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Voyage en Afrique centrale : et les prisonniers d’opinion, monsieur Macron ?

Début mars, Emmanuel Macron sera en tournée au Gabon, en République du Congo et en République démocratique du Congo afin de rencontrer ses homologues. L’occasion de raffermir les liens diplomatiques entre la France et des partenaires... élus à l’issue de scrutins très contestés.
Emmanuel-Macron_by-Jacques-Paquier-CCBY20
Emmanuel Macron lors du Congrès des maires le 19 novembre 2019. © Photo Jacques Paquier / Flickr / CC BY 2.0
Le 15 / 02 / 2023

Emmanuel Macron s'envole pour une tournée au Gabon, en Angola, en République du Congo et en République démocratique du Congo (RDC). Il y rencontrera des partenaires importants. 

Des partenaires aux élections bien mal acquises

Au Gabon, en Angola, en République du Congo ou en République démocratique du Congo, le constat est malheureusement le même. Les scrutins qui ont élus les quatre chefs d’État que va rencontrer Emmanuel Macron ont manqué de transparence. Ils ont tous fait l’objet de vives contestations de la part de la société civile.

En cause ? Le respect des normes démocratiques de base.

« Au Gabon, au Congo et en RDC, des opposants et des membres de la société civile sont actuellement emprisonnés pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et critiqué l’absence de démocratie et d’État de droit. »

– Clément Boursin, responsable Programmes et plaidoyer Afrique de l’ACAT-France. 

L’ACAT-France se mobilise pour obtenir la libération rapide de Jean-Rémy Yama (président de Dynamique unitaire et membre de Tournons La Page au Gabon), de Jean-Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa (deux anciens candidats à l’élection présidentielle de mars 2016 en République du Congo) et de Mwasimo Ndungo King, membre membre de mouvement citoyen Lutte pour le changement (LUCHA) en RDC.

Et les prisonniers d’opinion ?

Gabon  / Jean-Rémy Yama

Jean-Rémy Yama, président de Dynamique unitaire – la plus importante coalition syndicale du Gabon – et membre actif de Tournons La Page (TLP-Gabon), est maintenu en détention provisoire à la prison centrale de Libreville. Il a été arrêté le 27 février 2022 pour une affaire de détournement de fonds publics. Pour ses avocats, sa détention n’a pas de justification judiciaire : il est un prisonnier politique, arbitrairement détenu.

« Il est à craindre que Jean-Rémy Yama fasse l’objet d’un harcèlement judicaire et ne soit détenu qu’en raison de ses activités de défense de la démocratie et de l’État de droit. »

– Clément Boursin, responsable Programmes et plaidoyer Afrique de l’ACAT-France. 

Depuis 2016, Dynamique unitaire et TLP-Gabon se mobilisent de manière continue et publique pour promouvoir une alternance politique démocratique au Gabon.

République du Congo / Jean-Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa

Jean-Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa sont deux anciens candidats à l’élection présidentielle de mars 2016. Pour avoir voulu prendre le pouvoir par les urnes au Congo, et mettre un terme au règne de Denis Sassou Nguesso et ses vingt-cinq années de présidence, ces deux opposants ont été arrêtés, respectivement le 16 juin 2016 et le 10 janvier 2017. À la suite de procès iniques, ils ont été condamnés à vingt ans de prison pour le premier et vingt ans de travaux forcés pour le second.

« Selon le Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies, les privations de liberté de Jean-Marie Michel Mokoko et d’André Okombi Salissa sont arbitraires. Depuis 2018, ce groupe d’experts internationaux appelle en vain à leur libération. »

– Clément Boursin, responsable Programmes et plaidoyer Afrique de l’ACAT-France. 

RDC / Mwasimo Ndungo King

Treize membres du mouvement citoyen Lutte pour le changement (LUCHA) avaient été arrêtés le 11 novembre 2021. Ils manifestaient pacifiquement pour dénoncer l’inefficacité de l’état de siège en vigueur en Ituri et au Nord-Kivu, et l’insécurité dans ces provinces, avant d'être libérés en août 2022.

Un quatorzième membre de la LUCHA sera ensuite poursuivi dans une autre affaire. Mwamisyo Ndungo King, toujours arbitrairement détenu depuis le 2 avril 2022. Le tribunal militaire de garnison de Goma le condamne, le 9 décembre 2022, à cinq ans de prison ferme pour « outrage à l’armée »

« Son tort : avoir exercé son droit à la liberté d’expression et avoir mis en cause l’efficacité de l'état de siège et les abus afférents à cette situation d’exception dans diverses publications sur les réseaux sociaux. »

– Clément Boursin, responsable Programmes et plaidoyer Afrique de l’ACAT-France. 

Une mobilisation exceptionnelle

« L’ACAT-France appelle le président de la République à exhorter ses homologues du Gabon, du Congo et de la République démocratique du Congo à libérer les prisonniers politiques et d’opinion. »

– Yves Rolland, président de l'ACAT-France. 

En rencontrant ses homologues lors de sa tournée en Afrique centrale, Emmanuel Macron représentera la France. Et un certain idéal de liberté. À votre tour, vous pouvez agir pour aider les prisonniers d’opinion !

Jean-Rémy Yama, Jean-Marie Michel Mokoko, André Okombi Salissa, Daniel Dimanja Dany, Archimède Ependa, Kasereka Liko Esai… Soyons nombreux à interpeller Emmanuel Macron pour qu’il ait en tête le nom de toutes ces personnes injustement détenues lorsqu’il va serrer la main de ses homologues sur place. Ces mêmes mains peuvent aussi libérer les prisonniers d’opinion !

Vous pouvez interpeller Emmanuel Macron directement sur Twitter, ou bien par mail via la page contact de l’Élysée en reproduisant ce modèle de lettre.

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