La détention de Nguyen Van Hoa est arbitraire, continuons à réclamer sa libération !
Au lendemain de la journée internationale des droits humains du 10 décembre, l’ACAT attire l’attention sur la situation de Nguyen Van Hoa, qui demeure emprisonné à la prison d’An Diêm pour avoir publié des vidéos de manifestations liées au scandale de Formosa.
Le 15 août dernier, le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire adoptait l’avis n°44/2019 concernant Nguyen Van Hoa. Les experts internationaux de ce groupe, estimant que « la privation de liberté de Nguyen Van Hoa [était] arbitraire », ont demandé au Vietnam de libérer ce dernier et de lui accorder des réparations pour les préjudices subis. Le groupe de travail a également requis qu’une enquête soit ouverte sur des allégations de torture à l’encontre de Hoa.
A plusieurs reprises depuis 2018, ce journaliste citoyen a tenté de porter plainte pour des actes de torture perpétrés en détention provisoire et après sa condamnation. En représailles, il a été passé à tabac par des gardiens de la prison d’An Diêm et envoyé à l’isolement entre mai et septembre 2019. Durant cette période, Hoa a été sous surveillance vidéo permanente, interdit de sortir de sa cellule et privé de lumière naturelle. Les gardes l’ont également menacé de lui couper les tendons des jambes.
Le 14 septembre dernier, il rejoignait enfin le bloc des prisonniers de conscience de la prison d’An Diem, après plus de quatre mois de détention à l’isolement. Depuis, Hoa souffre d’otites et éprouve des difficultés à avaler, à mâcher et à entendre. Sa famille s’inquiète de son état de santé et demande le soutien des organisations internationales pour obtenir sa libération.
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CONTEXTE
Retour sur le déroulé de l’affaire
Nguyen Van Hoa est un jeune journaliste citoyen, qui a notamment travaillé en tant que vidéaste pour Radio Free Asia, un média d’information indépendant sur l’Asie et les droits humains. Il a été arrêté le 11 janvier 2017 par la police de Ha Tinh, au Nord du pays, qui l’accuse dans un premier temps de vol de moto et de trafic de drogue. Sa famille n’a été informée de sa détention provisoire que deux semaines plus tard, par un document officiel mentionnant qu’il était détenu en vertu de l’article 258 du Code pénal pour « abus des libertés démocratiques pour porter atteinte aux intérêts de l'Etat, aux droits et intérêts légitimes des organisations et des citoyens ». En cause : les images que Hoa a tournées des manifestations pacifiques organisées par les citoyens des quatre provinces centrales du Vietnam affectées par le déversement toxique de Formosa.
Le 15 juin 2017, les autorités changent officiellement son acte d’inculpation pour l’accuser de « propagande contre l’Etat » (article 88 du Code pénal). Le même mois, sa famille est informée que Hoa aurait refusé d’avoir un avocat pour le représenter. Le 27 novembre 2017, lors d’un procès au secret et sans représentation légale, Hoa est condamné à sept ans de prison suivis de trois ans d’assignation à résidence.
D’abord emprisonné dans une prison située dans sa province d’origine, Nguyen Van Hoa est transféré en février 2018 à la prison d’An Diem, dans la province centrale de Quang Nam, à plus de 500 kilomètres de sa famille. Comme pour beaucoup d’autres, il s’agit d’une tactique des autorités pour restreindre les visites et couper les prisonniers de conscience de leur réseau de soutien moral.
Pour aller plus loin : retrouvez l’avis n°44/2019 du groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire adopté le 15 août 2019 [en anglais]
Formosa, catalyseur de la répression contre les défenseurs
Lorsqu’en avril 2016, la firme taïwanaise Formosa déverse des tonnes de déchets toxiques dans la mer, la catastrophe affecte quatre provinces et près de 10 millions de personnes. Un scandale environnemental qui entraîne d’immenses pertes de revenus pour les pêcheurs des régions centrales du Vietnam. Très peu d’entre eux ont pu toucher les dommages et intérêts auxquels ils avaient droit, notamment à cause de la corruption. Les autorités essaient d’étouffer le problème en interdisant les manifestations et en censurant le Net. Tous ceux qui, comme Nguyen Van Hoa, Le Dinh Luong ou Me Nam, se mobilisent pour réclamer justice et dénoncent le manque de transparence des autorités vietnamiennes ont été arrêté et condamnés à de la prison.
Pour soutenir les défenseurs des droits humains emprisonnés au Vietnam, suivez la campagne de l’ACAT : Vietnam, le connaissez-vous vraiment ?