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COMBATTRE LA TORTURE POUR DÉFENDRE LA DÉMOCRATIE

Nous l’avons vu dans ce dossier : sans l’abolition totale de la torture et des mauvais traitements, la démocratie ne peut prospérer. Plus que jamais, la FIACAT et l’ACAT s’associent pour défendre cette conviction.

Façonnée par les grands événements et par le combat universel pour la promotion et le respect de la dignité de l’homme, la démocratie est le fruit d’une histoire intimement liée à celle des droits fondamentaux. Celle-ci n’a pas toujours emprunté des lignes droites, mais a pourtant abouti à la consécration des droits de l’homme au XXe siècle. Après la chute du mur de Berlin, la soif de liberté des peuples trop longtemps opprimés a fait triompher la démocratie libérale, aujourd’hui installée sur tous les continents. Mais dans le même temps, elle est torpillée par des régimes occidentaux qui la sacrifient sur l’autel d’intérêts souvent économiques et géostratégiques.

Parce que la persistance de la torture et des mauvais traitements font de notre monde un « monde tortionnaire », la quête des droits-libertés, de la dignité humaine co-naturelle et égale en chaque personne et le combat pour la démocratie restent cruellement d’actualité. La démocratie fait souvent ménage avec les injustices et la misère qui sont contraires à ses principes fondateurs. Elle prive les exilés de leurs droits, laisse grimper le nombre de chômeurs, de sans-papiers, de sans domicile fixe … Qui apparaissent comme des exclus de la société dont la dignité est relativisée.

Lutter contre le « silence des bons »

Mêlées à des guerres dévastatrices en Irak, en Syrie, en Lybie ou plus récemment au Yémen, les grandes démocraties occidentales apparaissent comme des exemples de démocratie, mais participent, d’une certaine manière, aux nombreuses violations des droits de l’homme inhérentes à tout conflit : torture, mauvais traitements, disparitions forcées, exécutions sommaires, bombardements aveugles… qui choquent la conscience humaine. En Afrique, également, la démocratie ne fonctionne pas convenablement. Outre les tentatives de l’étouffer, dans de nombreuses prisons du continent, les taux de prévenus restent importants et certains sont en attente de jugement depuis plusieurs années. Ces différents cas d’injustices et de violations des droits de l’homme favorisent l’impunité et entretiennent des frustrations au sein des populations. C’est pourquoi la FIACAT et les membres de son réseau ont mis sur pied le projet « Détention préventive abusive » (DPA) en Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo (RDC), au Congo et à Madagascar.

Avec ce type de projet, la FIACAT, mais aussi toutes les ACAT participent activement à la construction, à la défense et au renforcement de la démocratie partout dans le monde. Dans l’optique de faire reconnaître et appliquer l’interdiction absolue de la torture et des mauvais traitements, nous œuvrons au renforcement d’un cadre normatif et à la mise en place d’institutions de prévention de ces pratiques qui portent atteinte aux droits de l’homme. Aidés par notre spécificité chrétienne, nous agissons pour garantir les libertés des individus et limiter les abus d’autorité de la part des États. Ce n’est qu’à cette condition que l’individu peut avoir pleinement confiance en la démocratie, dès lors qu’il est convaincu qu’aucune personne ne peut violer impunément ses droits.

Ainsi, le respect des droits de l’homme, spécifiquement l’éradication de la torture et des mauvais traitements, crée un environnement de confiance propice au fonctionnement de la démocratie. Cette conviction a toujours guidé la mission dont nous sommes investies en tant qu’ONGs de défense des droits de l’homme : enquêter, mener des activités de plaidoyer et sensibiliser les populations afin de les tenir en éveil. Car comme le disait si bien Martin Luther King : ce qui fait le mal, « ce n’est pas la l’oppression des méchants [...], c’est le silence des bons ».


Par Paul Angaman, président de la Fédération internationale des ACAT (FIACAT)

Article issu du dossier « Démocratie : la tentation de la torture » du Humains n°05

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