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Sri Lanka
Actualité

La mère d’un disparu détenue depuis 6 mois

Depuis près de six mois, Jeyakumari Balendran est détenue dans une prison notoirement connue pour son recours à la torture. Son tort : avoir demandé au gouvernement sri lankais des informations sur son fils disparu depuis 2009.
jeyakumari

Cette militante tamoule se bat contre les disparitions forcées depuis que son fils de 15 ans a disparu en 2009 et que ses deux autres fils ont été tués pendant la guerre. Enrôlé de force par les Tigres tamouls quelques mois avant la fin du conflit, ce jeune tamoul s’était rendu volontairement à l’armée sri lankaise à la fin de la guerre. Depuis la famille n’a plus aucune nouvelle et se heurte au silence de l’armée. A-t-il été tué ? Est-il détenu ? Où est-il ? 

Sa mère et sa sœur de 13 ans n’ont cessé de demander des comptes aux autorités concernées. Jeyakumari Balendran est devenue un symbole pour les familles de disparus au Sri Lanka. Jusqu'à devenir gênante pour les autorités du pays.

Cette militante obstinée a été arrêtée le 13 mars dernier dans le nord du pays (voir appel urgent de l’ACAT du 31 mars 2014), accusée d’avoir hébergé un responsable des Tigres tamouls. Elle a été giflée et frappée au cours de son interrogatoire par le Service d’enquête sur le terrorisme. Jeyakumari est détenue au centre de détention de Boosa, un lieu contrôlé par le ministère de la défense, situé à l’autre bout du pays et tristement réputé en raison des sévices subis par les détenus. En tant que femme tamoule et hindoue, elle appartient à une catégorie de détenus particulièrement vulnérable à la torture et aux mauvais traitements.

Elle est maintenue en détention arbitraire depuis six mois sans avoir été inculpée. Aucune preuve n’a été apportée par les autorités.  En vertu de la loi draconienne sur le terrorisme, elle peut rester privée de liberté pendant 18 mois sans n’être jamais jugée. Jeyakumari n’a pas accès à sa famille. Son avocat doit obtenir une autorisation spéciale du ministère de la défense pour lui rendre visite à Boosa et rencontre des difficultés à la recevoir.

Faire taire la société civile

Menaces, arrestations, disparitions et assassinats de membres de la société civile se poursuivent dans le pays. Ces actes envoient un message fort d’intimidation aux autres militants et à la société sri lankaise. Leurs auteurs demeurent impunis. Des ministres dénigrent eux-mêmes publiquement les militants et journalistes qui enquêtent sur les violations des droits de l’homme en les estampillant de « terroristes », « traîtres » ou « ennemis  de la patrie» et incitent à la violence à leur encontre.

La loi relative à la prévention sur le terrorisme doit être abrogée

Cette loi draconienne est dénoncée pour son utilisation abusive et arbitraire. Elle permet d’arrêter toute personne sans mandat, même si elle n’a pas commis d’infraction, à partir du moment où les forces de l’ordre pensent qu’elle peut avoir un lien avec une activité illégale, une notion très vague. La loi suspend le droit d’une personne d’être informée du motif de son arrestation et celui d’être présenté rapidement devant un juge. Elle autorise un maintien en détention jusqu’à 18 mois sans possibilité pour la personne détenue de contester sa privation de liberté, ni sa prorogation, devant un juge. Ce délai de détention déjà très long est fréquemment dépassé. Les détenus sont alors maintenus illégalement en détention.

La torture, une pratique routinière

Plus de cinq ans après la fin du conflit, le règne de l’arbitraire perdure au Sri Lanka. L’ACAT a publié un rapport sur le phénomène tortionnaire. Elle constate que la torture est utilisée par les forces de sécurité dans l’ensemble du pays de façon endémique. Les personnes soupçonnées d’avoir des liens avec les Tigres tamouls s’exposent à un risque accru. La justice est entièrement placée sous la coupe du président de la République et l’impunité est totale. L’effondrement de l’État de droit et le déni de justice ne font qu’encourager ces pratiques.

Vous pouvez agir auprès des autorités srilankaises en envoyant cette lettre.

 

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