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Serge Atlaoui : 8 ans dans les couloirs de la mort

Cela fait 8 ans que Serge Atlaoui se demande chaque jour quand viendra votre exécution et dans la menace constante d’une mort prochaine. L'ACAT rappelle que la peine de mort est une torture.
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8 ans dans les couloirs de la mort !

Imaginez-vous passer 8 ans dans une cellule de prison et vous demander chaque jour quand viendra votre exécution. Imaginez-vous l’angoisse de cette menace constante d’une mort prochaine.  La peur, l’impuissance, l’attente et l’incertitude insupportable. Non, vous ne pouvez pas l'imaginer. C’est impossible…« La peur dévastatrice, dégradante, qu’on impose pendant des mois ou des années au condamné, est une peine plus terrible que la mort », pour reprendre une phrase d’Albert Camus.

La date de l’exécution se rapproche inexorablement pour Serge Atlaoui. En Indonésie, l’exécution se fait par arme à feu. Sur le peloton, le condamné à mort doit choisir de se tenir debout ou être assis. D’avoir les yeux cachés par un bandeau ou par une cagoule. Se demande-t-on vraiment ce qu’on préfère dans une situation aussi absurde et atroce ?

Se demande-t-on si on va mourir, sur le coup, sans souffrance, dès la première balle tirée, ou à la fin de la rafale après avoir agonisé, lorsque les tireurs nous achèvent d’une balle dans la tête si on montre encore des signes de vie ? C’est ainsi qu’une exécution se déroule en Indonésie.

Les affres de l’angoisse prennent des proportions extrêmes à l’approche de l’exécution. Serge Atlaoui se disait cette semaine « anéanti ».

La détresse psychologique liée à l’imminence de la peine capitale ne touche pas seulement le condamné, mais également la famille. Comme des proches de condamnés à mort ont témoigné auprès de l’ACAT « ce n’est pas seulement le détenu qui est dans le couloir de la mort, c’est toute la famille ». Sabine Atlaoui, son épouse, disait il y a peu : « ici la tension est énorme. Je sens que mon mari peut être très bientôt exécuté. On vit au jour le jour dans l’inquiétude. C’est une torture psychologique intense. »

Torture psychologique. L’ACAT ne démentira en aucun cas ses propos. Certes, à l’heure actuelle, la peine de mort ne constitue pas encore, en droit international, une torture ou un traitement cruel, inhumain ou dégradant. Mais du point de vue de Serge Atlaoui, de tous les condamnés à mort et de leur famille, il ne fait cependant aucun doute que la peine capitale est une torture. Une torture brutale, toujours, au moment de l’exécution. Une torture psychologique, insidieuse et lente,  ressentie dans le cœur et leur chair, pendant de longues années où se mêlent angoisse, espoirs et malheurs, dans l’attente de la mort annoncée.

Il est temps de mettre fin à ces tortures. Il est temps de mettre fin à la peine de mort en Indonésie et dans le monde. La justice ne passe pas et ne passera jamais par la peine capitale.

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