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La journaliste qui a lancé #MeToo en Chine détenue depuis un mois

Cela fait plus d’un mois que Huang Xueqin, journaliste et défenseure des droits des femmes, est détenue par la police de Canton, dans le Sud de la Chine. Elle aurait été arrêtée pour sa couverture des évènements de Hong Kong.
Free huang xueqin

Mise à jour du 17 janvier 2020 :

La journaliste et militante féministe Huang Xueqin, détenue au secret depuis octobre 2019, a été libérée sous caution le 17 janvier 2020. L’ACAT reste néanmoins vigilante sur les risques d'intimidation et de surveillance qui persistent. Huang Xueqin avait été placée en « résidence surveillée à un endroit désigné » à la fin du mois de novembre et pourrait y avoir subi des tortures.


Mise à jour du 27 novembre 2019 :

L'ACAT a appris le transfert de la journaliste Huang Xueqin en  « résidence surveillée dans un endroit désigné » (RSDL en anglais), un procédé légal en Chine permettant de détenir quelqu’un au secret pendant six mois sans aucune supervision sur son état. Il s'agit d'un développement extrêmement inquiétant compte tenu du risque de torture inhérent à ce procédé.  Des témoignages d’anciens prisonniers détenus dans ces conditions ont notamment fait état de passages à tabac et de privations de sommeil.

La famille de Huang Xueqin aurait par ailleurs reçu des intimidations les enjoignant à ne pas parler aux médias étrangers.


Le 17 octobre dernier, la police de la ville de Canton a arrêté la journaliste freelance et militante féministe Huang Xueqin (黄雪琴), aussi appelée Sophia Huang, l’accusant d’avoir « cherché querelle et provoqué des troubles » -- une provision vague du Code pénal utilisée de façon routinière pour condamner des défenseurs des droits humains. Depuis, sa famille n’a plus de nouvelles.

Son engagement aux côtés du mouvement de contestation à Hong Kong en juin dernier, qui a fait l’objet d’articles sur son blog, serait le prétexte de son interpellation. Mais c’est également le combat qu'elle mène depuis des années pour la cause des femmes en Chine continentale qui dérange.

Fin 2017, Huang Xueqin était l’une des instigatrices du mouvement #MeToo en Chine en dénonçant le harcèlement subi par les femmes journalistes. Dans son sillage, des centaines de femmes ont livré leur témoignage de harcèlement ou d’agression sexuelle sur le Net chinois. Malgré la censure en ligne de #MeToo par les autorités chinoises et une culture patriarcale traditionnelle encore bien ancrée en Chine, le mouvement a éclaboussé des hommes d’envergure -- professeurs, présentateurs de télévision ou encore leaders religieux.

En détention provisoire, Huang Xueqin risque d’être soumise à des mauvais traitements et de la torture pour le seul fait d’avoir exercé sa liberté d’expression. Elle doit être libérée immédiatement.

 

Vous voulez soutenir Huang Xueqin ?

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- Partagez : Twittez, postez sur Facebook avec le hashtag #FreeXueqin, faites-le savoir autour de vous !

 

 

Contexte

Les dangers de la détention provisoire en Chine

Les violences et la torture en période de détention provisoire sont avérées et systématiques en Chine, et touchent les défenseurs des droits humains comme les prisonniers de droit commun. Les policiers cherchent notamment à obtenir des confessions, dans certains cas rendues publiques, qui viendront nourrir la propagande du régime et renforcer la légitimité du Parti auprès du public. Celles et ceux qui osent rapporter leurs conditions de détention une fois libérés évoquent entre autres l’application de chocs électriques sur diverses parties du corps, l’ingurgitation forcée de substances médicamenteuses, les privations de sommeil, les ratonnades et les violences verbales et psychologiques. Plus tôt cette année, le défenseur des droits humains Wang Meiyu (王美余) est décédé en détention à 38 ans, quelques semaines seulement après avoir été arrêté à Hengyang. La police a déclaré la mort comme « accidentelle ».

Les féministes dans le viseur du régime au même titre que tout dissident

Comme le reste des défenseurs des droits humains en Chine, les militantes féministes se heurtent depuis 2015 à une résistance accrue de la part des autorités. Le gouvernement chinois a fait fermer au moins cinq ONG chinoises de défense des droits des femmes. Plusieurs activistes féministes ont été détenues arbitrairement, certaines condamnées. A cause de la surveillance étroite et des pressions de la police, il leur est désormais impossible de manifester publiquement en faveur de l’égalité ou d’organiser des évènements sur le féminisme sans être inquiétées.

Les évènements de Hong Kong : un tabou de plus en Chine continentale

Huang Xueqin fait partie des nombreux citoyens en Chine continentale ayant été détenu et interrogés pour avoir montré des signes de soutien aux manifestants hongkongais ou partagé leurs slogans sur Internet. Depuis le début de la mobilisation citoyenne, qui s’opposait dans un premier temps à un projet de loi sur l’extradition vers la Chine avant d’évoluer en revendications pro-démocratie, le Parti communiste chinois n’a eu de cesse de qualifier les manifestants d’ « émeutiers » et de censurer les publications des internautes se montrant solidaires des Hongkongais.

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