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Défenseurs menacés de mort

Un an après l’accord de paix, la situation des défenseurs des droits de l’homme est critique en Colombie. Des membres de l’ONG REINICIAR sont menacés de mort par des paramilitaires.
Las2Orillas

Le 12 octobre 2017, le groupe paramilitaire Autodéfenses gaitanistes de Colombie (AGC) a publié un pamphlet intitulé « Plan pistolet contre l’Union patriotique » dans lequel il menace de mort Jahel Quiroga et Pablo Arenales, respectivement directrice et membre de l’ONG de droits de l’homme REINICIAR.

L’Union patriotique (UP) est un parti politique issu du processus de paix de 1984 et composé de guérilleros démobilisés, du parti communiste et de membres de la société civile. Entre 3 000 et 5 000 de ses membres ont été assassinés, torturés et victimes de disparition, notamment par les paramilitaires, dans les années 1990 à mesure que le parti remportait des victoires.

REINICIAR soutient les victimes de l’UP par la documentation des violations des droits de l’homme et un accompagnement juridique. L’ONG a reçu le prix franco-allemand des droits de l’homme Antonio Nariño en 2014. Elle fait partie de la Coalition colombienne contre la torture – avec laquelle l’ACAT est en lien - et du réseau SOS-torture de l’Organisation mondiale contre la torture.

Dans leur dernière communication, les paramilitaires de l’AGC désignent les membres de l’UP, Jahel Quiroga et Pablo Arenales comme « objectif militaire ». Ils ordonnent à ces derniers de renoncer à leurs engagements et à leur participation aux élections du printemps 2018, sans quoi ils devront « quitter le pays ou prendre leurs dispositions auprès des pompes funèbres ». Les paramilitaires terminent en indiquant qu’ils vont également « s’occuper de » tous les « leaders de gauche et défenseurs des droits de l’homme ».

 

Contexte

Accord de paix avec la guérilla des FARC

Le conflit armé interne, qui a duré plus de cinquante ans, a fait 267 000 morts, 46 000 disparus, 30 000 otages et des milliers de torturés et victimes de violences sexuelles.

Le 1er décembre 2016, l’accord de paix entre l’État et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) a été ratifié. Il prévoit notamment :

  • Le cessez-le-feu et le dépôt des armes par les guérilleros ainsi que le démantèlement de toutes les organisations paramilitaires et criminelles ;
  • l’amnistie des infractions politiques, mais des poursuites pénales pour les crimes de guerre et contre l’humanité par un tribunal spécial de paix ;
  • le développement de la participation citoyenne et politique, notamment par la protection des nouveaux partis et des mouvements sociaux ;
  • la restitution des territoires spoliés, une répartition plus équitable des terres et le développement de services publics dans les zones rurales ;
  • la lutte contre les réseaux de trafic de drogues et la promotion de cultures alternatives auprès des petits producteurs.

Absence de sécurité pour les leaders sociaux, les défenseur-e-s des droits de l’homme et les ex-guérilleros

La mise en application de l’accord est loin d’être aisée. Tous ne sont pas favorables à la paix. Les leaders paysans, indigènes ou afro-descendants et les défenseur-e-s des droits de l’homme qui oeuvrent à la répartition des terres ainsi qu’à la participation politique et à la justice sont régulièrement assassinés (82 de janvier à septembre 2017). Des ex-combattants des FARC sont également exécutés.

L’accord avec la guérilla Armée de libération nationale (ELN) n’a pas encore abouti, et les violences n’ont pas cessé sur ce front.

Des policiers continuent de réprimer dans le sang des manifestations sociales, comme ce fut le cas le 5 octobre 2017 à Tumaco, dans le département de Nariño.

Des groupes criminels hérités des paramilitaires d'extrême droite, théoriquement démobilisés il y a une dizaine d'années, se développent. Selon Indepaz, ils sont au nombre de 15 répartis dans 274 agglomérations (sur 1 102) de 28 départements sur 32. Le Clan du Golfe (aussi appelé Autodéfenses gaitanistes de Colombie) compte parmi les plus importants. Ces néoparamilitaires s’enrichissent par le narcotrafic et d’autres activités illégales et s’en prennent à tous ceux susceptibles de menacer leurs activités. Selon Somos Defensores, les paramilitaires sont responsables de 87 % des assassinats de défenseur-e-s pour lesquels les auteurs ont pu être identifiés.

 

 

Vous pouvez agir en adressant cette lettre aux autorités colombiennes.

  • Justice et impunité