants subissent une surveillance constante et des intimidations de la part de policiers en civil. En février 2018, Me Nam est transférée sans raison officielle dans une prison à 1 200 kilomètres de sa famille – une tactique utilisée par les autorités pour accentuer la pression psychologique sur les détenus et les priver de leur réseau de soutien.
Blogueuse depuis 2006 sur des thématiques variées – corruption, violences policières, environnement ou encore expropriations forcées – Me Nam a reçu plusieurs prix pour son travail en faveur des droits humains. Elle est notamment lauréate du prestigieux « International Women of Courage Awards » 2017 attribué par le Secrétariat d’État américain.
Exil forcé
Les autorités vietnamiennes ont recours depuis quelques années à une stratégie d’exil forcé des voix dissidentes. En octobre 2014, le blogueur indépendant Nguyen Van Hai (aussi connu sous le nom de Dieu Cay) a été libéré de prison – où il purgeait une peine de 12 ans – et immédiatement exilé aux États-Unis. En janvier 2017, le militant des droits humains Dang Xuan Diêu a pu sortir de prison avant d’avoir effectué la moitié de sa peine initiale, à condition de quitter le Vietnam. Au mois de juin de la même année, l’universitaire Pham Minh Hoang a quant à lui été déchu de sa nationalité vietnamienne et a dû quitter sa famille pour rejoindre la France. Le 7 juin 2018, ce sont l’avocat des droits humains Nguyen Van Dai et son assistante Le Thu Ha, condamnés respectivement à 15 et 9 ans de prison, qui ont été libérés et exilés en Allemagne.