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Vietnam
Actualité

Agressé par un codétenu, il est placé à l’isolement sans soins

A deux semaines de son procès en appel, Nguyen Ngoc Anh souffre de blessures à la jambe et à la tête après avoir été agressé physiquement par un codétenu. En guise de réponse, les autorités pénitentiaires l’ont placé à l’isolement et lui refusent des soins.
Nguyen-Ngoc-Anh - (c) Facebook An Duong Nguyen Phu

Le 11 octobre 2019, lorsque l’épouse de Nguyễn Ngọc Ánh lui a rendu visite au centre de détention de Binh Phu, elle s’est inquiétée de le voir marcher en traînant la jambe. Elle a également constaté qu’il présentait une ecchymose au cou et ne pouvait pas bouger son bras gauche normalement. Nguyen Ngoc Anh lui a dit avoir été agressé par son compagnon de cellule. À la mi-septembre, son codétenu lui avait donné un coup de pied par l’arrière avec une telle force que sa tête avait heurté le mur et qu’il s’était évanoui. Le prisonnier lui avait ensuite tordu le bras gauche et l’avait frappé à la tête ; il n’avait cessé que lorsque d’autres détenus étaient intervenus. Après l’agression, Nguyen Ngoc Anh a été transféré dans une cellule séparée mais aucun surveillant n’a confirmé l’enregistrement de la plainte qu’il a déposée. L’agresseur n’a pas été inquiété. En outre, la direction a rejeté la demande de soins médicaux d’Anh, alors qu’il a été grièvement blessé. Début septembre, Nguyen Ngoc Anh avait alerté son épouse sur les menaces et le harcèlement qu’il subissait sans relâche de la part de ses codétenus, sans que les autorités ne réagissent.

Depuis, l’audience en appel de Nguyen Ngoc Anh a été annoncée pour le 7 novembre 2019. Le 22 octobre, l’avocat engagé par Anh pour préparer son recours, Dang Dinh Manh, a reçu une convocation du tribunal populaire de Ho Chi Minh Ville. Jusque-là, ce dernier n’a pas été autorisé à rencontrer son client au centre de détention de Binh Phu. En première instance, Anh n’avait pas bénéficié de représentation légale.

Comme nombre de Vietnamiens, Nguyen Ngoc Anh, un éleveur de crevettes de 38 ans du Sud du Vietnam, avait pris l’habitude de partager sur Facebook ses commentaires sur l’actualité des questions sociales, politiques et environnementales de son pays. A cause de ses écrits, il a été arrêté le 30 août 2018 et placé en détention. Le 6 juin 2019, un tribunal provincial l’a condamné à six ans de prison pour ses publications « anti-Etat » en vertu de l’article 117 du Code pénal vietnamien (anciennement article 88), assortis de cinq ans d’assignation à résidence.

 

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Contexte

Les écrits en ligne de plus en plus criminalisés

En l’absence d’une presse indépendante, et dans un pays où la société civile est bâillonnée, Facebook constitue le dernier espace d’expression libre des Vietnamiens. Les défenseurs des droits humains, mais également les citoyens en général, y commentent l’actualité sociale, environnementale et politique, partagent des livestreams de manifestations ou des photos attestant des brutalités policières. Conscient du potentiel de mobilisation qu’offre la plateforme, le Vietnam a pris des mesures pour en contrôler les contenus. Le 1er janvier 2019 est entrée en vigueur la loi sur la cyber sécurité qui, sous couvert de lutte contre la cybercriminalité et au nom de la sécurité nationale, porte gravement atteinte à la liberté d’expression en ligne. Depuis quelques années, les publications Facebook apparaissent nommément dans les dossiers d’accusation de dissidents et sont utilisées pour délivrer des condamnations iniques.

Violation de la Convention contre la torture

Il est courant que des prisonniers de droit commun se voient offrir des réductions de sentences en échange d’intimidations voire de violences à l’encontre de prisonniers politiques, afin d’épuiser ces derniers et les forcer à plaider coupable. Ces actes de harcèlement physique et moral sont commandités par le personnel pénitentiaire afin de renforcer les conditions de stress intense auxquelles sont soumis les dissidents, en violation claire des textes vietnamiens et internationaux censés assurer le respect des droits des personnes détenues. Rappelons que la Convention contre la torture, ratifiée par le Vietnam en 2015, interdit tous les « actes constitutifs de peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants […] commis par un agent de la fonction publique ou toute autre personne agissant […] à son instigation ou avec son consentement exprès ou tacite. »

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