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Burundi
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Germain Rukuki condamné abusivement à 32 ans de prison

Pour avoir été membre de l’ACAT-Burundi, Germain Rukuki a été condamné à 32 ans de prison par le tribunal de grande instance de Ntahangwa, le 26 avril dernier, à l’issue d’une procédure judiciaire inique entachée de nombreuses irrégularités. Sans qu’aucune preuve matérielle ne soit présentée, sur la base d’accusations mensongères, Germain Rukuki a été condamné pour « mouvement insurrectionnel », « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat », « rébellion », « assassinat de militaires, policiers et civils », « dégradation des édifices publics et privés », « volonté de changer le régime élu démocratiquement ». Son procès s’est tenu à huis clos.
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Pour avoir été membre de l’ACAT-Burundi, Germain Rukuki a été condamné à 32 ans de prison par le tribunal de grande instance de Ntahangwa, le 26 avril dernier, à l’issue d’une procédure judiciaire inique entachée de nombreuses irrégularités. Sans qu’aucune preuve matérielle ne soit présentée, sur la base d’accusations mensongères, Germain Rukuki a été condamné pour « mouvement insurrectionnel », « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat », « rébellion », « assassinat de militaires, policiers et civils », « dégradation des édifices publics et privés », « volonté de changer le régime élu démocratiquement ». Son procès s’est tenu à huis clos. A la lecture de la sentence, ni Germain Rukuki ni ses avocats n’étaient présents dans la salle.

A l’approche de la tenue du référendum constitutionnel (17 mai 2018) devant permettre au Président Pierre Nkurunziza de pouvoir proroger son mandat, la condamnation de Germain Rukuki – en prison depuis juillet 2017 – est un message adressé à tous les défenseurs des droits de l’homme burundais : arrêter de documenter les exactions commises par le régime ou vous en paierez le prix ! Il s’agit clairement d’une condamnation politique du seul membre de l’ACAT-Burundi à avoir été arrêté. Les autres, pour leur sécurité, ne vivent plus dans le pays depuis plusieurs années mais continuent à enquêter, documenter et entreprendre des actions de plaidoyer pour dénoncer les violences étatiques bien que leur association ait été interdite par le régime en octobre 2016.

Germain Rukuki est le symbole : du harcèlement jusqu’au-boutiste du régime contre la société civile burundaise, et de la défaillance du système judiciaire burundais aux ordres du pouvoir exécutif ; pouvoir exécutif obnubilé par sa volonté de se maintenir à vie au pouvoir. Pour le régime de Pierre Nkurunziza, les défenseurs des droits de l’homme sont des opposants à réduire au silence par la prison, l’exil ou la mort.

L’ACAT-France appelle le gouvernement burundais à annuler la condamnation de Germain Rukuki et à le libérer immédiatement et sans conditions et à lui garantir son intégrité physique et psychologique. Rejoignez-nous pour faire entendre notre voix !

 

Contexte

 

En moins de trois années, le Burundi est retombé dans une crise politique majeure avec de multiples violations des droits de l’homme. Tout cela à cause du président Pierre Nkurunziza qui a voulu, avec son clan,  garder à tout prix le pouvoir et ses prébendes : l’argent du pays, sa gestion et la mainmise politique sur l’appareil d’État, quitte à entraîner le pays dans le chaos. En 2005, le Parlement élit Pierre Nkurunziza, Président de la République. En 2010, cet ancien rebelle hutu est réélu face à une opposition désorganisée. En mars 2014, Pierre Nkurunziza tente de faire modifier la Constitution afin de supprimer la limitation des mandats présidentiels : les députés refusent. Face à ce camouflet, les conseillers de Pierre Nkurunziza prétendent que son premier mandat ne compte pas puisqu’il a été élu de manière indirecte par le Parlement. Le 25 avril 2015, Pierre Nkurunziza annonce qu'il se présente à l'élection présidentielle, pour un troisième mandat consécutif. Dès le lendemain, la jeunesse descend dans les rues de Bujumbura, pour dire « non » au troisième mandat. La police et la milice pro-gouvernementale « Imbonerakure » répriment. C’est le début des exactions : manifestants tués par balles, torturés, menacés… Tous les partis d’opposition comme la très grande majorité des organisations de la société civile appellent à la mobilisation citoyenne pacifique pour faire échouer cette dérive totalitaire. Conscient de la vitalité de la société civile dans ce combat pour le respect des Accords d’Arusha, le régime en place s’engage dans une politique d’affaiblissement délibéré de cette société civile. Il profite de l’échec du coup d’Etat du 13 mai 2015 et de la chasse aux militaires dissidents pour décimer la plupart des médias indépendants. La quasi-totalité des défenseurs des droits de l’homme sont contraints de quitter le pays. Face à cette dérive, la communauté internationale ne réussit pas à s’accorder sur les mesures à prendre pour arrêter Pierre Nkurunziza dans sa fuite en avant. Le scrutin présidentiel se tient le 21 juillet 2015. Le 20 août, Pierre Nkurunziza est investi pour un nouveau mandat. Petit à petit, les manifestants pacifiques écrasés par la répression sanglante quittent la rue et laissent la place à ceux qui ont des armes et des revendications plus belliqueuses contre le régime répressif. La violence augmente encore : assassinats ciblés, arrestations et tortures de détenus, attentats à la grenades etc. Après environ deux années de conflit de basse intensité, le régime, à force de répression et d’un contrôle draconien du territoire et de la société, réussi à circonscrire la menace militaire armée. Mais à quel prix ? Le pays est économiquement exsangue. Il n’existe plus de société civile indépendante. Une partie importante de la population vit dans la peur : environ 400 000 Burundais ont fui le pays. Aujourd’hui, le régime s’apprête à modifier la Constitution par référendum (17 mai 2018) afin de permettre à Pierre Nkurunziza de briguer un quatrième mandat en 2020.

 

Vous pouvez agir en sa faveur en envoyant cette lettre.

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