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Jugement différé pour Asia Bibi

Le 8 octobre 2018, la Cour Suprême pakistanaise a examiné le recours déposé par Asia Bibi, une chrétienne dans les couloirs de la mort depuis 2010 suite à une condamnation pour blasphème. A l’issue d’une audience de près de trois heures à Islamabad, un panel de trois magistrats a différé son jugement, sans annoncer de date pour une prochaine audience.
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Les juges de la Cour Suprême chargés d’examiner l’appel d’Asia Bibi ont annoncé le report de leur verdict à une date ultérieure. A la sortie de l’audience, l’un d'eux, le Président de la Cour Suprême Mian Saqib Nisar a enjoint les médias à s’abstenir de commenter l’affaire tant que le jugement n’aura pas été rendu. Plus tôt cette année, ce dernier avait pourtant annoncé à l’avocat d’Asia Bibi qu’un verdict serait prononcé avant l’été 2018.

Asia Bibi, aujourd’hui âgée de 47 ans, est toujours enfermée dans la prison pour femmes de Multan, dans la province du Pendjab, à 350 kilomètres au sud-ouest de Lahore.

À la suite d’un différend avec des femmes musulmanes de son village en 2009, cette mère de cinq enfants avait été accusée d’insultes envers le prophète Mahomet. En novembre 2010, la cour de Sheikhupura, dans la province du Pendjab, avait prononcé la condamnation à mort d’Asia Bibi pour blasphème. Le tribunal de grande instance de Lahore avait par la suite confirmé ce verdict en octobre 2014. Depuis 2015 et le dépôt d’un nouveau recours auprès de la Cour Suprême, les audiences n’ont cessé d’être reportées. Si le recours d’Asia Bibi était rejeté, son dernier espoir serait une grâce présidentielle.

L’ACAT condamne fermement ce énième report, qui maintient Asia Bibi dans les limbes de la justice pakistanaise pour un crime qu’elle n’a pas commis. L’organisation appelle le Président de la Cour Suprême, Mian Saqib Nisar, à prononcer l’acquittement d’Asia Bibi dans les plus courts délais afin de lui permettre de retrouver sa famille.

Au Pakistan, le blasphème est puni par des lois extrêmement sévères prévoyant jusqu’à la peine de mort. Si l’État n’a encore jamais exécuté de condamné en vertu des lois sur le blasphème, de simples accusations peuvent entraîner des lynchages et des assassinats extrajudiciaires, comme ce fut le cas pour l’étudiant en journalisme Mashal Khan en avril 2017.

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