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Éducation aux droits de l'homme : intervenir en milieu scolaire

Vous êtes nombreux, au sein de l’ACAT, à vouloir intervenir en milieu scolaire pour sensibiliser les plus jeunes aux droits de l'homme. Ce type d'intervention nécessite néanmoins de respecter certains codes, afin d'être le plus pédagogue possible. Comment procéder pour être efficace ?
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Étape 1 : la prise de contact

Pour Louis Heuveline, qui a réalisé de nombreuses interventions afin de sensibiliser les plus jeunes aux droits de l'homme, il faut « téléphoner au chef d’établissement pour expliquer son projet ». Parce qu’il savait faire preuve d’enthousiasme, cet acatien a souvent réussi à convaincre et n’hésitait pas à se déplacer dans les écoles pour rencontrer les chefs d’établissement les plus réticents. De son côté, Amaury Salliou a démarché une de ses proches qui était professeure. Par ce biais, il a pu présenter son projet et intervenir en classe. N’hésitez donc pas à solliciter votre entourage. Enfin, Arielle Rogé, ancienne professeure, distingue deux méthodes : « Soit vous arrivez avec votre projet pour convaincre les établissements de l’accepter, soit vous interrogez les établissements sur leur projet pédagogique et vous réfléchissez avec eux sur la mise en œuvre d’un partenariat, en intervenant sur les thématiques de l’ACAT. »

Une fois le projet accepté par le directeur de l’école ou le chef d’établissement, une autorisation écrite vous sera délivrée. Autre solution : la réserve citoyenne recense les éventuels intervenants en milieu scolaire.

CONSEILS À SUIVRE :

  • Ayez toujours en tête le calendrier scolaire quand vous montez votre projet et démarchez les établissements, pour, par exemple, éviter tout contact la veille des vacances.
  • Renseignez-vous sur les programmes scolaires et le projet pédagogique de l’établissement, afin que votre intervention puisse correspondre aux enseignements dispensés en classe par les professeurs.
  • Renseignez-vous sur le type de public accueilli au sein de l’établissement. Votre intervention doit pouvoir parler aux élèves et faire écho à leur réalité.
  • Prévoyez d’intervenir face à une seule classe à la fois, afin de favoriser la proximité pédagogique avec les élèves.
  • Faites preuve de persuasion. Convaincre est un travail de longue haleine et vous devrez parfois argumenter pour expliquer le bien-fondé de votre projet.
  • Faites preuve d’enthousiasme et de motivation.

ÉCUEILS À ÉVITER :

  • Évitez de présenter un projet trop ficelé, qui ne pourrait pas s’adapter au projet pédagogique de l’établissement, ni au public que vous aurez en face de vous.
  • Ne vous découragez pas si le personnel éducatif est peu réceptif à votre projet. Surtout, persévérez !

Étape 2 : préparer son intervention

L’idéal est de construire votre intervention en partenariat avec le professeur, notamment pour vous adapter aux élèves que vous aurez en face de vous. Gardez bien en tête que l’enseignant conserve la responsabilité pédagogique du cours. Bien se préparer est primordial, afin de maîtriser votre sujet face à un public qui sera parfois tenté de vous contredire. Amaury Salliou conseille de privilégier des formats courts et percutants, qui s’appuient sur des exemples concrets et des témoignages : « J’ai fait un exposé avec un diaporama trop long et je me suis rendu compte que les jeunes auraient préféré que je leur passe un message. Ce sont les valeurs que nous portons qui les intéressent. »

CONSEILS À SUIVRE :

  • Organisez votre temps : une heure de cours passe vite !
  • Appuyez-vous sur du concret et du vécu en utilisant des exemples et des témoignages.
  • Identifiez le message à faire passer. L’idéal est d’en sélectionner un ou deux car au-delà, les élèves ne les retiendront pas.
  • Prévoyez un « jeu brise-glace » pour la première prise de contact avec les élèves. Cela permet de détendre l’atmosphère et occupera les élèves si vous avez du matériel à installer.
  • Utilisez des outils pour attirer l’attention des élèves (voir encadré). Il existe de multiples ressources pour aborder des sujets comme la peine de mort ou la torture : utilisez-les !
  • Pensez au matériel dont vous aurez besoin. Que ce soit le vôtre ou celui de l’établissement, vérifiez son bon fonctionnement avant le début de la séance.
  • Partez de ce que les élèves savent, par exemple en commençant votre intervention avec une série de questions ouvertes. Lorsque l’on aborde des sujets complexes, comme la peine de mort ou la torture, il vaut mieux démarrer par un bilan de leurs connaissances. De même, cela vous permettra de déceler leurs idées reçues.
  • Terminez votre intervention cinq minutes avant la sonnerie : à la fin du cours, les élèves se dispersent vite.

ÉCUEILS À ÉVITER :

  • Évitez les formats trop longs et trop denses.
  • La lecture de notes est à proscrire ! Vous devez captiver les élèves par l’échange et au moyen d’une intervention vivante.

Étape 3 : l’intervention

Une intervention réussie doit répondre à certaines exigences : on ne s’improvise pas pédagogue !

CONSEILS À SUIVRE :

  • Les élèves se contentent souvent d’écouter. Sortez-les de leur position passive en les faisant participer pour susciter l’échange.
  • Utilisez le tableau de la salle de cours. C’est un outil indispensable pour noter les temps forts de votre intervention et permettre aux élèves de les visualiser.
  • Impliquez les élèves. Ils apprécient qu’on leur confie des responsabilités. Si vous prévoyez des activités par groupes, n’hésitez pas à désigner des élèves « meneurs » qui par exemple, veilleront au temps de parole, prendront des notes et feront un compte-rendu.
  • Si vous entamez une discussion avec quelques élèves, impliquez-y le reste de la classe. Vous ne devez pas donner l’impression de porter plus d’attention à certains d’entre eux.
  • En fin d’intervention, faites connaître le site Internet de l’ACAT, notre page Facebook et notre compte Twitter. Écrivez-les au tableau ou distribuez un document dédié.
  • Proposez à la documentaliste de l’établissement un abonnement à notre magazine, Humains, en fournissant un bon d’abonnement ou en proposant un abonnement gratuit. Dans ce cas, envoyez le contact et l’adresse complète à christina.lionnet@acatfrance.fr

ÉCUEILS À ÉVITER :

  • Évitez de prendre une position trop magistrale ou de rester immobile derrière le bureau. Bougez dans la classe durant votre intervention pour occuper l’espace et garder un œil sur l’ensemble du groupe.
  • Gardez votre sang froid. Certains adolescents chercheront à vous pousser dans vos retranchements, par exemple en se disant favorable à la torture. Dans ce cas, discutez avec eux mais sans être trop brutal pour ne pas poser de barrière.

Étape 4 : le bilan

Une fois votre intervention terminée, sollicitez le professeur ou les autres membres de l’équipe éducative afin d’en faire le bilan, pour tirer les leçons de vos erreurs et vous améliorer. Si vous êtes déçu par votre première séance avec des élèves, ne vous découragez pas et persévérez !


Les ressources

La presse est un formidable outil pour aborder des sujets d’actualité. Demandez, par exemple, au professeur ou au documentaliste de se procurer les journaux du jour et proposez aux élèves de faire une revue de presse.

Les vidéos : les jeunes d’aujourd’hui évoluent dans un monde d’images. Il est nécessaire d’utiliser des outils qui leur parlent. N’hésitez pas à utiliser les vidéos disponibles sur notre chaîne YouTube : nous l’alimentons régulièrement avec des témoignages de victimes et de défenseurs que l’ACAT soutient.

La culture est un vecteur puissant de sensibilisation. Par exemple, la pièce de théâtre Le Dernier jour d’un(e) condamné(e) circule actuellement dans les établissements scolaires et permet d’initier des débats sur la peine de mort avec les élèves.

Les sites Internet www.eduscol.education.fr et www.education.gouv.fr : vous y trouverez des ressources pour vous aider à préparer vos interventions, ainsi que les textes et les circulaires qui encadrent la venue d’intervenants extérieurs dans les écoles.

Le dossier « Humains de demain » d'Humains n°01 vise à dresser un état des lieux de l’éducation aux droits de l’homme en France.


Par Anna Demontis, chargée de projet éditorial à l'ACAT

Article issu du Humains n°01