Djibouti
Actualité

Un opposant maintenu en prison malgré l’annulation de sa procédure judiciaire il y a 5 mois

Monsieur Mohamed Ahmed dit « Jabha », militant du Front pour la Restauration de l’Unité et de la Démocratie (FRUD), ne devrait plus être en prison. La justice djiboutienne a ordonné, en octobre 2016, sa remise en liberté. Il demeure en toute illégalité en prison.
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Monsieur Mohamed Ahmed dit « Jabha », militant du Front pour la Restauration de l’Unité et de la Démocratie (FRUD), ne devrait plus être en prison. La justice djiboutienne a ordonné, en octobre 2016, sa remise en liberté. Il demeure en toute illégalité en prison.

 

Mohamed Ahmed, soupçonné de  « coopération avec un État ennemi », a été arrêté par l’armée le 1er mai 2010 dans le district de Tadjourah, situé dans le nord du pays. Les débuts de sa détention ont été très difficiles : il a été torturé à plusieurs reprises (privation de nourriture, simulacres d’exécution, bastonnades répétées). En juin 2010, alors qu’aucune charge n’était retenue contre lui, il a été emprisonné à la prison centrale de Djibouti, dite Gabode. Les mauvais traitements à son encontre n’ont pas cessé : le 15 septembre 2012, en présence du directeur de la prison de Gabode, il a été battu et menacé de mort par le sergent-chef de la police qui a renouvelé ce type d’agression fin novembre 2012. Depuis lors, il est privé de tout contact avec les autres détenus et ses proches, qui lui rendaient auparavant visite et lui apportaient des médicaments.

Le 6 octobre 2016, la chambre d’accusation a annulé l’ensemble de la procédure judiciaire visant Mohamed Ahmed et a ordonné sa remise en liberté.

Cela fait plus de six ans que cet opposant politique croupit en prison sans avoir été jugé. Pire, la justice a ordonné qu’il soit libéré. Le gouvernement bloque. Le 28 février 2017, le président djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh, sera en visite officielle en France pour la première fois depuis dix ans.

Il est l’heure de remettre la pression sur Djibouti afin que Mohamed Ahmed soit libéré !

 

Contexte

 

Un autocrate au pouvoir depuis près de 20 ans

La république de Djibouti, minuscule pays de la Corne de l’Afrique, est dirigée d’une main de fer, depuis 1999, par le président Ismaïl Omar Guelleh. Le système politique est verrouillé. Indépendant de la France depuis 1977, le pays n’a connu, en quarante ans, que deux présidents. Hassan Gouled Aptidon, président entre 1977-1999, a instauré en 1981 un système politique au parti unique, le Rassemblement populaire pour le progrès (RPP). La quatrième et dernière réélection d’Ismaël Omar Guelleh date d’avril 2015. En avril 2011, il avait été réélu lors d’un scrutin auquel il avait pu se présenter après avoir fait supprimer de la Constitution la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels. Cet amendement avait été adopté, en avril 2010, par une Assemblée nationale entièrement acquise au parti au pouvoir du RPP, après le boycott des élections législatives de février 2008 par l'opposition. Les scrutins présidentiels de 2005 et 2008 avaient été également boycottés en raison du refus du régime de modifier le processus électoral.

 

Une position géostratégique fondamentale

Disposant d’un positionnement géographique sans équivalent, aux portes du détroit de Bab-el-Mandeb - le quatrième passage maritime mondial - Djibouti s’est naturellement imposé comme un passage commercial et militaire incontournable pour les grandes puissances, qui ont multiplié, ces dernières années, la construction de bases militaires (France, USA, Chine, Japon, Allemagne, Italie, etc.). Sa croissance d’environ 5 % par an dépend presque exclusivement de ses activités portuaires, de sa présence militaire et des financements internationaux. Dans ce pays désertique, l’agriculture y est quasi-inexistante, l’industrie embryonnaire. Ses 800 000 habitants, dont les trois quarts vivent dans la capitale, sont pour la moitié chômeurs. Près de 70 % des Djiboutiens vivent en dessous du seuil d’extrême pauvreté.

 

Un pays où la répression est une habitude ancrée

Dans ce pays, où le seul organisme de radiodiffusion à portée nationale est gouvernemental et où la quasi-totalité des emplois dépendent de l'État, toute contestation politique et sociale est de fait proscrite En réalité, à Djibouti, la grogne sociale est forte, mais l’appareil sécuritaire étouffe toute velléité de l’exprimer. Bien qu’ils soient interdits, la torture et les mauvais traitements sont utilisés couramment par les forces de sécurité. Les passages à tabac et les violences à l’encontre des personnes gardées à vue dans les commissariats semblent fréquents et le recours à des sévices pour réprimer et punir les voix dissidentes du pouvoir en place est systématique.

 

Pour plus d’informations sur la situation du phénomène tortionnaire à Djibouti, voir : http://www.acatfrance.fr/un-monde-tortionnaire/Djibouti (un rapport de 2013)

 

 

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