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Actualité

Qu’est-ce que le plaidoyer ?

Comment faire en sorte que des décideurs politiques se saisissent d'une problématique d'atteinte aux droits de l'homme ? Quels outils pour intier des stratégies d'influence ? Petit tour d'horizon des pratiques développées par l'ACAT.
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Beaucoup parmi les défenseurs des droits fondamentaux ont comme références le « J’accuse » d’Emile Zola, ou « Les derniers jours d’un condamnés à mort » de Victor  Hugo quand il s’agit de plaider la cause de ceux qui ne peuvent seuls se faire entendre. Susciter un débat public pour que les décideurs se saisissent d’une problématique d’atteinte aux droits constitue toujours le cœur des stratégies d’influence que mettent en œuvre les associations comme l’ACAT en faveur des personnes et des groupes vulnérables. Pour ce faire, de multiples outils sont disponibles, qu’il s’agit de mettre en œuvre dans une action coordonnée. Petit tour d’horizon des pratiques développées à l’ACAT.

Le plaidoyer, pour notre association, consiste à agir auprès des décideurs en portant la  parole de l’ACAT, fondée sur le recueil de témoignages mais reposant aussi une analyse politique, juridique, géopolitique approfondie, par des moyens multiples et complémentaires. L’objectif poursuivi est donner de la résonnance, rompre le silence, à tous les niveaux : national, international, devant les exécutifs, les chambres parlementaires, en lien avec la société civile, devant les tribunaux, les mécanismes onusiens.

Il nous faut croiser tous les outils à disposition d’une association pour plaider la cause. Pour arriver à des résultats, les actions répétées  de lobbying, communication et évènementiel, alerte et mobilisation par les militants et l’équipe salariée sont menées de concert, et s’appuient sur une expertise solide.

Ainsi, tous les jours, grâce à une chaine nous reliant les uns aux autres, de l’Appel Urgent relayé par les Acatiens, en passant par les appels du mois, les rendez-vous dans les bureaux des  Ministères, en passant par ceux des parlementaires, dans les salles de cinéma, sur scène, dans des conférences, dans les médias, l’ACAT interpelle, sensibilise, mobilise, convainc, argumente et présente des pistes d’amélioration aux autorités.

Les derniers mois offrent de nombreux exemples de ce type d’actions menées par les salariés et les militants de l’association, reposant sur des leviers d’influence divers.

Novembre 2015, France.  A Paris et en région, sensibiliser les parlementaires aux enjeux de la loi Asile

La loi portant réforme de l’Asile entre en vigueur. En amont, c’est l’ensemble des acteurs de l’asile qui se sont mobilisés pour faire entendre aux décideurs les effets potentiellement pervers de certaines dispositions concernant l’accueil en France de demandeurs d’asile ayant vécu des situations extrêmement douloureuses, sur le chemin de l’exil. L’ACAT a mené un travail de fond, associé aux débats tenus lors de l’élaboration de la loi et a grâce aux Acatiens relayant des cartes actions, sensibilisé les parlementaires en région et à Paris.

Mars 2016, Paris. Par un rapport, des relations presse et un événement de rue : susciter un débat sur l’usage de la force pour modifier les pratiques

Le rapport sur les violences policières « l’ordre et la force » est diffusé aux médias, ciblés au préalable par le chargé des relations presse du secrétariat national (cf Courrier de Janvier). Un évènement de lancement accompagne cette publication. L’écho est majeur, les sollicitations de la presse et des médias se multiplient. Les rendez-vous se fixent avec les autorités de l’exécutif (Cabinet du Premier Ministre, Ministère de la Justice, etc..) et avec les représentants des organes indépendants de défense des droits fondamentaux (Défenseur des droits). L’ACAT renforce son assise et sa notoriété et est considéré comme un interlocuteur mesuré et renseigné. L’association se place dans une optique de dialogue constructif avec les représentants des pouvoirs publics. Le débat se technicise, et différents acteurs de la société s’en saisissent.

Avril 2016, Genève. Prévenir et combattre l’impunité en France et en Tunisie 

Une délégation de l’ACAT se rend à Genève, dans le cadre de l’examen de la France et de la Tunisie et présente deux rapports alternatifs aux membres du comité des Nations Unies contre la Torture (cf courrier c338) Ces rapports offrent une vision contrastant avec celle présentée par les deux pays examinés. Les relations qui se nouent pendant la session entre les membres de l’équipe et ceux du comité permettent que se précisent les risques potentiels et réels de violation des droits de l’Homme et de traitements cruels, inhumains et dégradants. Pour la France et en Tunisie, l’ACAT se fait la voix de ceux qui ne peuvent faire entendre la leur. Les deux Etats sont rappelés à leurs obligations par le Comité des Nations Unies. 

Mai 2016, ACAT. Mener un dialogue constructif avec l’ambassade du Mexique sur la loi Torture

Paris secrétariat national. Le président de l’association Gabriel Nissim, la responsable Amérique et la directrice du pôle action relaient les préoccupations de l’ACAT sur la nouvelle Loi Torture, en préparation au Mexique, auprès de l’ambassadeur en poste depuis peu à Paris. C’est l’ambassadeur qui a proposé cette rencontre. Une relation de travail s’instaure, l’ACAT exerce toute sa vigilance et présente les cas individuels qui ont fait l’objet d’appels urgents.

Mai 2016, Nouakchott.  Saluer Biram Ould Dah Abeid, libéré après de longs mois de mobilisation

Le responsable Afrique rencontre Biram Ould Dah Abeid, président de l’ONG Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), récemment libéré et pour lequel l’ACAT s’engage depuis plus de deux ans. De son arrestation à sa libération, l’ACAT n’a jamais cessé de mobiliser la communauté internationale et d’intercéder auprès des autorités mauritaniennes. Biram est libre, mais l’attention se maintient.

Juin 2016, bureau du Sénat. Informer les sénateurs sur les effets pervers de l’accord UE-Turquie

Deux membres de l’équipe du pôle action sont auditionnés dans le cadre de la réforme de l’asile par les membres d’une commission d’enquête sénatoriale. Les sénateurs qui la compose se sont en effet saisis des conséquences humanitaires et  au plan juridique de l’accord passé entre l’Union Européenne et la Turquie concernant le renvoi des réfugiés vers ce pays désormais considéré comme pays tiers sûr, par la commission européenne. L’ACAT et ses partenaires étayent le point de vue des sénateurs, pour faire levier auprès de l’exécutif.

21 juin 2016, Paris. Sensibiliser le grand public à une cause via des courriers et un concert  

Après un an de détention du rappeur angolais Luaty Beirao et plusieurs appels urgents et appel du mois, l’ACAT investit l’espace public sous la forme d’un concert, pour parler des jeunes artistes persécutés pour leurs idées politiques en Angola. Une semaine plus tard, suite à toutes les mobilisations à travers le monde et au travail de plaidoyer de longue haleine d’associations de défense de droits de l’Homme comme l’ACAT, Luaty et ses camarades co-détenus sont libérés.

Les résultats sont là de cette action concertée sont là, encouragement à poursuivre ensemble. Les mois qui viennent appellent en effet la mobilisation de tous au sein de l’association