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Détenue depuis 7 mois sans aucun contact extérieur

L'ACAT est vivement préoccupée par les risques de torture à l'encontre d'une blogueuse détenue incommunicado. Personne n'a été autorisée à la voir depuis plus de 200 jours.
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Très connue des internautes vietnamiens sous le nom de “Me Nam” (“Mère champignon”), la blogueuse Nguyen Ngoc Nhu Quynh a été arrêtée le 10 octobre 2016 à son domicile. Elle est poursuivie pour avoir “diffusé de la propagande contre la République socialiste du Vietnam”. Elle est passible d’une peine allant jusqu’à vingt ans de prison.

Les autorités lui reprocheraient notamment ses prises de position sur la manière dont les autorités ont répondu à la fuite massive de polluants survenue en avril 2016 sur la côte centrale du Vietnam. Des milliers de tonnes de poissons sont morts suite à une fuite de produits chimiques provenant de l’usine sidérurgique de Formosa Ha Tinh Steel Corporation.

Selon le rapport de police, sa page facebook comprenait 400 articles qui “offraient une vision pessimiste et unilatérale propre à entraîner la confusion chez les lecteurs et à détériorer leur confiance” dans l’État. Selon d’autres blogueurs, son arrestation viserait surtout à dissuader d’autres personnes de publier et s’exprimer de la même façon.

Après sept mois en détention, Me Nam, âgée de 37 ans n’a toujours eu aucun contact avec l’extérieur. Elle n’a toujours pas été autorisée à voir sa famille, y compris ses 2 enfants, ou un avocat, une violation pourtant de son droit à un procès équitable.

L’ACAT est profondément préoccupée par les risques de mauvais traitements et de torture qu’elle encourt dans ce type de détention. Le recours aux mauvais traitements et à la torture par les autorités vietnamiennes est répandu à l’encontre de toute personne jugée dissidente au pouvoir. Il est urgent d’agir pour la protéger de la torture !

Soutenez la en téléchargeant cette lettre et en l'adressant aux autorités

 

Me Nam a reçu plusieurs prix pour son travail en faveur des droits de l’homme depuis 2015. Elle est notamment lauréate du prestigieux « International Women of Courage Awards » 2017 attribué par le Secrétariat d’État américain. Voir son portrait en video (en anglais) réalisé par l'ONG Civil Rights Defenders.

 

Contexte

 

Aucun progrès réel pour combattre la torture

Le Vietnam a ratifié la Convention contre la torture et autres peines ou traitements, cruels, inhumains ou dégradants en février 2015. Néanmoins, les autorités vietnamiennes n’ont pas reconnu la compétence du Comité contre la torture. Elles n’ont pas encore mis en place l’ensemble des mesures nécessaires à la réalisation concrète des dispositions de la Convention.

 Depuis son analyse publiée en 2011, l’ACAT ne constate aucun progrès réel en matière de prévention de la pratique tortionnaire.

Vague de répression contre les voix dissidentes

L’arrestation de Me Nam s’inscrit dans un contexte plus large de répression du gouvernement vietnamien à l’encontre des voix critiques du pouvoir. Depuis le printemps 2016, des dizaines de blogueurs et défenseurs des droits de l’homme ont été arrêtés et placés en détention en vertu de dispositions légales liées à la sécurité nationale. Les autorités utilisent systématiquement les mêmes articles du code pénal pour emprisonner arbitrairement les militants et blogueurs qui s’expriment pacifiquement. Ces dispositions légales sont rédigées de façon très floue et dénoncées depuis de longues années par la communauté internationale pour leur utilisation abusive.

Le Parti communiste, parti unique au Vietnam, cherche par tous les moyens  à faire taire les voix qui critiquent son action ou ses manquements, comme dans le scandale environnemental de Formosa.

Plusieurs militants ou blogueurs sont harcelés, intimidés voire agressés, comme Le My Hanh, une militante environnementale qui a pris position sur le scandale de Formosa. Elle vient d’être agressée à deux reprises en moins d’un mois. Lors de la seconde agression, le 2 mai dernier, un groupe de personne se sont introduits chez une amie avec qui elle discutait et les ont violemment passés à tabac tout en les filmant. L’auteur de cette vidéo très violente, l’a publié sur facebook, et a menacé clairement toute autre personne qui s’opposerait au gouvernement du même type d’actions punitives.

 

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