Détenu pour une BD critique envers le régime Obiang
Cela va bientôt faire deux mois que M. Ramon Esono Ebalé, dessinateur équato-guinéen, est détenu sans inculpation à la prison de Black Beach à Malabo. Son tort : Sa Bande dessinée « La Pesadilla de Obi » (« Le cauchemar d’Obiang »), très critique envers le régime du Président Teodoro Obiang Nguema au pouvoir depuis août 1979.
En 2014, Ramon Esono Ebalé, dessinateur équato-guinéen vivant au Paraguay, publie la bande dessinée intitulée « La Pesadilla de Obi » (« Le cauchemar d’Obiang »), dans laquelle il dénonce les abus du régime en place en Guinée-équatoriale, les élections frauduleuses, la corruption et les richesses accaparées par le clan Obiang.
Le 16 septembre 2017, en soirée, Ramon Esono Ebalé est arrêté, en compagnie de deux ressortissants espagnols, par des agents de la Sûreté de l’Etat à la sortie d’un restaurant de Malabo. Ils sont menottés, leurs téléphones portables confisqués, puis sont transférés au niveau du Bureau de lutte contre le terrorisme et les activités dangereuses. Les deux espagnols sont vite libérés. Ramon Esono Ebalé est interrogé sur ses dessins critiquant le Président Teodoro Obiang Nguema, notamment sa bande dessinée « La Pesadilla de Obi ». Les agents l’avisent que ses dessins peuvent être considérés comme de la diffamation. Ramon Esono Ebalé est ensuite transféré à la prison centrale de Black Beach. Il y est toujours détenu, sans inculpation.
Contexte
La Guinée-équatoriale, riche pays pétrolier du Golfe de Guinée, est dirigé d'une main de fer par le président Teodoro Obiang Nguema depuis 1979. Dans ce pays d’environ un million d’habitants, toute critique du régime et de son président est proscrit. Tout contrevenant risque la prison.
Ramon Esono Ebalé, qui vit au Paraguay, le savait. Afin de renouveler son passeport, ce qui était impossible de faire hors des frontières de Guinée-équatoriale, il avait pris le risque de revenir à Malabo le 29 août 2017. Moins de deux semaines après, il était en prison…
Il semblerait que les autorités au pouvoir maintiennent Ramon Esono Ebalé en prison sous le montage d’une autre affaire afin d’éviter d’être accusées de restreindre les libertés d’expression dans le pays. Selon la télévision nationale, un million de francs CFA (environ 1 500 euros) en faux billets aurait été retrouvé chez le dessinateur. Accusé de diriger une organisation se livrant au blanchiment d’argent et au faux-monnayage, Ramon Esono Ebalé encourrait 40 ans d’emprisonnement pour ce délit. Le 9 octobre, les avocats du dessinateur ont déposé une requête au tribunal demandant l’audience des témoins à charge. Le tribunal n’a pas encore répondu. Si le tribunal ne se prononce pas d’ici le 30 novembre sur cette affaire, Ramon Esono Ebalé risque de demeurer en prison jusqu’à la reprise des activités juridictionnelles mi-janvier 2018.
Ramon Esono Ebalé est en bonne santé et garde le moral. Il dispose en prison de papier et d’un crayon, lui permettant de continuer à dessiner.
Le 2 novembre 2017, l’organisation Cartoonists Rights Network International (CRNI) lui a décerné le prix courage dans le dessin de presse.
Vous pouvez agir en sa faveur en envoyant cette lettre.